LA LIBERTÉ N° 16

Journal indépendant de tous les Djiboutiens de l'opposition.

Toutes les informations que le régime dictatorial
de M. Guelleh cherche à cacher.

SOMMAIRE N° 16 du 9 au 15 janvier 2000
- Appel à la France pour qu'elle porte assistance à Me AREF,
en lui fournissant les moyens de quitter Djibouti.
- Inquiétude des diplomates français après l'accord de défense djibouto-ethiopien
- Situation tragique dans le Nord pour les populations victimes du blocus alimentaire et d'une curieuse épidémie : APPEL URGENT AUX ONG.
- LDDH : APPEL POUR LA PAIX
- M. GUELLEH serait impliqué directement dans l'assassinat du juge BORREL

9/01 : LETTRE OUVERTE à M. Lionel JOSPIN - Premier Ministre de la France - pour demander à la France d'apporter aide et assistance à Me AREF, afin qu'il puisse quitter librement le territoire de Djibouti. 20/12 : LDDH - SITUATION TRAGIQUE POUR LES POPULATIONS CIVILES DANS LE NORD, VICTIMES DU BLOCUS ALIMENTAIRE.
09/01 : Les diplomates français sont-ils inquiets de l'accord militaire djibouto-ethiopien ?
08/01 : Discours de M Aden ROBLEH AWALEH, président du PND, à l'occasion de la fête de l'Aïd-El-Fitr.

12/01 : LE FIGARO : D'après un militaire djiboutien réfugié en Belgique, le juge BORREL aurait pu avoir été exécuté sur ordre de M. GUELLEH. Parmi les exécuteurs se trouveraient le soi-disant terroriste (attentat du café de Paris) censé être encore en Prison.

13/01 : Le président de l'UIDH signe la lettre ouverte adressée à M. Lionel JOSPIN. Il rappelle l'importance de l'UIDH en AFRIQUE et dans LE MONDE

14/01 : LE MONDE

Un témoin met en cause
le président de la République de Djibouti (I.O. GUELLEH)
dans la mort du juge français Bernard Borrel

14/01 : La France peut-elle encore continuer à soutenir un régime qui viole les Droits de l'Homme et qui tue nos juges, sans en devenir complice ? 14/01 : La liste des signataires de la Lettre ouverte à Monsieur Lionel JOSPIN, pour demander une intervention de la France en faveur de Maître AREF s'enrichit tous les jours de nouvelles signatures de personnalités de premier plan.
14/01 : Affaire de l'assassinat du juge BORREL. L'Ambassadeur de Djibouti en France déclare le plus sérieusement du monde sur TF1, "qu'un petit groupe de français est à l'origine de la déclaration du témoin djiboutien, réfugié en Belgique !!!"  
NOUVELLES BRÈVES
et revue de presse
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COURRIER DES LECTEURS
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le contenu intégral des lettres qui nous sont adressées.
Pour éviter toute polémique nous avons volontairement choisi de ne pas répondre aux critiques.

Nous publierons en revanche les messages des lecteurs qui souhaitent répondre.
L'ARDHD n'assume aucune responsabilité quant au contenu des messages de cette rubrique.
L'ARDHD rappelle qu'elle ne soutient aucune action politique, ni aucun parti
et qu'elle milite exclusivement faveur de la paix et des Droits de l'Homme

 

Dear M Aref Mohamed Aref,

Please receive my admiration for your understanding work for human rights in spite of great difficulties. I hope you will have strengh enough to continue your important task. I know that you have the courage.

At the 1999 meeting of Amnesty International, Swedish section, your efforts were greatly appreciated and acknowledged in the statement sent out to the swedish media

Kind regards,

Anne Bäckstrom

CC Président : Son excellence Monsieur Ismaël Omar Guelleh

13 december 1999

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LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LIONEL JOSPIN,
PREMIER MINISTRE
SUR LA SITUATION D'UN FRANÇAIS
EN RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI.



A Monsieur Lionel JOSPIN
Premier Ministre
Premier Ministre
Paris 7ème

Paris le 9 janvier 2000

Par fax au 01-45-44-15-72

 

Monsieur le Premier Ministre,

Cette nouvelle année qui s'ouvre sur de grands espoirs pour la France et pour l'humanité tout entière connaît déjà des ombres qui noircissent l'horizon des libertés que nous défendons tous, ici et ailleurs.

Les soussignés sont contraints, en ce mois de janvier 2000, d'en appeler à votre haute autorité pour régler de la meilleure manière le sort d'un Français, opprimé et menacé, dans sa liberté et dans sa vie, se trouvant actuellement en République de Djibouti.

Me AREF MOHAMED AREF, avocat au barreau de Djibouti, militant des droits de l'homme, consultant pour de nombreuses organisations internationales, a le désavantage d'être Français et Djiboutien.

En d'autres temps, le seul fait d'être Français lui aurait sauvé la vie, lui aurait procuré les sauf-conduits nécessaires pour trouver aide et assistance auprès des autorités de notre pays en poste à Djibouti.

Actuellement, il semble que la possession de ces deux passeports soient pour lui et les siens une épreuve supplémentaire à surmonter.

Les déboires graves qu'ils rencontrent à Djibouti, du seul fait de son engagement en faveur de la liberté, de la paix et du progrès, l'ont conduit à demander à la France à bénéficier de sa protection indispensable à sa survie et de l'aider à sortir du pays pour rejoindre la France.

Plusieurs fois menacé et agressé par les sicaires du régime tyrannique en place soutenu par la France, Me AREF, privé de profession, incarcéré et condamné dans le cadre de nombreux procès iniques où ses avocats français, privés de visas, n'ont pas été autorisés à exercer les droits les plus élémentaires de la défense, voit ses jours exposés à la persécution du pouvoir.

Il a donc formulé officiellement sa demande de rapatriement à l'occasion d'une rencontre organisée à l'ambassade de France à Djibouti: en qualité de Français, il ne demande pas l'asile à la France mais il demande à son pays de lui assurer aide et protection comme toute démocratie est tenue de le faire envers ses ressortissants. Nous rappelons que Me AREF a effectué ses études secondaires en France, comme enfant de troupe à Autun, puis de Droit à l'Université de Strasbourg. Il descend en ligne directe d'Aboubaker PACHA qui a concédé le territoire de Djibouti à la France au siècle dernier.

Me AREF est retenu contre son gré en République de Djibouti et il demande vainement depuis des mois l'aide de la France pour regagner le pays dont il est le citoyen.

Nous constatons que Djibouti ne se conforme pas a l'Article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (parmi d'autres Articles) qui stipule que "Toute personne a le droit de quitter son pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays."

En plus, la France, en tant que signataire du Pacte International Relatif aux Droits Civils et Politiques, a l'obligation " de garantir à tous les individus se trouvant sur son territoire et relevant de sa compétence [ses ressortissants] les droits reconnus dans le présent Pacte..." (Article 2). L'Article 12 du Pacte garantit que "toute personne est libre de quitter n'importe quel pays, y compris le sien."

Les autorités de notre pays sont au courant de cette situation : des lettres ont été adressées par de nombreuses Associations à tous les ministères concernés ( Justice, Coopération, Affaires étrangères..) ainsi qu'à à vos propres services.

Des appels ont été lancés au Conseil de l'Europe, au Fonds Monétaire International, au Parlement Européen, à l'Assemblée Nationale Française etc...

Ces hautes instances politiques ont condamné la situation par des délibérations officielles : Parlement Européen, Groupe parlementaire France-Djibouti, Parti Socialiste Français...

Aujourd'hui, cette violation flagrante du droit se poursuit et les organisations signataires de cette lettre se tournent vers vous pour obtenir une réponse à cette question : pourquoi la France refuse sa protection et son assistance à un ressortissant français défenseur des droits de la personne humaine, désireux de revenir sur le territoire national ?

