ARDHD
Observatoire de la situation
des Droits de l'Homme à Djibouti


Bulletin N° B102
Du 23 au 29 juin 2001

     

29/06/01 Mobilisons nous pour démystifier le pouvoir (lecteur)
28/06/01 LE JOUR J (Lecteur)
27/06/01 Message de Jean-Paul Noël ABDI, Président de la LDDH, à l'occasion de la fête de l'indépendance.
27/06/01 Fête de l'indépendance - Tous nos voeux au peuple djiboutien
25/06/01 Aref Mohamed Aref : « Pour moi, le multipartisme s'applique dès aujourd'hui... (Article paru dans Les Nouvelles d'Addis et publié le 27/06 in extenso)
23/06/01 L'Union adopte une position commune sur la Cour pénale internationale
23/06/01 Ahmed DINI "L'escroc" HALTE A LA VENTE DE LA DIGNITE ET DE LA FIERTE (lecteur)
!
22/06/01 Groupe LOI / Africa Intelligence (Revue de presse)
22/06/01 Y-a-t-il un accord de paix véritable dans le Nord. Des accrochages sont signalés.
22/06/01 Quand la police et l'armée deviennent la milice d'un régime et d'un paranoïa (Lecteur)
22/06/01 Je partage totalement l'analyse de Areyta sur la question du groupe occulte qui dirige la République de Djibouti. (Lecteur)

bulletin B101

bulletin B103

     

29/06/01 Mobilisons nous pour démystifier le pouvoir

Note de l'ARDHD : nous avions proposé, il y a quelques jours mettre un terme à toute polémique concernant M DINI, estimant que chacun avait pu exprimer son point de vue. Nous recevons un avis d'un lecteur qui veut exposer un avis différent et qui réagit à certaines affirmations. Nous lui donnons la parole avant de clore définitivement le débat.

Salut

Merci pour votre réponse relative a ma réaction. Je rappelle que ce qui m'a le plus frappé ou étonné, c'est le fait que vous disiez que M Dini ait pu faire faire preuve d'ingratitude en oubliant ce que vous aviez fait pour les Droits de l'Homme à Djibouti et en particulier pour les prisonniers politiques. Comment pouvez dire cela ! alors que, par nature, vous êtes au dessus de toute reconnaissance. (et que nous n'avez aucune raison d'en attendre)

Je ne suis pas favorable à la censure. Je ne suis pas favorable non plus "aux inspecteurs des travaux finis".

Je ne supporte pas et je n'accepterai pas que des lecteurs tentent de faire passer nos héros de l'indépendance pour des anti-francais.

Faisons attention a ce que nous disons.

Il est toujours facile de critiquer et/ou de détruire, mais vous le savez mieux que moi, mon frère, il faut s'engager pour construire, sinon on ne fait rien.

La paix est devenue aujourd'hui une denrée rare sur notre continent.

Alors, je prie tous les lecteurs, de s'associer pour encourager tout ce qui est susceptible de nous mener sur le chemin de la paix et de la réconciliation. Il faut que nous ayons la capacité de dédiaboliser, de démystifier le pouvoir.

Ne soyons pas fataliste, le développement ne s'achète pas au marché.

Oeuvrons ensemble pour une jeunesse détribalisée. Vous n'ignorez pas que démocratie est synonyme de tribalisme en Afrique.

Enfin et simplement pour rester sur le terrain des Droits Humains et pour répondre au lecteur qui évoque 'un peu rapidement' une hypothétique 'convocation' d'Ahmed DINI un jour aux côtés de Guelleh devant la CPI, je lui demanderai simplement de nous dire, ce qu'il propose à l'encontre de M Ali AREF ???

Merci de me confirmer si vous estimez utile de publier ma contribution.

Merci d'avance

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28/06 Le Jour J (Lecteur)

Il y a un jour J dans cette république bannière
C’est un jour où l’atmonsphère est plus tendue


C’est un jour différent des autres


Parce qu’il est unique la-bàs
Quelques jours avant ce Jour, radio et télévision
en parlent dans tous les sens, de long en large
des oeuvres du faisseur de tout, du dictateur
Pas du pays, de son peuple, de ses problèmes
Elles préparent les gens à prêter attention,

A quoi

Aux festivités du 27 Juin de l’année X
Chaque année a son 27 Juin
Et chaque 27 Juin est fêté à peu près de la même manière

C’est un Jour où les forces de la répression défilent
devant la bande de criminels

Alors que l’honnorable peuple reçoit les fumées
empoissantes des engins de la violence, de la guerre


C’est un Jour où le chef de cette bande a une mine
p
articulière, il exquise des sourires, fait des gestes
Il monte dans une voiture de son puissant service de répression

Et les autres membres se mettent debout ... pour le saluer

La milice policière éloigne les citoyens
Interdit de s’approcher,
Il y une frontière invisible, une de plus
Interdit de serrer la main à tel ou tel, parce qu’elle est suspecte
Interdit d’appeler, de crier