Monsieur le Premier Ministre, nous sommes encore pleins d'espérance et attendons avec détermination de vous lire ou de vous rencontrer pour connaître les solutions préconisées pour aider notre compatriote et notre ami.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de notre considération distinguée.


Pour toutes informations :


Roger-Vincent Calatayud
Avocat à la Cour
20, rue Brauhauban
F-65000 Tarbes
tél.: 00 33 (0) 5 62 34 10 83
fax.: 00 33 (0) 5 62 51 39 09
courriel: rv.calatayud@wanadoo.fr


Jean-Loup SCHAAL
ARDHD : 84 rue Saint-Louis en l'Ile
F - 75004 PARIS
Tél : 00 33 (0) 1 46 34 70 70
Fax : 00 33 (0) 1 46 34 25 93
Courriel : jlschaal@ardhd.org

Liste des signataires à ce jour

Robert O. VARENIK
Director of Protection
Lawyers Committee for Human Rights


Jean GUION
Président de l'Alliance Francophone
Président des Clubs Justice et Liberté


François-Xavier VERSCHAVE
Président
SURVIE


Gilles Martinet
Ambassadeur de France


André BARTHELEMY
Président
Agir Ensemble Pour Les Droits De L'homme


Bruno-Marie DUFFEE
Directeur
Institut des Droits de l'Homme de l'Université Catholique de Lyon.


Xavier-Jean KEITA
Président
Fédération National des Unions de Jeunes Avocats de France
(F.N.U.J.A.)


Halidou OUEDRAOGO
Président
UIDH


Gérard LACORDE
Vice-Président
SOS AFRICA


Djimadoum LEY-NGARDIGAL
Secrétaire Général
ACTUS - Action Tchadienne pour l'Unité et le Socialisme


Jean-Prosper BOULADA
Coordonnateur
Front Uni pour une Alternance Démocratique a
u Tchad (FU/ADT)

Delphine KEMNELOUM
Militante pour le respect des droits de l'homme.
Association pour la promotion et la défense des droits de l'homme (ATPDH) à N'Djaména (Tchad).


 


Me Roger-Vincent CALATAYUD
Président
A.F.A.D.D., (Association Française Des Amis Des Démocrates De Djibouti)

Jean-Loup SCHAAL
Président
A.R.D.H.D., (Association Pour Le Respect Des Droits De L'homme à Djibouti)


Yasmine BOUDJENAH
Député au Parlement Européen


Saida BARREH
Représentante du PND en Europe et en France


Me Anne MONSEU
Avocat
Administrateur d'Avocats Sans Frontières


Stéphane HESSEL
Ambassadeur de France


Me Bertrand FAVREAU
Président de l'I.D.H.B.B.,(Institut Des Droits De L'homme Du Barreau De Bordeaux)
Président du Comité des Droits de l'Homme de l'Union des Avocats Européens (U.A.E.)


Ngarlejy YORONGAR
Député Fédéraliste ,
Assemblée Nationale du Tchad
Fondation pour le respect des Lois et des Libertés-FORELLI-
Directeur de publication de La Roue et du Phare Républicain
Coordonateur Exécutif Fédéral du FAR/PARTI FEDERATION




Patrick FALCOU
Syndicaliste CFDT

Jean-François HEURTEUX
Fonctionnaire DGAC
Nouméa


Geneviève WALTER

 

Vous pouvez vous joindre à la liste des signataires en nous envoyant un E-Mail
jlschaal@ardhd.org et en indiquant vos prénom et nom, votre fonction et le cas échéant, le nom de l'Association pour laquelle vous intervenez.

 

NOTE de l'ARDHD :


Me Mohamed AREF, défenseur reconnu des Droits de l'Homme à Djibouti et dans le monde est victime des harcèlements permanents de la police et des autorités djiboutiennes.


Il a été emprisonné deux fois :

  • en 1991, il a effectué deux ans de prison dans des conditions épouvantables : incarcéré dans un fortin militaire en plein désert, avant d'être reconnu non-coupable par la cour d'assises
  • en 1999, il a été incarcéré pendant trois mois, à l'issue d'un procès "soi-disant en escroquerie" monté de toutes pièces - Ex. : le soit-disant plaignant n'avait même pas porté plainte et il n'y a eu aucune constitution de parties civiles, Me Monseu d'Avocats Sans Frontières n'a pas été autorisée à plaider, etc...

Le Barreau de Djibouti, qui a perdu toute son indépendance l'a radié à vie du barreau et le Président dictateur M GUELLEH lui a retiré son passeport djiboutien, en contradiction avec la déclaration des Droits de l'Homme.

Depuis plusieurs mois, la maison de Me AREF est cernée par la Police. Il ne peut pas se déplacer sans être suivie par une ou deux voitures de la police spéciale de M. Guelleh.

Plus grave, il a été victime de deux tentatives de meurtre à l'arme blanche. L'une à son bureau, l'autre chez son coiffeur. Il n'a échappé à la mort que de justesse ... Depuis il n'ose plus sortir de chez lui, sauf la journée et en se faisant accompagner par des amis "proches" et vigilants.

Bénéficiant de la double nationalité, il demande simplement depuis deux mois aux autorités françaises d'assurer sa sécurité et d'organiser son rapatriement en France. "L'indécision" des responsables de la diplomatie française nous contraignent à porter cette affaire sur la place publique, car il y a véritablement urgence.

Maître AREF a reçu des menaces de mort. Il a échappé à deux attentats et il est en danger à Djibouti.

Rappelons que Me AREF est un ardent défenseur des Droits de l'Homme à Djibouti et dans le Monde. Il est vice-président de l'UIDH pour l'Afrique de l'est. Il a été chargé par Amnesty International de représenter l'Association lors de la Conférence de Rome en 1998 pour la création de la Cour Pénale Internationale ...





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BRUITS ET RUMEURS

Il semble que les diplomates français en poste à Djibouti soient très gênés, voir même inquiets de l'accord d'assistance militaire qui a été signé en décembre 99 entre les Djiboutiens et les Éthiopiens.

Cet accord représente un revers diplomatique grave pour la France, qui assumait traditionnellement la protection de la République de Djibouti, aux termes d'un accord signé au moment de l'Indépendance. De plus ce nouveau traité officialise la présence de militaires Éthiopiens. sur le sol djiboutien. Cela pose un problème important pour les militaires français et pour leurs actions ... Quels sont les ordres donnés par le chef d'Etat-Major en cas de rencontre / de confrontation avec des militaires éthiopiens sur le terrain ?

De plus cet accord peut conduire à terme vers une intégration progressive de Djibouti dans l'Éthiopie. Cela explique peut-être l'inquiétude des responsables français. Est-ce le souhait de M. Guelleh, natif d'Éthiopie, que de conduire Djibouti dans la fédération éthiopienne ??

Jusqu'à présent, la France et sa force étaient seuls garants de l'indépendance de Djibouti. Qu'en sera-t-il dans les prochaines semaines, dans les prochaines années, lorsque l'Éthiopie. réclamera une juste compensation pour l'aide qu'elle a apportée au régime dictatorial, en particulier dans sa lutte honteuse contre les résistants du FRUD dans le Nord.

Le Somaliland aurait fermé ses portes et ses frontières à M. Guelleh. Il est vrai que le Président-dictateur doit se sentir bien isolé actuellement.

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Monsieur GUELLEH commence-t-il a avoir véritablement peur ?