Pour ces citoyens, c’est un Jour d’interdits de plus
Parce qu’il est chef de la dictature, il reçoit là-bàs,
Il parle devant un auditoire d’incultes et de malfrats
un peu modifié tout de même,

Parce qu’il est chef, il a le droit à la parole plus que les autres,
p
our dire des bêtises, parler des choses qui n’existent pas, amuser encore,

Du vent, sans suite pour se parler à lui-même, faire un autodiscours
L’auditoire l’écoute et puis applaudit : c’est la coutume de ces gens


Et puis il décore de la plus haute médaille ou métal de la République bannière

Sa télévision et sa radio polluent les ondes hertziennes
par des images, des mots creux
C’est toujours comme ça ces médias médiocres

Le 27 juin 1977, premier Jour de la dictature de la bande de corrompus, de sanguinaires,

Et cela dure depuis ... 24 ans

C’est un Jour de la mise en scène de la dictature
C’est un Jour de la congélation des libertés publiques,
des droits fondamentaux, de la dignité
humaine

Et cela dure depuis... plus de deux décennies

24 ans de Dictature
24 ans d’Autoritarisme
24 ans d’Injustice
24 ans de Répression
24 ans de Mensonge
24 ans de Tuerie et de Sang
24 ans d’Obscurantisme
24 ans de Négation de la Liberté et des Droits de l’homme
24 ans d’un Autre fascisme

Et cela continue sous le regard de tout le monde,
d
ans l’impunité, dans l’indifférence de toutes et de tous

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27/06/01 Message de Jean-Paul Noël ABDI, Président de la LDDH, à l'occasion de la fête de l'indépendance.

Aujourd'hui, c'est le 27 juin 2001.

Le 27 juin 1977,le peuple djiboutien a accédé à son Indépendance.

Aujourd'hui ,le bilan du respect de la personne humaine prévu par le titre II de notre Constitution, par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, me paraît très négatif, les violations intolérables des Droits de la Personne humaine sont lourdes de conséquences pour notre peuple, malgré les excellents instruments juridiques de la République de Djibouti, instruments juridiques constamment violés, quotidiennement bafoués, très souvent avec des méthodes sournoises intolérables.

Cher Schaal, en ce jour inoubliable, à travers ton site, je souhaite BONNE FETE à tous les djiboutiens,en particulier, ceux qui sont en prison ,ceux qui souffrent, ceux qui sont en exil, ceux qui sont à l'étranger.

.BONNE FETE à tous mes compatriotes, à tous nos amis qui dans la discrètion et l'efficacité soutiennent le juste combat pour les Libertés fondamentales en
République de Djibouti.

BONNE FETE à vous cher Schaal, à vos proches, aux membres de votre Association pour le Respect des Droits de l'Homme à Djibouti.

Nous encourageons notre ami Schaal, malgré les critiques parfois non fondées, malgré parfois les termes insultants, nous l'encourageons à continuer - de soutenir ouvertement nos actions pour le respect des Droits Humains - à dénoncer avec courage et
publiquement toutes les violations, tous les sévices commises à Djibouti et transmises à votre attention.

Amicalement
Jean-Paul

Note de l'ARDHD :

Merci beaucoup à Jean-Paul Noël Abdi pour ce message si amical. Il est vrai qu'il est impossible de plaire à tout le monde en même temps. Certains nous adressent parfois des messages très critiques, dès lors qu'ils s'estiment en désaccord avec telle ou telle opinion exprimée... Nous avons tendance à considérer que c'est une force pour le pays, à partir du moment où les Djiboutiens se forgent leur propres convictions et surtout qu'ils souhaitent les défendre : c'est la raison pour laquelle nous donnons à chacun la possibilité de s'exprimer sur le site, qui agit en quelque sorte comme un forum.

Simplement nous demandons aux lecteurs de réserver leurs critiques exclusivement en réaction aux articles que nous écrivons - ils commencent tous par "Note de l'ARDHD", sinon ils sont clairement signés "Jean-Loup Schaal" ou d'adresser des réponses aux lecteurs concernés. Ces réponses étant toujours publiées.

Cher Jean-Paul, nous continuerons à oeuvrer aux côtés de la LDDH, pour le rétablissement de la Démocratie et de la Justice pour tous les Djiboutiens et nous n'hésiterons jamais à alerter sur les risques possibles .... même si cela doit être considéré comme politiquement incorrect. La langue de bois n'est pas dans notre culture et nous serions impardonnables si nous n'utilisions pas notre position qui nous met à l'abri de tous les coups bas que Guelleh réserve à ses détracteurs.

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27/06/01 Fête de l'indépendance - Tous nos voeux au peuple djiboutien

Nous souhaitons une bonne fête à tous les djiboutiens, en espérant que ce nouvel anniversaire marquera le début d'un ére nouvelle sous les signes de la Justice, de la démocratie, de la paix et du renouveau économique.

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25/06 Les Nouvelles d'Addis (Article publié in extenso le 27/06, avec l'aimable autorisation d'Alain Leterrier des Nouvelles d'Addis)

Djibouti. Accord de réforme et de concorde civile

Aref Mohamed Aref : « Pour moi, le multipartisme s'applique dès aujourd'hui, dès le 12 mai 2001. Son report ne résulte que d'une erreur juridique. »

Dans un entretien accordé aux « Nouvelles d'Addis », Mohamed Aref, avocat et défenseur des droits de l'Homme se livre à une lecture juridique et constitutionnelle de l'Accord de réforme et de concorde
civile signé entre le Frud et le gouvernement djiboutien le 12 mai 2001.

Dans cet entretien Maître Aref fait des propositions, notamment concernant l'indépendance et la nature du pouvoir judiciaire.

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PROPOS RECUEILLIS PAR
ALAIN LETERRIER & COLETTE DELSOL
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[Paris/Djibouti, 29 mai et 21 juin 2001]

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Les Nouvelles d’Addis. – Maître Aref, depuis déjà un certain temps, nous souhaitions vous rencontrer, en tant qu’homme politique djiboutien impliqué dans la défense des droits de l’homme dans votre pays. Mais jusqu’ici vous n’aviez pas souhaité vous exprimer publiquement. Pourquoi ?

Mohamed Aref. – Parce qu’il y avait un processus extrêmement important et vital pour mon pays et que je ne voulais, en aucune manière, que mes interventions quelles qu’elles soient, interfèrent ou empêchent un tant soit peu le processus et le déroulement normal de ce processus déjà très difficile par ailleurs. Voilà la seule et unique motivation. Je sais que du fait de mon silence, un certain nombre de propos m’ont été prêtés. Je signale ici qu’ils sont tous mensongers et/ou loin de la vérité, et en tout cas n’émanant pas de moi. La règle que je me suis donnée – mon silence – je l’ai respectée avec tous vos confrères.

LNA. – Qu’est-ce qui fait que maintenant vous pouvez vous exprimer ?

MA. – Parce qu’aujourd’hui le processus est achevé, fort heureusement. J’espère que c’est définitif. On dira des Djiboutiens ce que l’on dit des Somaliens : qu’ils n’arrêtent pas de faire la paix. Dire cela n’est pas forcément péjoratif ou négatif, ça veut tout simplement dire que les gens veulent la paix et qu’ils recommencent, autant de fois qu’il le faut, de tenter de faire la paix jusqu’à ce qu’ils arrivent à la bonne. C’est dans ce sens que je rappelle cette boutade.

LNA. – Vous pensez qu’il y avait une véritable demande populaire poussant à la signature d’un accord le 12 mai, à Djibouti ?

MA. – Oui.
À cet égard, ma première pensée va forcément et bien évidemment à toutes les victimes, celles pour qui malheureusement la situation est irrémédiablement compromise, c’est-à-dire toutes celles qui sont décédées, d’un côté comme de l’autre, et puis celles qui sont touchées dans leur chair, celles qui sont touchées dans leur affection, qui ont perdu un être cher, souvent quelqu’un qui subvenait aux besoins d’une grande famille, quelqu’un qui participait à l’économie du pays. Comme ceux qui ont été physiquement touchés dans leur chair, soit blessés, soit torturés et puis évidemment ceux qui ont perdu leur situation professionnelle ainsi que ceux qui ont perdu leurs biens. Bien que je fasse partie de ces trois dernières catégories, je considère que je suis un privilégié par rapport à toutes ces victimes et c’est pourquoi ma première pensée va à toutes ces victimes et, plus particulièrement, à ceux qui se sont sacrifiés.

LNA. – Récemment, le responsable de la dissidence de 1994 du Frud, « Jean-Marie », a déclaré qu’on avait perdu presque dix ans, que ce qui a été signé le 12 mai dernier était déjà contenu dans l’accord qu’il a signé lui-même en ralliant le pouvoir.

MA. – Il est exact que l’accord actuel reprend plusieurs points qui figuraient dans l’accord de 1994. De même qu’il y a aussi des points qui figurent dans l’accord de 1994 et qui ne figurent pas dans celui de 2001. Mais, les deux parties l’ont très clairement indiqué, le dernier accord du 12 mai 2001 est la suite logique et donc forcément le complément de l’accord de 1994. Ce qui signifie, et à mon avis il n’y a pas d’autre signification, que ces deux accords sont valables, l’un et l’autre et que l’un complètera forcément l’autre. Il ne s’agit pas de deux paix différentes, c’est la même paix, pour le même pays, pour le même peuple, pratiquement entre les mêmes parties. Parce que les uns comme les autres : ont fait, font partie, auraient fait partie du Frud (1). Donc ce sont des discussions, à mon avis, plus politiciennes qu’autre chose. Et Jean-Marie a certainement exprimé par là un regret ; il a bien fait de ne pas préciser à qui en incombait la responsabilité.