Des informations provenant de sources généralement bien informées feraient état d'un sentiment d'inquiétude très prononcé au sein de l'entourage de M. Guelleh. Il y aurait plusieurs raisons à cela :

  • l'avenir économique de Djibouti qui est très compromis : même la gestion quotidienne est quasi impossible (retards de paiement des salaires, etc.) et la possible application de sanctions économiques (la commission mixte s'est déroulée dans un climat difficile pour la partie djiboutienne, la France, exigeant, sous la pression des Associations et des Députés, des garanties plus importantes qu'à l'accoutumée en terme de Respect des Droits de l'Homme et de normalisation du système judiciaire), renégociation des accords de Lomé, etc...
  • les nombreuses condamnations du Parlement Européen, d'Amnesty International, de la FIDH,
  • les possibles sanctions pénales qui pourraient être déclenchées pour crimes contre l'humanité et pour détournement des fonds djiboutiens et de l'aide internationale ...
  • la révolte que l'on sentirait monter au sein de la population ...
  • les rebondissements de l'affaire de l'assassinat du juge BORREL où il serait directement mis en cause (Cf LE FIGARO)

Tous les observateurs noteraient un regain de tension dans l'entourage du Président, ce qui expliquerait l'accord de défense "contre-nature" signé avec l'Éthiopie. et qui mettrait en évidence un manque de confiance dans le partenaire français, pourtant grand pourvoyeur de subventions.

Les nombreuses prises de position internationales contre le régime dictatorial, la communication qui s'amplifie dans les différents médias et l'impact de LA LIBERTÉ, irriteraient M. Guelleh. C'est la raison pour laquelle il a confié à l'un de ses proches (parents) la création d'une agence de communication, grâce à laquelle il peut s'exprimer de façon anonyme.

Cette "agence", constituée en fait d'une personne et de quelques amis, manque de moyens matériels et surtout de moyens intellectuels ; elle essaye de redorer l'image de M. Guelleh en attaquant d'autres informateurs et acteurs de façon trop caricaturale pour être crédible. Le manque de moyens intellectuels se manifeste particulièrement sur trois points :

  • une absence de propositions concrètes - on ne peut pas récupérer une image de marque en tentant de prouver que les autres font encore pire - déplacer le sujet est une technique qui a rarement donnée des effets positifs, car elle consiste à prendre les lecteurs pour des "sots" alors qu'ils savent très bien évaluer les faits et se faire leur opinion ...
  • une absence de preuves et de résultats - on annonce des "scoop" et des listes de diffusion en imitant le style de communication cryptocommuniste des années 60 et dans les faits la montagne accouche d'une souris : aucune des informations n'est relayée par les médias.
  • un manque de discernement - on attaque un texte que l'on attribue à un groupe restreint de personnes. On a simplement oublié de vérifier le nombre et la qualité des signataires. Ces derniers sont donc attaqués au même titre, ce qui les renforcent dans leur solidarité : ainsi en pensant "faire bien", on multiplie les pôles de contestation et d'expression.

Il est vrai que la tâche confiée par M. Guelleh à ces personnes inexpérimentées n'est pas facile et qu'il est bien difficile de défendre l'image de marque d'une personnalité sur laquelle pourrait reposer des présomptions d'assassinat. Dans un tel contexte, tous les moyens peuvent paraître "bons" sur le moment.

Ces manoeuvres maladroites confirmeraient-elles l'inquiétude au sein du pouvoir djiboutien et la fébrilité de ses dirigeants ?

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D'après l'Ambassadeur de Djibouti en France, un groupe de Français aurait pratiquement forcé le militaire djiboutien réfugié à Bruxelles, à révéler les faits concernant l'assassinat du juge BORREL.

L'Ambassadeur de Djibouti en France s'exprimait sur TF1, dans le cadre de la mise en cause de son Président dans l'assassinat du juge BORREL. "Il aurait annoncé, avec le plus grand sérieux, qu'un groupe de français aurait pu forcer ce militaire djiboutien réfugié en Belgique à effectuer les déclarations qui mettent directement en cause M. Guelleh. Ces Français n'aimeraient pas M. Guelleh, ni les djiboutiens et feraient tout pour remettre en cause la stabilité du régime".

Ces déclarations sont tragiques. Si la situation n'était pas aussi grave, elles nous auraient fait rire. Qui imaginerait que notre association lutte contre le peuple djiboutien ?

M. Guelleh et son entourage sont pris de panique : ils n'ont plus d'arguments à opposer à la vérité qui commence à éclater. Ils utilisent n'importe quelle parade pour essayer de conserver le pouvoir - peut-être le temps de mettre des fonds à l'abri dans des banques discrètes -.

Les signes de la fin du régime sont de plus en plus perceptibles ...

 

 

08/01


PND
PARTI NATIONAL DÉMOCRATIQUE
------------
LIBERTÉ - RESPONSABILITÉ - SOLIDARITÉ

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B.P : 10204
Tel : 34 21 94
Adresse internet : awaleh@intnet.dj
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DJIBOUTI
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Discours de M. ADEN ROBLEH AWALEH,
Président du Parti National Démocratique (PND),
à l'occasion de la fête du Ramadan
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Militants, militantes,
Chers frères et sœurs,

Nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer la fin du mois béni du Ramadan, c'est-à-dire l'Aïd-El-Fitr. Comme vous le savez, c'est une des grandes occasions qui permettent aux militants de notre parti de se retrouver afin de faire le point sur l'état de notre pays et de nous livrer à une large et profonde réflexion sur notre action. Prions Dieu, le Tout Puissant d'exaucer nos vœux.

Nos voeux les plus chers c'est de voir notre chère patrie vivre dans la paix et la concorde. Nous, membres du Parti National Démocratique, sommes profondément convaincus que ce but ne peut être atteint que si notre pays choisit la voie de la démocratie. Nous avons raison, il s'agit là d'une vérité incontournable. La démocratie est l'unique voie permettant à une nation de connaître une paix durable et un développement harmonieux.

Malheureusement, ceux qui dirigent notre pays depuis son accession à la souveraineté fuient la démocratie comme la peste et cela contrairement aux autres pays africains. Depuis la dernière élection présidentielle notre pays est carrément revenu au système de parti unique en stoppant net la timide ouverture politique qui a vu le jour en 1992. Aucun parti politique d'opposition n'est reconnu aujourd'hui. De même, tout syndicat et toute association indépendants sont bannis. La constitution de 1992 qui avait consacré l'ouverture politique dont je viens de parler est tout simplement foulé aux pieds. Il faut dire les choses telles qu'elle sont : nos dirigeants sont les seuls au monde à croire dur comme fer que le pluralisme politique est une " aberration " qu'il faut condamner de manière sans appel. Nous sommes le seul pays africain où l'opposition n'est pas représentée au parlement. Nous sommes le seul pays au monde qui ne connaît pas la décentralisation. En un mot notre pays vit réellement hors du temps. Nous subissons depuis notre indépendance tous les maux inhérents à ce système diabolique que l'on appelle le parti unique. Ces maux sont :

- des élections préfabriquées ;
- les emprisonnements arbitraires et les procès politiques ;
- l'existence d'une véritable police politique dont le rôle est de " mâter " les opposants ;
- existence d'une justice aux ordres de l'exécutif ;
- division du peuple en communautés antagonistes ;
- utilisation des services administratifs comme moyens de pression contre les opposants ;
- licenciement pour cause d'opposition qu'il s'agisse de l'administration publique ou du secteur privé ;
- le clientélisme ;
- la corruption généralisée ;
- le détournements des deniers publics.
- Les passe-droit ;
- le mensonge, la dissimulation ;
- l'incompétence, la démotivation des cadres honnêtes
- la disparition de toute notion d'intérêt général.

Où est la bonne gouvernance dans ces conditions ?

Le système de parti unique est, par définition, un système qui exclut la participation du peuple aux affaires du pays, tout en bannissant, par ailleurs, toute forme de contre-pouvoir. Parti unique, syndicat unique, radio-télévision unique, journal unique, tels sont ses fondements. Le pouvoir se concentre tout en haut de la pyramide : il s'identifie en la personne de celui qui fait office de chef d'État. Ce dernier n'a confiance qu'à sa tribu. C'est ainsi que l'Administration, la police, L'Armée, les médias, les établissements publics et certains secteurs économiques essentiels, demeurent sous le contrôle de sa tribu. C'est ce qui se passe exactement chez nous.