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Cautions personnelles, cautions réelles

LNA. – Que pensez-vous de l’accord qui vient d’être signé, hormis votre satisfaction déjà déclarée pour la paix. Que pensez-vous de la nature de cet accord et des enjeux sur la vie démocratique et sur le développement à Djibouti ?

MA. – Le premier point, le plus important, est celui indiqué par M. Ismaël Omar Guelleh (2) en personne, qui a excellemment conclu dans son discours : « Plus jamais ça ». Cela veut dire que tout ce qui s’est produit pendant cette période est absolument inacceptable pour un pays. En disant cela, il a fait preuve d’un courage auquel il faut rendre hommage, pas un hommage de type flagornerie, comme l’a signalé aussi très bien dans son discours, M. Dini (3), mais un hommage à quelqu’un qui reconnaît la gravité de la situation que le pays a traversée. Le fait de le reconnaître et de s’engager à ce que cela ne se reproduise plus constitue un engagement politique, humain, moral pour l’avenir. En ce sens, le « plus jamais ça » veut dire que nous ferons tout pour que la paix revienne enfin et définitivement dans notre pays. C’est vrai que c’est un engagement pris par une personne, mais je dirais que ce n’est pas n’importe quelle personne. D’autres personnes ont pris cet engagement avec lui et elles ne sont pas non plus n’importe qui. Je suis confiant dans le premier point, le plus important, qui est la restauration de la paix.

Cela n’est pas suffisant en soi. C’est ce que nous, juristes, appelons une caution personnelle. Ce n’est pas une caution réelle et il faut une caution réelle. La caution personnelle est l’engagement qu’ont pris les signataires ; ils ne l’ont pas pris n’importe comment, ils ne l’ont pas pris à la légère. En effet, quand on prononce cette phrase : « plus jamais ça », on pense à des faits historiques sur lesquels il serait grotesque de revenir, mais c’est dire l’importance de cet engagement. La caution personnelle est doublée par la communauté internationale, pas des moindres, l’Union européenne, la France en deuxième lieu, et ce que je regrette d’ailleurs, timidement. L’Union européenne s’est engagée immédiatement par un déblocage de fonds, avant même la signature de l’accord. Et quel déblocage puisqu’il s’agit de fonds qui vont être alloués pour permettre la réinsertion des combattants, c’est-à-dire le retour à la vie civile, à la vie normale, de ceux qui avaient combattu et qui, s’ils étaient restés ainsi, auraient peut-être perpétué la situation à laquelle il fallait remédier. Cela, c’est la deuxième caution personnelle et non des moindres. Je ne parle pas des autres cautions personnelles, comme celle de la France qui n’est pas négligeable, non plus, puisque la France a une présence militaire la plus importante qui soit à l’extérieur et qu’elle peut à tout moment imposer, on a vu historiquement qu’elle en a les moyens ; et qu’on ne vienne pas me dire que ces pratiques étaient exclusivement réservées à M. Foccart, ce sont des pratiques qui se sont perpétuées par la suite et de bien mauvaise manière et ailleurs. Avec M. Foccart, il n’y a pas eu de génocide, alors qu’avec d’autres il y a eu des génocides. Il y a eu un génocide au Rwanda, en un mois, on a tué un million de personnes. Ils ont fermé les yeux en ayant livré les armes, ce n’est pas possible cela. Ça ne s’est jamais produit avec M. Foccart, je tiens à le dire. C’est le premier point.

La seconde chose c’est que cet accord comporte, et c’est peut-être le défaut de l’accord de 1994, un pan extrêmement important concernant le passage de l’état de guerre à un état pacifique. C’est ce que ne comportait pas l’accord de 1994. Je le regrette profondément, l’opposition djiboutienne a manqué le cours de l’histoire, en omettant, en occultant ce point capital. C’est grave et j’espère que c’est un oubli de plume et si c’est un oubli de plume, il faut qu’ils le corrigent très rapidement. Sans quoi, ils vont traîner ce boulet, tous autant qu’ils sont, toute leur vie politique. Et je serai là pour le leur rappeler. Ce pan de passage de l’état de guerre à un état de paix c’est : le titre 1 [cf. le texte de l'accord] ; le titre 2 « Paix civile et sécurité » où il est question de l’indemnisation ; le titre 3 où il est question de la réhabilitation et de la reconstruction ; ce sont les réformes démocratiques qui sont quelque peu détaillées ; mais c’est surtout du titre 1 au titre 3. Et aussi le titre 5, dans lequel il est prévu une commission nationale qui n’aura pas à s’occuper que de la décentralisation, mais qui aura à suivre l’application de l’accord. On s’est donné les moyens de veiller à ce qu’il n’y ait pas de dérapage à un moment donné, qu’on s’écarte de l’application de l’accord ou qu’on retarde pour des raisons de mauvaise volonté l’application de l’accord, ou encore qu’il y ait des gens qui torpillent cette application. C’est pour cela que je vous dis que, grosso-modo, cet accord me satisfait.