Ce système est adulé par des personnes ayant un trait de caractère mental et psychologique particulier ; ce sont des personnes qui compensent les complexes inhérents à leur nature par le pouvoir. Certaines d'entre elles aiment être craintes. Pour d'autres, il leur permet d'assouvir leur besoin matériel insatiable. D'autres enfin, tirent du pouvoir la considération dont elles pensent ne pas trouver ailleurs qu'au pouvoir.

Ces personnes ne supportent aucune contradiction. Le parlement, la justice ne sont que des faire-valoir.

Dans le système de parti unique le pouvoir de celui qui fait office de Chef d'État. est sans limite. Il ne s'interdit aucune action, même celles qui apparaissent les plus invraisemblables. Toutes les caprices sont permises. Chez nous, le régime d'ISMAÏL OMAR a surprit plus Dun djiboutien en mettant en circulation des billets de banque à l'effigie de son oncle HASSAN GOULED APTIDON faisant ainsi fi de l'esprit très républicain des habitants de ce pays. L'initiative la plus malheureuse du régime de M. ISMAÏL OMAR GUELLEH, est d'avoir signé un accord militaire de défense liant notre pays et l'Éthiopie. Voici le texte de cet accord.. Il s'agit de la version anglaise étant donné que nous n'avons pas encore la version française :

TEXTE DE L'ACCORD
DE COOPÉRATION MILITAIRE DJIBOUTO-ETHIOPIEN

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Protocol on Milatary Co-operation between
The Federal Democratic Republic of Ethiopia
And
The Government of the Republic of Djibouti

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The government of the Federal Democratic Republic of Ethiopia and the Government of the Republic of Djibouti (hereinafter refered to as the Contracting Parties)

Reaffirming their faith in the purposes and principles of the Charter of the United Nations and being determined to foster African Unity in the spirit of the Charter of the Organization of African Unity.

Recognizing the long-standing and friendly relations between two countries.

Desirous to further strengthening the close and fraternal ties of friendship between them on the basis of sovereign equlity and murual interest.

Bearing in mind the importance of maintaining and lengthenind lasting peace and stability in the Horn of Africa.

Rased on their common interest to promote the urgent need of cooperation in the military field.

Mindful of the Agreement between the Transitional Government of Ethiopia and the Government of Djibouti on Friendship and Cooperation signed on November 6, 1991.

Have agreed to conclude military cooperation based on the Principe of sovereign equality as follows :

Article 1 : The contracting Parties agree to consult each other and coopererate on the military and defense matters aimed at to further strengthening the overall friendly relations existing between their two countries.

Article 2 : The Contracting Parties undertake, upon request by either side, to provide in the form of the aid or on commercial basis, assitance to each other in the following logistical fields :
- maintenance, supply of spare parts and equipment for their air forces,
- supply of spare parts like pneumatic, batteries of troups

Article 8 : The Contracting Parties agree to constantly review progress made on the implementation of the present Protocol with a views to attaining their desire to conclude mutual defense agreement in the forescable future.

Article 9 : This Protocol shall come into force upon signature and shall be valid for an indefinite duration and may be terminated by either side at anytime by giving a 6 month notice.

Done in the city of Addis Abada this 2nd day of December, 1999 in the English and French languages both texts being equally authentic.


For the Government
of the Republic of Djibouti

For the Government of the Federal
Democratic Republic of Ethiopia

Personnellement, je suis le moins surpris par cette nouvelle donne. Ne suis-je pas le seul et le premier à avoir fait état des relations coupables existant entre M. ISMAÏL OMAR et les dirigeants éthiopiens ? Souvenez-vous, c'était au mois d'octobre 1999, au moment où M. ISMAÏL OMAR se propulsait candidat à la présidence de la république. A dire vrai, je n'avais jamais pensé, au fond de moi-même, qu'ISMAÏL OMAR GUELLEH oserait franchir un pas aussi invraisemblable. Je suis donc terrassé autant que vous par cette nouvelle.

Militants, militantes,
Chers frères et Soeurs,

Il ne faut pas prendre cette nouvelle à la légère. C'est une affaire très très dangereuse pour notre pays. Il s'agit d'un accord visant à mettre un terme à notre souveraineté si chèrement acquise. C'est un engagement qui poussera notre pays dans le conflit Ethio-Erythréen.

Qu'est-ce qui a poussé M. ISMAÏL OMAR à commettre un acte d'une telle énormité ? C'est la question qui vient à l'esprit de toute personne sensée.

Selon moi, c'est l'amour incompressible de M. ISMAÏL OMAR pour le pouvoir qui justifie cet accord de défense. Il veut assurer la longévité de son pouvoir sous la protection de L'Armée éthiopienne. Il pense ainsi conjurer tout soulèvement populaire national dont le prélude lui semble les combattants du FRUD. Il veut régner plusieurs dizaines d'années, autrement dit il ne veut pas passer le reste de sa vie ailleurs qu'au pouvoir. C'est ce que raconte ses proches. M. ISMAÏL OMAR n'a plus confiance à la base militaire française. Il sait que le temps est révolu où la France assurait le rôle de garde prétorienne des dictateurs africains.

Il va sans dire qu'en agissant de la sorte M. ISMAÏL OMAR fait passer ses intérêts personnels avant l'intérêt national. Il doit savoir qu'il risque de rendre possible la réalisation du rêve millénaire de la caste Tigréo-Amharique qui règne sans partage sur l'Éthiopie depuis la nuit des temps. Ce rêve, tout le monde le sait, consistait à mettre la main sur un port de la mer rouge. Le roitelet Haîlé Sélassié n'avait ménagé aucun effort pour s'emparer de notre pays. Se rendant compte de la vanité de ses efforts il n'avait pas trouvé mieux que de se faire le chantre du colonialisme français à Djibouti. Échec là aussi car notre pays est devenu indépendant en 1977, grâce à la lutte glorieuse de notre peuple. Haîlé Sélassié avait réussi tout de même à retarder l'échéance de l'indépendance qui n'a pu intervenir que dix-sept ans après les indépendances africaines. Aujourd'hui c'est le Tigréen Melassé Zenawi qui repasse à l'attaque. Personnellement, je n'ai pas de doute que ce dernier essuiera le même échec que son prédécesseur. Mélassé doit savoir que le sort du peuple djiboutien ne dépend pas d'une ou de quelques personnes. Rien ne vaut mieux pour son pays que de rechercher une amitié sincère et loyale avec notre peuple plutôt que de nourrir une chimérique mainmise sur notre pays. L'erreur monumentale qu'avait commise Haîlé Sélassié en 1958 avec l'Erythrée devrait servir de leçon.

Ce qui est troublant ce n'est pas le rêve des Tigréo-Amharique (on ne peut empêcher quelqu'un de rêver) mais le fait que des gens censés être des nôtres puissent faire le lit de ces convoitises. Il me semble que les gens qui font le jeu de l'Éthiopie ont la mémoire courte. Comment oublient-ils la tragédie de la ville d'Aîcha'a où L'Armée d'Haîlé Sélassié avait massacré 900 personnes dont des enfants et des femmes sans défense et pour le seul motif qu'elles appartenaient à l'ethnie somali-Issa, autrement dit nos frères de sang ? Ces pauvres gens étaient exécutés froidement dans les mosquées, devant et dans leurs maisons et leurs épiceries. Un vrai génocide ! C'était en 1962. J'étais jeune à l'époque ; je me souviens que j'étais saisi d'un malaise si profond à tel point que j'avais perdu le sommeil durant plusieurs jours. Cet épisode tragique m'a marqué pour la vie. De tels actes on peut les pardonner mais on ne peut les oublier ! Ce que je viens de raconter fait partie de notre histoire. Un peuple sans Histoire est un peuple sans âme.

On ne peut pas dire que le pouvoir tigréen qui dirige actuellement l'Éthiopie cultive l'amitié du peuple djiboutien. Comment expliquer que tous les exilés politiques djiboutiens qui cherchent refuge dans ce pays soient illico extradés vers Djibouti (Kadhami et ses compagnons) ou jetés en prison comme AMIR ADAWEH et cinq autres djiboutiens ? Il semble que AMIR ADAWEH soit gravement malade à la suite d'une blessure par balle tirée sur lui froidement et à bout portant par ses geôliers. Aucune visite ne lui est permise y compris ses propres parents.

L'idée que les djiboutiens se font de l'Éthiopie est loin d'être reluisante. l'Éthiopie est considérée comme un pays où la vie humaine n'a aucune valeur. La notion des droits humains est quasiment inconnue. Depuis toujours, toute forme de contestation est considérée comme un crime. Les prisons éthiopiennes ne sont que des trous d'où on n'a aucune chance d'en sortir sauf si on est riche ou célèbre. Le prisonnier n'a pratiquement pas de dossier. 90 % des habitants vivent dans une misère sans nom. Des maladies telle que la lèpre aujourd'hui disparues du reste de la planète y font encore des ravages. Comparé à l'Éthiopie, Djibouti apparaît comme un pays très avancé. C'est cette Ethiopie qui rêve d'emmener la République de Djibouti dans son giron. Avant d'inviter d'autres peuples les Tigréo-Amharique devraient se soucier du bien-être de leurs propres concitoyens. La nature du pouvoir Tigréo-Amharique est connue. Il n'est un secret pour personne que ce clan a toujours exercé une domination de type coloniale sur les autres groupes ethniques de l'Éthiopie

Tous les patriotes djiboutiens dignes de ce nom doivent combattre cet accord militaire avec la dernière énergie. Les premiers à le rejeter doivent être ceux qui sont censés assumer le rôle de la représentation nationale, je veux parler des membres de l'Assemblée Nationale. Si ces derniers ne se prononce pas contre cet accord il faut qu'ils sachent qu'ils rendront des comptes devant l'Histoire et devant la Nation Djiboutienne. Notre pays doit demeurer un pays neutre à l'instar de l'Autriche et de la Suisse. Nous ne devons conclure aucun accord politico-militaire avec les pays qui nous entourent à savoir l'Éthiopie, la Somalie ou l'Erythrée. Notre coopération avec nos voisins doit être fondée sur la devise suivante : commerce et économie OUI, accord politique NON !

Cet accord doit être non seulement dénoncé à l'intérieur de notre pays mais aussi auprès des instances suivantes : la Ligue Arabe, l'OUA et les grandes puissances. Nous devons expliquer l'attachement profond de notre peuple à une neutralité sans faille et ce compte tenu de la spécificité géographique, politique et ethnique de notre pays.

L'Opposition Djiboutienne Unifiée appellera à un des grands rassemblements de protestation. Un de ces rassemblements aura lieu à la grande place se trouvant devant le nouveau stade. Ce lieu est hautement symbolique car c'est là que notre drapeau a été hissé, le 27 Juin 1977, à minuit. Le Parti National Démocratique mobilisera ses militants et militantes comme il n'en a jamais fait car il s'agit de sauver la patrie.

Nous lançons un vibrant appel à toutes les composantes de la Nation, qu'elles soient somalis, afars ou arabes pour rendre caduque cet accord inacceptable. Personne ne doit accepter cet accord y compris ceux et celles qui avaient apporté leur soutien à ISMAÏL OMAR pour d'autres raisons. Il faut savoir que cet accord n'est ni plus ni moins qu'un acte de trahison.

Que pense la France de l'accord militaire en question. Il s'agit là d'une question pertinente. Comme on le sait, la France maintient dans notre pays la plus grande base militaire qui soit située en dehors de son sol. Y a-t-il de la place pour deux caïmans dans un marigo ? A mon avis elle ne doit pas être indifférente à une telle situation. Elle doit donc réagir car son sentiment est attendue par beaucoup de djiboutiens. Pour les djiboutiens, la base militaire française ne pose aucun problème étant donné que ce pays est membre permanent du Conseil de Sécurité et qu'il est étranger aux querelles " domestiques " de la région. La France s'était engagée de garantir la sécurité extérieure de Djibouti. Il n'est pas besoin d'être un expert politique pour comprendre que la souveraineté de Djibouti sera mise à mal par la venue de L'Armée éthiopienne sur son sol. Il ne peut y avoir un accord politico-militaire équitable entre ce vaste pays de soixante millions d'habitants qu'est l'Éthiopie et le petit Djibouti d'à peine six cent mille âmes. De plus, cet accord extrêmement lourd de conséquences est conclu sans le consentement du peuple djiboutien. La France se doit de tirer les conséquences.

Je voudrais dire un mot sur le projet somalien de M. ISMAÏL OMAR.

Beaucoup de bruits ont été faits sur ce projet qui consiste, selon M. ISMAÏL OMAR, à " aider les somaliens à sortir de la tragédie qui les étreignent ".

Je dois dire, qu'à première vue, ce projet m'avait séduit. Hélas, je me suis, très vite, rendu compte que les promoteurs de ce projet n'avaient d'autre but que de se servir de cette cause comme une opération publicitaire. Le régime djiboutien n'a pas mis toute la sincérité requise dans ce projet. Comment gagner la confiance des somaliens alors que notre pays ne dénonce pas l'occupation d'une portion du territoire somalien par l'Éthiopie ? Peut-on gagner la confiance des somaliens en signant un accord de défense militaire avec l'Éthiopie qu'ils considèrent comme leur ennemi de toujours ? Comme par hasard, les médias d'Etat ont passé sous silence les liens de sang qui nous unissent au peuple somalien. Tout se passe comme si nous étions obligés de renier notre identité ethnique. Il est impensable que les médias d'Etat présentent les somaliens comme de simples voisins alors qu'ils se creusent les méninges pour inventer de pseudo relations historiques et culturelles avec l'Éthiopie

Les djiboutiens ont une dette à honorer à l'égard de la République de Somalie. Il faut savoir que sans elle notre pays ne serait pas indépendant. Ils n'ont ménagé aucun effort pour que notre peuple recouvre sa dignité.

Militantes, militants,
chers frères et sœurs,

Notre parti est un grand parti. Personne ne doit ignorer cette vérité. Notre combat est juste et noble. Il ne cessera que lorsque la démocratie deviendra une réalité dans notre pays. Un patriote digne de ce nom ne peut ne pas réagir lorsque son pays est en perdition. Sauver son pays c'est se sauver soi-même.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Fait à Djibouti, le 8 Janvier 2000.


ADEN ROBLEH AWALEH
Président du PND

 

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07/01

LIGUE DJIBOUTIENNE DES DROITS HUMAINS
(LDDH)

Le Vice Président : Mr Omar Ali Ewado
Siège : Quartier V, Boulevard de Gaulle n° 66
B.P. : 74 Djibouti, République de Djibouti
Bureau. Tél-fax (253) 357 804
Domicile tél-fax : (253) 358 007


Djibouti le, 7 janvier 2000

Communiqué de Presse N°1/LDDH/00

APPEL POUR LA PAIX


La république de Djibouti vit et s'enfonce dans les affres d'une guerre civile à l'aube de ce nouveau millénaire dont l'avènement est pourtant placé sous le signe de l'espoir.
La paix est la denrée la plus chère au monde et, sans elle, aucun développement, si minime soit-il, n'est envisageable.

  • La guerre civile qui dévaste le pays continue d'infliger au peuple d'indicibles souffrances.
  • Le nombre des victimes civiles s'accroît au fil des jours en raison de ce conflit interne qui ravage les maigres ressources du pays et désintègre le tissu social.- Alors que de graves violations des droits humains ancrent des haines préjudiciables pour l'avenir.
  • Les conditions d'existence des réfugiés dans les pays limitrophes et des déplacés à l'intérieur du pays en raison de ce conflit sont dramatiques et très inquiétantes.
  • Les risques de régionalisation de ce conflit (prochainement en phase d'application par le régime djiboutien) constituent un grave danger pour Djibouti en tant que nation indépendante et souveraine.