Cependant, il comporte des erreurs. Mais ces erreurs juridiques sont tellement grossières que je pense que les deux parties vont les corriger au fur et à mesure de l’application. Je vais vous donner ces éléments d’erreurs.

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Des erreurs juridiques

C’est, par exemple, dans les réformes démocratiques, et en particulier ce qui concerne le multipartisme. Le multipartisme intégral est renvoyé au 3 septembre 2002, en vertu, dit-on, d’une disposition d’une loi référendaire. L’erreur juridique vient de ce que cette loi référendaire n’est jamais entrée dans le droit positif djiboutien. Pourquoi ? Parce que pour qu’un texte s’applique, il ne faut pas seulement qu’il soit voté, il faut qu’il soit promulgué, qu’il soit publié. Il manque la promulgation et il manque la publication. Donc ce texte ne s’applique pas. Il ne peut pas s’appliquer. Par conséquent, l’article 12 comporte une erreur juridique tellement grossière que les parties vont la corriger d’elles-mêmes et que le multipartisme intégral va s’appliquer, dès le 12 mai 2001. Ajoutons à cela l’engagement pris par le président de la République disant « plus jamais ça » et en soulignant les clauses contenues dans l’article 2 b, je cite : « Le conflit auquel il s’agit de trouver les remèdes appropriés plongeait ses racines dans les graves déficits de culture démocratique ». Donc, cela veut dire que les deux parties ont parfaitement compris que c’est l’absence de démocratie, elles l’ont dit clairement, qui a amené la guerre. On ne va pas aujourd’hui mettre un frein au multipartisme ou le renvoyer de plus d’une année, alors qu’il s’agit d’une des causes, reconnues par les deux parties, du conflit. Donc pour moi, le multipartisme s’applique dès aujourd’hui, dès le 12 mai 2001. Son report ne résulte que d’une erreur juridique.

Il y en a une autre qui est aussi grossière que celle-là. C’est celle qui concerne la décentralisation. Il est indiqué dans le texte que le budget des entités décentralisées serait décidé par décret. C’est une erreur juridique grossière. Puisque vous savez que le principe fondamental régissant le budget dans notre constitution c’est le principe de légalité, qui signifie que le budget ne peut être voté que par la loi, par le législateur, par l’Assemblée nationale à Djibouti et certainement pas par l’exécutif. Donc, par conséquent, cette erreur sera corrigée d’elle-même. En ce sens que le budget des entités décentralisées sera décidé par le législateur. J’ai cru comprendre dans les discours des uns et des autres qu’ils avaient bénéficié de conseils juridiques français. J’ose espérer que ces erreurs juridiques grossières ne proviennent pas des conseils juridiques français qui, dans ce cas-là, ne seraient pas du tout avisés.

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État de guerre, état de paix

LNA. – Concernant ce passage de l’état de guerre à l’état de paix, ne peut-on pas dire qu’il s’agit d’un vœu pieux dès l’instant où il mise sur le fait qu’on va désarmer le Frud ?

MA
. – Votre question comporte deux volets. Le premier volet c’est : puisque le Frud va être désarmé, est-ce que vous pensez qu’il y a une garantie de l’application de l’accord ?

LNA. – Garantie politique pour l’exercice…

MA. – Politique ou pas politique, réel, effectif… C’est le premier point.

LNA. – …Je termine ma phrase. Garantie politique pour l’exercice de l’activité politique de ce mouvement qui se transformerait en un parti démocratique.

MA. – Par exemple. C’est un des pans. La guerre civile a découlé d’un déficit démocratique, c’est dans l’accord, je n’invente rien. Ce n’est pas parce qu’on a empêché x, y ou z de se constituer en parti politique. Ce n’est pas seulement cela qui a été la cause de la guerre. Donc, que le Frud puisse se constituer en parti politique ou pas, ce n’est pas le point focal. Ce n’est pas seulement pour le Frud, c’est pour tout le monde. J’en sais quelque chose puisque la guerre civile s’est déclenchée après l’arrestation de mon oncle et de moi-même, en 1991. Comme les autres ont l’impression de se diminuer en le disant. Il faut le dire, il faut le reconnaître, tout le monde le sait. Tout le monde sait que c’est parce que M. Ali Aref a été arrêté qu’une guerre civile s’est déclenchée immédiatement après, qu’elle s’est étendue et qu’elle a eu les conséquences que l’on sait. Ceci pour vous dire que j’en sais quelque chose, sur les causes et les origines de la guerre civile.

Votre premier point était celui-là : puisque le Frud va être désarmé, il n’y a pas de garantie.
La deuxième chose est, que comme le Frud n’a pas encore désarmé, quid de l’application de l’accord ? C’est une question différente.

La réponse à la première question est dans l’accord. Le Frud ne sera pas totalement désarmé, contrairement à ce que vous laissez entendre. Puisqu’il y aura deux directions qui seront suivies par les résistants du Frud.
1) Ceux qui vont être versés dans la vie civile et 2) Ceux qui vont être versés dans l’armée, incorporés dans l’armée nationale. Ceux-là ne déposeront pas les armes puisqu’ils seront réarmés aussitôt. Ils vont garder les armes. Je vous signale qu’il y a un rééquilibrage qui est prévu par les accords. Quand je dis "les" accords, cela ne veut pas dire seulement celui du 12 mai 2001, mais aussi celui du 26 décembre 1994. Je vous cite le titre 6 « Du rééquilibrage au sein de l’appareil de l’État » : « Pour répondre aux soucis des uns et des autres et dans le but suprême d’explorer ensemble la voie de la paix, le gouvernement s’engage à assurer aux combattants du Frud emploi et intégration dans les domaines politique, militaire, administratif et socio-économique, conformément aux dispositions et quotas fixés d’un commun accord, par les deux parties et consignés […]. Les dispositions relatives à l’intégration des combattants dans le domaine militaire porteront sur le retour d’un quota des combattants du Frud, avec leurs armes ». L’accord de 2001 précise le titre 6 de celui de 1994, en le détaillant puisqu’il parle de mise à la retraite, de rachat des annuités manquantes, remboursement des cotisations des ayants droit, etc.

En ce qui concerne le point portant sur un éventuel refus des combattants de rendre leurs armes, cette question concernerait une des parties signataires, M. Ahmed Dini. Je vous rappelle que moi je suis un militant des droits de l’Homme. Je suis un citoyen djiboutien et à ce titre, je porterai une appréciation sur les uns comme sur les autres, de la même manière.

Il appartient aujourd’hui à M. Ahmed Dini de faire respecter son engagement. Je suppose qu’il n’a pas signé cet accord à la légère. C’est la raison pour laquelle il faut lui faire confiance et je suppose que c’est l’une des raisons importantes pour lesquelles le gouvernement ne le presse pas à la seconde près ou au jour près. Si tant est que la part concernant le Frud n’est pas encore complètement remplie et que le gouvernement ne le presse pas autant, c’est pour donner une chance à l’application complète de l’accord. Si, par la publication de votre journal, des gens qui ont encore des armes entendre ma modeste voix, je les inviterais à respecter la parole donnée par le Frud et, en son nom, par M. Ahmed Dini.

Je voudrais préciser un point. M. Ahmed Dini n’est pas eul dans cette affaire, même s’il a pu apparaître un peu isolé à un moment donné. Il a pris un engagement qui était de respecter la confidentialité de cet accord. Je l’ai respectée moi, alors que je n’avais pris aucun engagement. En ne cherchant pas à savoir ce qui se disait au sein des commissions – j’en avais les moyens, à Djibouti on peut tout savoir si on veut s’en donner la peine. Je n’ai pas cherché, parce qu’il y avait confidentialité c’était pour une raison évidente, très précise, c’était pour éviter que certaines personnes torpillent le processus. C’était peut-être une bonne méthode, peut-être une mauvaise méthode ; je crois qu’il faut tourner cette page. Le résultat est là, c’est qu’il y a un accord. Il n’est peut-être pas parfait. Il ne l’est sûrement pas sur certains points. Je ne suis pas d’accord, par exemple, sur les détails concernant la décentralisation. Elle n’est pas complète. J’avais déjà un projet depuis 1991, que j’ai concocté à ce que j’appelle « l’université de Ali Adeh », puisqu’on m’a mis dans les mains d’un professeur ès-politique, en l’occurrence, mon oncle Ali Aref. J’ai appris beaucoup de choses, plus que je n’ai appris à l’université. J’ai des idées très précises là-dessus et des idées qui sont couchées sur le papier.