La LDDH est très préoccupée par les blocus alimentaires et sanitaires auxquels se surajoutent les exécutions et les détentions extrajudiciaires qui ne font qu'éloigner la paix.

La LDDH lance son quatrième Appel aux parties en conflit : le gouvernement de Djibouti et au FRUD/RESISTANT pour qu'ils engagent la Négociation de Paix après le mois béni du Ramadan.


M. OMAR ALI EWADO
1er vice-Président
Chargé des conflits

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9/01

LIGUE DJIBOUTIENNE DES DROITS HUMAINS
(LDDH)




Le Vice Président : Mr Omar Ali Ewado
Siège : Quartier V, Boulevard de Gaulle n° 66
B.P. : 74 Djibouti, République de Djibouti
Bureau. Tél-fax (253) 357 804
Domicile tél-fax : (253) 358 007


Djibouti le, 9 janvier 2000

 

Communiqué de Presse N°2/LDDH/00


Selon les informations persistantes et concordantes qui nous parviennent des confins avec l'Érythrée et particulièrement les secteurs de RANDALI et WEIMA (District d'Obock) les nomades meurent d'une façon mystérieuse depuis fin décembre 1999.



Toutes les victimes de ce phénomène présentent des symptômes pathologiques qui nous font penser à l'épidémie meurtrière connue sous le nom de " FIÈVRE EBOLA " qu'il nous faudra identifier. Les tribus les plus touchées sont EDERKALTO , DOURAHE etc… de la région RANDALI.



Sachant que ces secteurs font partie des zones militaires comme le prévoient des directives Gouvernementales depuis Nov. 1998, il n'existe aucune chance pour secourir ces malheureux nomades.



A ce jour, nous avons appris la mort d'une cinquantaine de personnes et la perte de 500 à 800 têtes de bêtes. Cependant la liste de cette tragédie est loin d'être close car le black-out imposé au Nord ne nous permet pas de suivre scrupuleusement la situation comme nous l'aurions souhaité.



Après les effets néfastes de la guerre civile (répressions massives, blocus alimentaire et sanitaire) la rougeole, le paludisme et enfin le phénomène inexpliqué (dont l'origine peut être humaine comme naturelle) sont les lots quotidiens de ces populations rurales. Le silence sur la mort lente à l'égard de ces populations sera considéré comme une complicité au génocide lent qui est en train de s'opérer.



En conséquence, la LDDH demande aux autorités du pays de prendre leurs responsabilités qui consistent à venir en aide et assister ces populations nomades en danger.



La LDDH lance un appel international aux organisations et organismes spécialisés en la matière afin qu'ils viennent en aide à ces populations civiles.


La LDDH lance un appel particulier aux Médecins Sans Frontières pour venir en aide et soulager les Populations du Nord de la République de Djibouti.

Ligue Djiboutienne
des Droits Humains
(LDDH)
Le Président

 

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20/12

LIGUE DJIBOUTIENNE DES DROITS HUMAINS


Note d'information n° 13/99/LDDH du 20/12/99


A la suite du blocus sanitaire imposé par le pouvoir aux populations du Nord, une épidémie de rougeole s 'est déclarée et fait rage dans les secteurs suivants :

DABRIMA-ANBABA-WEIMA-MABLA-GODA-DALHA

De très nombreux cas de décès nous ont été rapportés. Ce sont, bien sûr, les populations civiles locales qui souffrent de ce blocus.

Il est à noter que depuis le déclenchement de la guerre civile en 1991, il n'y a pas eu de vaccinations dans l'ensemble des districts du Nord.

Déjà victimes de la guerre civile, ces populations subissent, de surcroît, un blocus alimentaire en règle, qui les fragilise face à cette épidémie.

De ce fait, la LDDH lance un appel urgent à toutes les organisations nationales et internationales pour venir en aide à ces populations délibérément affamées, réprimées, et maintenues à la merci des fléaux de toutes sortes.

Ligue Djiboutienne
des Droits Humains
(LDDH)
Le Président
NOEL ABDI

 


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11/01

Reporters sans frontières
Secrétariat international
Bureau Afrique

5, rue Geoffroy Marie
75009 Paris-France
Tél : (33) 1 44 83 84 84
Fax : (33) 1 45 23 11 51
E-mail : afrique@rsf.fr
Web : www.rsf.fr


_________________________________________________________________________
URGENT - LIBERTE DE LA PRESSE
11 janvier 2000
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Ethiopie : Un journaliste djiboutien détenu depuis sept mois

Dans deux lettres adressées respectivement à Ali Abdi Farah, ministre djiboutien des Affaires étrangères, et à Wolde Woredewolde, ministre éthiopien de la Justice, Reporters sans frontières (RSF), a protesté contre la détention d'Amir Adaweh, rédacteur en chef du journal djiboutien La République, l'organe du Parti national démocratique (PND, dans l'opposition). RSF a demandé que le lieu et les raisons de cette détention soient rendus publics. "S'il s'avère qu'Amir Adaweh est emprisonné en raison de ses activités de journaliste, nous demandons sa libération immédiate", a ajouté Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. RSF a également rappelé que l'Ethiopie a ratifié la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Selon les informations recueillies par RSF, Amir Adaweh, journaliste djiboutien et membre du bureau politique du PND, serait détenu à Harrar, dans l'est de l'Ethiopie, depuis plus de sept mois, dans des conditions particulièrement éprouvantes. Partis en vacances dans cette région, le journaliste et plusieurs autres personnes auraient été appréhendés par la police éthiopienne. Les raisons de cette arrestation ne sont toujours pas connues. Dernièrement, les geôliers auraient tiré dans les jambes du journaliste, qui aurait été transporté à l'hôpital le plus proche.



Reporters sans frontières
International Secretary


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Tél : (33) 1 44 83 84 84
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____________________________________________________________________________
PRESS FREEDOM ALERT
11 January 2000
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Ethiopia : Djiboutian journalist detained for seven months


In two separate letters addressed to Ali Abdi Farah, the Djibouti's Minister of Foreign Affairs and Wolde Woredewolde, the Ethiopian Minister of Justice, Reporters Sans Frontières (RSF), protested against the detention of Amir Adaweh, the Djibouti-born editor-in-chief of La République, the newspaper of the National Democratic Party (PND, opposition). RSF asked for the location and the reasons for his detention to be made public. "If it turns out that he is imprisoned because of his work as a journalist, we ask for his immediate release", added Robert Ménard, the RSF General Secretary. RSF also reminded that Ethiopia has ratified the Convention against Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or Punishment.

According to information gathered by RSF, Amir Adaweh, a Djiboutian journalist and member of the executive committee of the PND, has been held at Harer (in the east of the country) fore more than seven months in particularly harsh conditions. He and other people were reportedly arrested while on holiday by the Ethiopian police. The reasons for the arrests are not yet known. Recently, the journalist's jailers are reported to have fired at his legs, and he is said to have been taken to the nearest hospital.


Jean-François Julliard
Bureau Afrique / Africa desk


Reporters sans frontières
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Tel : 33 1 44 83 84 84
Fax : 33 1 45 23 11 51
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Le FIGARO-Mardi 11 Janvier 2000
ENQUETE - Un magistrat français
aurait bien été assassiné à Djibouti en octobre 1995-
Le témoin surprise qui trouble la justice.


Le témoignage inédit vient relancer l'enquête sur la mort mystérieuse
d'un magistrat français, à Djibouti, le 19 octobre 1995. Officiellement,
le juge Bernard Borrel, conseiller du ministre de la Justice à Djibouti,
se serait suicidé en s'immolant par le feu en face de l'île du Diable.
Alors que la justice française s'apprête à classer l'affaire, un
militaire djiboutien proche du pouvoir accrédite la thèse d'un
assassinat à caractère politique.