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Porte ouverte à la démocratie, à la liberté d'expression

Donc, même si cet accord n’est pas parfait, il appartient à tous les Djiboutiens, quels qu’ils soient, où qu’ils soient, de le perfectionner. Puisque désormais la porte est ouverte à la démocratie, à la liberté, donc à la liberté d’expression, à la liberté d’association. À savoir que les gens pourront se constituer en autant de partis politiques qu’ils le voudront et exprimer ainsi autant d’opinions que possible. Ensuite il appartiendra au peuple djiboutien de le déterminer, avec ce qu’on a appelé la commission électorale nationale indépendante. Je crois savoir que le texte est déjà en route, ce qui constitue l’expression même de la volonté d’avancer dans la bonne voie. Il y aura peut-être des résistances à changer de situation, parce que, même si d’un côté on a reproché (j’étais parmi ceux qui faisaient ce reproche) la longueur des négociations, il y en a pour qui c’est venu un peu trop brusquement. Parce que M. Dini, à tort ou à raison, ce n’est pas le problème, n’est pas revenu à chaque fois discuter chaque point avec tous les membres du Frud. Il lui faudra peut-être un peu plus de temps pour expliquer les tenants et les aboutissants de l’accord. Il faut l’aider dans ce sens. Il devra le faire pour ceux qui sont dans le pays ; il devra aussi le faire vis-à-vis de la diaspora djiboutienne. Il est essentiel que la diaspora djiboutienne, qui est importante, il y a un très fort pourcentage par rapport à la population du pays qui se trouve au Canada, aux États-Unis ou ailleurs. Et parmi cette diaspora, il y a un fort pourcentage d’intellectuels, de personnes qui sont d’un tel niveau d’éducation que le pays en a besoin, pour repartir sur des bases saines avec ses propres moyens. Il faut aussi donc mener un travail d’explication vis-à-vis de la diaspora. Et dans ce sens, je me permettrais de lancer un appel aux autorités djiboutiennes en exercice pour qu’il y ait une amnistie, non seulement pour ceux qui ont pris les armes, mais aussi pour ceux qui ont lutté pacifiquement. La priorité était en effet de négocier avec ceux qui avaient encore les armes, mais maintenant il faut aussi penser à normaliser la société civile et dans ce sens, ce serait un excellent encouragement pour la diaspora que de voir définitivement tournée une page de l’histoire djiboutienne. Page que le Président a fort justement qualifiée de « peu glorieuse ».

LNA. – Donc pour vous cet accord est vraiment une clef de voûte de la perspective démocratique à Djibouti ? Ce n’est donc pas seulement un accord entre le gouvernement et son opposition armée ?

MA. – C’est ce qui résulte de la lecture de l’accord. Mais il ne s’agit pas seulement de ce dernier accord, il s’agit de deux accords successifs, celui de 1994 et celui de 2001. C’est écrit dans l’accord. Et peut-être même que l’accord de 2001 constitue l’annexe qui était annoncée mais occulte dans l’accord de 1994. L’accord de 1994 annonçait une série d’annexes qui n’ont jamais été publiées, mais aujourd’hui il y a un accord de 2001 qui ne fait pas allusion aux annexes de 1994, mais qui lui aussi fait appel à d’autres annexes qui ne sont pas encore publiées.

LNA. – Espérons que ces annexes ne nécessiteront pas une attente de sept ans supplémentaires et un nouvel accord…


MA. – La réponse vous sera donnée par les parties signataires et par les Djiboutiens en général, en temps opportun, et si les annexes tardent à venir. Mais, en attendant, il faut se garder de tout procès d’intention.

LNA. – Je me méfie de vous parce que vous êtes un redoutable juriste et je ne voudrais pas qu’on s’embourbe dans des notions purement juridiques.

MA. – Ce que vous voulez savoir c’est si cet accord est applicable politiquement ou pas.

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Accord applicable ou pas ?

LNA. – Oui, est-ce applicable politiquement ? Ensuite quelles sont les implications et les ambitions de Me Aref, son apport personnel à la suite du déroulement du processus ?

MA. – Vous posez plusieurs questions en même temps. Pour ce qui concerne la première, c’est encore le citoyen et le militant des droits de l’Homme qui donne son appréciation, aussi modeste soit-elle, de ce qui s’est passé à un moment donné dans son pays, que ce soit en 1994 ou en 2001. J’ai déjà abordé les deux aspects.