Bruxelles: de notre envoyée spéciale-Alexandrine Bouilhet.

C'est un homme qui a peur. Peur pour sa vie et celle de sa famille. On
peut le comprendre: son témoignage met en cause Ismael Omar Guelleh,
l'actuel président de la République de Djibouti, dans la mort suspecte
du juge Bernard Borrel, survenue à Djibouti, en octobre 1995.
Réfugié en Belgique, où il tente d'obtenir l'asile politique depuis
plus d'un an, cet ancien officier djiboutien de 36 ans nous reçoit chez
son avocat, à Bruxelles. "sachez que je n'ai rien à gagner en
témoignant. Je prends même des risques car j'ai encore de la famille à
Djibouti...", dit-il en préambule. Elégant, d'allure sportive, Mohamed
Saleh Alhoumekani à décidé de parler pour "soulager sa conscience", mais
aussi "pour Mme Borrel", dont le mari, dit-il, était un homme "très
respectable", et "injustement sali".


Prudent, il s'en tiendra à l'essentiel. A l'époque du "crime", cet
officier, nommé lieutenant d'infanterie de l'armée djiboutienne,
travaillait comme adjoint à la sécurité dans la garde présidentielle. A
ce titre, il était notamment chargé de veiller à la sécurité rapprochée
du président Hassan Gouled Aptidon. Le 19 octobre 1995, jour de la
découverte du corps de Bernard Borrel, carbonisé, dans un ravin, Mohamed
Saleh Alhoumekani prétend avoir assisté à une discussion compromettante
à laquelle participait Ismael Omar Guelleh, alors chef de cabinet du
président Aptidon. Cette discussion aurait eu lieu en début
d'après-midi, "vers 14 heures", dans les jardins du palais présidentiel.
"Cinq hommes sont arrivés en 4x4 à la présidence pour voir Omar
Guelleh", raconte-t-il. Parmi eux, il reconnait le colonel Ahmed Mahdi,
chef de corps de la gendarmerie, et Hassan Said, le chef du SDS, les
services secrets djiboutiens. A sa grande "surprise", il voit également
descendre du 4x4 le terroriste djiboutien Awalleh Guelleh Assoweh, qui
était censé être en prison pour sa participation à l'attentat du Café de
Paris (lire encadré).



Awalleh Guelleh qu'il avait déja vu dans la résidence privée du chef de
cabinet, mais "jamais" dans l'enceinte du palais présidentiel, était
accompagné par deux "étrangers", dont il ignore l'identité.


L'entretien, auquel M. Alhoumekani assiste en tant que chargé de
sécurité, porte sur la mort du juge Borrel. "La mission est accomplie"
aurait indiqué le terroriste djiboutien, en somali, au chef de cabinet
de la présidence. "Le juge fouineur a été tué sans aucune trace" .
Méfiant, Ismael Omar Guelleh aurait alors demandé à l'un des étrangers
si le travail avait vraiment été "bien fait". Lequel lui aurait confirmé
qu'il n'y avait "pas de traces", précisant qu'il fallait "donner des
instructions au colonel pour que tout disparaisse". Le colonel Mahdi
aurait conclu l'entretien en assurant qu'il avait "fait disparaitre la
main courrant", qui signalait le dernier passage du juge Borrel à un
barrage militaire.
D'après M. Alhoumekani, ce rendez-vous entre "commenditaire" et
"exécutants" n'aura duré que vingt minutes.


Hier, LE FIGARO a tenté, en vain, de joindre la présidence, à Djibouti,
pour obtenir sa réaction.


Tenu par le devoir de réserve, l'officier djiboutien n'a parlé de la
teneur de cette conversation "choquante" qu'à son épouse.
Limogé en janvier 1997 de la garde présidentielle pour avoir refusé
d'exécuter certains ordres, M. Alhoumekani s'est finalement exilé en
Belgique en août 1998, avec sa femme et ses deux enfants. Par
l'intermédiaire de son avocat bruxellois, Maitre Luc Cambier, il a
proposé son témoignage à la police judiciaire belge, laquelle a promis
de contacter Interpol. Depuis trois mois, cette promesse est restée
lettre morte. Aujourd'hui, Mohamed Saleh Alhoumekani accepte d'être
directement entendu par la justice française. Informée de ce nouveau
témoignage, Elisabeth Borrel, la veuve du magistrat, ne cache pas son
soulagement. Cette mère de famille, magistrate à Toulouse, se débat
depuis quatre ans pour démontrer que son mari ne s'est pas immolé, mais
"qu'on l'a suicidé", dans un contexte politico-judiciaire très tendu
entre la France et Djibouti, en raison de l'attentat du Café de Paris.
Elle a déclenché une enquête judiciaire pour "assassinat" en France,
demandé une autopsie du corps de son mari, demandé une expertise privée
sur les causes de la mort et mobilisé les syndicats de magistrats.
Aujourd'hui, ses soupçons sont confortés. "Ce témoignage est bien la
preuve qu'il s'agit d'une affaire d'Etat" commente son avocat, Maitre
Olivier Morice, qui entend demander l'audition très rapide de ce témoin.
La justice française, elle, devra sans doute revoir ses certitudes. Au
palais de justice de Paris, on envisageait, jusqu'à présent, de clôturer
ce dossier sensible par un non-lieu. Après deux ans d'enquête, et
l'audition d'une cinquantaine de témoins, les juges d'instruction Roger
Le Loire et Marie-Paule Moracchini ont acquis la conviction que leur ancien collègue s'était suicidé, sans raisons évidentes. Ils en sont persuadés depuis leur retour de mission à Djibouti, au printemps 1999. "Aucun des témoins n'a été en mesure de
fournir le moindre élément tangible et vérifiable, ou un seul mobile
sérieux de nature à accréditer la thèse de l'homicide", écrivent les
policiers de la brigade criminelle, dans leur dernier rapport d'enquête,
daté du 21 septembre 1999.


[Encadré: L'attentat du Café de Paris.
Le 27 septembre 1990, un attentat visant les clients français du Café de
Paris à Djibouti, faisait un mort-un enfant de 6 ans- et 15 bléssés.
L'enquête a été confiée au juge parisien Roger Le Loire, qui a lancé
plusieurs mandats d'arrêts internationaux contre des opposants au
régime. Le juge Borrel s'était également interessé à l'enquête. En
novembre 1998, à Paris, les cinq auteurs présumés de l'attentat,
d'anciens militaires djiboutiens, ont été condamnés par contumace à la
réclusion criminelle à perpétuité. Trois d'entre eux sont en principe
toujours emprisonnés à Djibouti, à l'exception d'Awalleh Guelleh, qui a
réussi à s'enfuir de prison un an après son incarcération.]

Article paru dans Le Figaro du mardi 11 janvier 2000

 

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13/01
Le Président de l'UIDH signe la lettre ouverte
à Monsieur Lionel JOSPIN
en faveur de Me AREF

"Aref Mohamed AREF est vice-Président de l'UIDH - Union Interafricaine des Droits de l'Homme dont le siège est à OUAGADOUGOU au BURKINA FASO.

L'UIDH est représentée dans 41 pays d'Afrique

L'UIDH est lauréate du prix Khadafi 1994

L'UIDH est co-lauréat du Prix Nobel pour la Paix 1997

L'UIDH est membre observateur de la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples

En tant que Président, je signe votre lettre adressée à Monsieur le Premier Ministre de la France, pour la liberté en faveur d'AREF"

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14/01 : LE MONDE

Un témoin met en cause
le président de la République de Djibouti (I.O. GUELLEH)
dans la mort du juge français Bernard Borrel

L'ENQUÊTE sur la mort mystérieuse du juge Bernard Borrel, le 18 octobre
1995 à Djibouti, a peut-être pris un tournant capital ( Le Monde daté
8-9 juin 1997). Plus de quatre ans après la découverte, dans un ravin,
du corps calciné de ce magistrat français, alors conseiller auprès du
ministre de la justice de Djibouti, un témoignage essentiel vient
remettre en cause la thèse du suicide, jusqu'ici privilégiée par
l'instruction. Rendu public par Le Figaro dans son édition du
11 janvier, ce témoignage vient renforcer la conviction d'Elisabeth
Borrel que son mari a été assassiné.


Voilà quatre ans que cette femme, magistrate elle aussi, refuse de
croire au suicide de son mari. Quatre ans qu'elle dénonce les " intérêts
politiques " qui ont concouru à " étouffer le dossier ". Seule, elle a
imposé l'ouverture d'une information judiciaire pour " assassinat ".
Toujours seule, elle a obtenu que soit pratiquée, dix-huit mois après
les faits, une autopsie. Elle et son avocat, Me Olivier Morice,
reprennent aujourd'hui espoir. Car l'arrivée de ce nouveau témoin
pourrait bien transformer ce fait divers en affaire d'Etat.


L'homme se nomme Mohamed Saleh Alhoumekani. Agé de trente-six ans, il
vit actuellement en Belgique, où il a demandé l'asile politique il y a
quinze mois. Marié et père de trois enfants, il affirme craindre pour sa
sécurité " et surtout celle de [sa] famille restée au pays ",
précise-t-il. Son témoignage il est vrai met en cause rien moins que
l'actuel président de la république de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh.


REGISTRES DISPARUS

Le 19 octobre 1995, M. Guelleh n'est encore que
chef de cabinet du président de l'époque, Hassan Gouled Aptidon. Mais
déjà, il affiche des ambitions de premier rang. Mohamed Alhoumekani le
connaît bien. Lieutenant d'infanterie affecté à la garde présidentielle,
il assure la fonction de chef adjoint de la sécurité du palais. " Ce
jour-là, vers 14 heures, deux 4 × 4 sont entrés à la présidence. Cinq
hommes en sont descendus, accueillis par Omar Guelleh. " Il reconnaît
immédiatement Hassan Saïd, chef des services secrets, et le colonel
Ahmed Mahdi, chef de corps de la gendarmerie nationale. Deux autres
personnes, " des étrangers " dont il ne veut rien dire, les
accompagnent. Le cinquième homme lui est également familier : Awalleh
Guelleh a été son instructeur à l'école militaire, huit ans auparavant.
Mais ce 19 octobre 1995, il réside officiellement... en prison. Mis en
cause dans l'attentat du Café de Paris, dans lequel un Français a été
tué en 1990, il sera condamné par contumace, en novembre 1998, à Paris,
à la réclusion criminelle à perpétuité. C'est pourtant bien lui, assure
M. Alhoumekani, qui s'adresse, cet après-midi là - soit tout juste
douze heures après la mort de Bernard Borrel - au futur président.


La conversation, telle que la relate le jeune lieutenant, est rapide.
" Ça y est, le juge fouineur est mort ", dit le terroriste. Le chef de
cabinet s'interroge : " Le travail a été bien fait ? " Cette fois, c'est
un des deux étrangers qui répond : " Il n'y a aucune trace mais il faut
demander au colonel de récupérer la main-courante. " " C'est fait ",
aurait dit le colonel Mahdi. De quoi expliquer la disparition de ces
registres tenus par la police aux points de contrôle routiers entre
Djibouti et le lieu de la découverte du corps du magistrat.


PROCHAINE AUDITION

Cet échange verbal apporte un éclairage nouveau sur
un dossier particulièrement obscur. Autopsie non effectuée, disparition
de la fameuse main-courante, disparition du dossier médical du juge : de
nombreuses pièces manquaient au puzzle judiciaire. D'autres peinaient à
trouver leur place. Comme cette expertise, réalisée fin 1997 par le
professeur Lazarini, expert honoraire près la Cour de cassation et
spécialiste de médecine légale. Constatant l'absence de suie dans les
bronches, il invitait à " rejeter la notion de carbonisation s'étant
produite du vivant du sujet " et à écarter la thèse du suicide par
immolation défendue par les autorités djiboutiennes et françaises.


Ce rapport n'a toutefois pas convaincu les juges parisiens Roger Le
Loire et Marie-Paule Moracchini, qui instruisent la plainte pour
" assassinat " déposée par Elisabeth Borrel. Leur déplacement à
Djibouti, en mars 1999, en compagnie de deux policiers, est venu étayer
la thèse du suicide. Dans leur rapport de synthèse, du 21 novembre 1999,
les deux enquêteurs de la brigade criminelle concluaient : " Sauf à
envisager l'existence d'un vaste complot politico-judiciaire impliquant
dissimulation d'éléments d'enquête par les premiers intervenants,
procès-verbaux volontairement erronés, examens médicaux orientés et
conspiration généralisée du silence, l'hypothèse de l'assassinat ne
peut, à ce jour, être sérieusement retenue. "


Du moins devra-t-elle être sérieusement envisagée. Mercredi, on
indiquait, de source judiciaire, que les magistrats instructeurs
souhaitaient " entendre prochainement " ce nouveau témoin. L'ambassade
de Djibouti a dénoncé, de son côté, " le témoignage d'un individu
instable " et y décèle " les mains de certains milieux français animés
par une hostilité constante à la stabilité et à la paix en République de
Djibouti ".

Nathaniel Herzberg

Le Monde daté du vendredi 14 janvier 2000

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15/01

LA FRANCE VA-T-ELLE POUVOIR CONTINUER
A SOUTENIR M. GUELLEH
SANS DEVENIR COMPLICE DE FACTO ?

APPEL A TOUS LES HOMMES POLITIQUES
FRANCAIS ET EUROPEENS.

Le soutien "inconditionnel" accordé par la France aux régimes dictatoriaux successifs de Djibouti (D'abord celui de M. Aptidon, puis celui de M. Guelleh) surprend les Observateurs, les Associations / ONG et même de nombreux députés français et européens, qui multiplient les appels et les condamnations.

En dépit de toutes les violations des Droits de l'Homme reconnues et dénoncées par les organisations les plus sérieuses : Parlement européen, FIDH, Observatoire International des Prison, Amnesty International, ... la France a contrinué à financer largement le régime djiboutien, qui reçoit dix fois plus, par tête d'habitants que de nombreux autres pays africains.

Mais aujourd'hui la situation s'est aggravée :
le Président Guelleh, en personne, serait impliqué dans l'éxécution d'un juge français, exécution qui aurait été "maquillée" en suicide.

Les autorités françaises ont envoyé ensuite deux juges sur place pour enquêter sur ce décès mystérieux. Les juges parisiens Roger Le Loire et Marie-Paule Moracchini n'ont rien constaté d'anormal dans le "suicide" du juge BORREL. S'agissait-il de la dernière tentative de Paris pour tenter de "couvrir" M. Guelleh ? Ou bien, allons-nous assister en spectateurs à de nouveaux escamotages pour étouffer ce nouveau rebondissement et pour permettre à M. GUELLEH de poursuivre son régime tyrannique ?

Sans présumer de la cupalbilité directe de M. Guelleh, cette affaire pose une question de fond. L'argent des Français doit-il être servir à soutenir un régime tyrannique, qui s'est placé hors-la-loi internationale et qui élimine maintenant nos propres ressortissants ? Bien entendu la réponse est NON.

Nous lançons un appel à tous les hommes politiques français et aux parlementaires, pour qu'ils cessent de voter des crédits en faveur de Djibouti, pour qu'ils imposent le blocage des crédits alloués et pour qu'ils exigent une clarification de la position française ou l'obtention de garanties "sérieuses" de la part de DJIBOUTI. Ces garanties ne pouvant être prises au sérieux (aujourd'hui et à nos yeux) que s'il y a un changement de régime.

 

ARDHD


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