La deuxième chose c’est de savoir si cet accord est politiquement applicable ou pas. Je n’en sais rien, je ne suis pas devin. Ce que je sais c’est que cet accord deviendra ce que d’abord les Djiboutiens eux-mêmes en feront ou voudront qu’il soit. Ce que je veux dire par là, et vous aurez sûrement perçu une critique sur mes compatriotes : les Djiboutiens ne savent pas, ou en tout cas n’ont pas su, exprimer ce qu’ils voulaient. Il appartient aux Djiboutiens aujourd’hui, s’ils veulent éviter de replonger dans la même situation et à partir du moment où il y a une volonté politique qui s’est exprimée d’un peu partout et en tout cas des deux belligérants. J’insiste sur ce terme de belligérants, parce que ces accords de 1994 et de 2001 ne sont que des accords conclus entre des belligérants. Le peuple djiboutien ne s’est pas encore prononcé juridiquement et formellement sur ces accords, même si (j’étais présent et j’en témoigne) il y a eu dans Djibouti-ville beaucoup de gens qui étaient satisfaits et soulagés de la conclusion d’un accord. Parce que je ne sais pas s’il y a eu beaucoup de gens qui à Djibouti ont lu l’accord. Mais il n’en demeure pas moins, je l’ai constaté, que le vœu de la population était la conclusion d’une paix. Peut-être même à n’importe quel prix, ce qui était dommage. Mais plutôt que de s’en tenir à ce « n’importe quel prix » qui conduit à un vœu pieux, il faut que la population arrive à exprimer sa volonté, certes par les urnes mais aussi par tous les autres moyens démocratiques et pacifiques. Ça, c’est le militant convaincu des droits humains et aussi l’observateur de la situation internationale qui parle. Je ne vais pas vous citer tous les exemples, ils sont trop nombreux, où la population est parvenue à vaincre un pouvoir dictatorial surarmé qui dépassait de beaucoup la situation djiboutienne. Donc le peuple, s’il le veut, il le peut. Cet accord deviendra ce que la population djiboutienne voudra qu’il soit. Et évidemment aussi ce que les dirigeants djiboutiens voudront qu’il soit. Je ne suis pas devin pour savoir quel sera le degré de sincérité de la population comme des dirigeants djiboutiens. Je ne peux parler, pour le moment, que pour moi-même.

Vous m’avez aussi demandé ce que le lambda Aref fera pour apporter sa contribution. Je l’ai déjà évoqué tout à l’heure, lorsque j’ai parlé des erreurs grossières.

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Décentralisation et système fédéral

LNA. – Mais votre contribution aujourd’hui est seulement professionnelle…

MA. – Non, détrompez-vous, ce n’est pas seulement professionnel. Parce que ceux qui refusent l’accord, en tout cas les critiques que j’ai entendues contre l’accord ne concernent que ces points sur lesquels portent les erreurs. Il m’appartient à moi, comme à d’autres qui ont eu la chance de pouvoir suivre les mêmes études que moi (ils sont peu nombreux à Djibouti), d’intervenir dans le même sens, parce que c’est celui-là juridiquement, il n’y en a pas d’autre, outrecuidance mise à part. Il faut leur expliquer que ce sont des erreurs et que ces erreurs seront forcément corrigées, c’est en tout cas l’esprit qui se dégage de la lecture de l’accord.

Maintenant pour le détail concernant les différents points sur lesquels il faudrait que l’accord soit consolidé. Il y a un volet certainement politique, institutionnel plus exactement, un volet économique et un volet politique et international sur lesquels il faudrait se pencher pour que cet accord soit, à mon sens, un peu plus développé. Il n’est pas indiqué dans l’accord que c’est quelque chose de figé, au contraire, je dis qu’ils ont laissé la place à l’évolution, et c’est très intelligent, puisqu’il y a une commission bilatérale qui va continuer à œuvrer. Il serait très important que tout un chacun et en particulier les partis politiques djiboutiens, il y en a qui sont capables d’un tel niveau de réflexion, apportent leur pierre à l’édifice de reconstruction du pays.

J’ai un certain nombre de propositions. La première c’est que les uns et les autres préparent des projets politiques écrits qui ne se résument pas à des verbiages ou à des vœux pieux, mais des propositions concrètes qui aboutissent à une application précise, comme j’ai tenté de le faire. Le premier élément qui ressort de l’accord, c’est que le Frud et le gouvernement ont convenu, et je le partage totalement, qu’il faut un modèle fédéral plutôt que vertical. C’est vers ce modèle qu’il faut tendre et c’est vers lui que tend l’accord. Ce modèle fédéral tend à prendre en compte la partition géographique, la partition ethnique et assure en même temps une certaine autonomie. Seulement il comporte un certain nombre de défauts, dans le système fédéral lui-même. Quels sont ces défauts ? Cela tient d’abord au fait que si ces entités fédérales ont une autonomie, dit-on dans l’accord, il n’empêche qu’il manque un maillon important, fondamental ; il manque le maillon qui fait la fédération et qui garantit le système fédéral plutôt que vertical au niveau national. Si on veut créer un véritable système décentralisé, il faut aller vers le système fédéral, c’est le sens de l’accord. Mais cela veut dire que pour que votre système fédéral fonctionne, il faut qu’il y ait deux chambres : une chambre des représentants ou des députés et un sénat. On peut garder soixante-cinq élus, en tout ; les deux formant un congrès. La différence entre les deux chambres serait que, par exemple, le sénat serait constitué de vingt-cinq membres, cinq pour chacun des districts (Tadjoura, Obock, Dikil, Ali-Sabieh et Djibouti). Je crois qu’il est superflu de faire une sixième entité que constituerait Djibouti-ville. On pourrait trouver un système dans le genre de celui qui prévaut pour Washington, assez comparable à celui de Paris, mais sans avoir à construire une entité supplémentaire. Pourquoi ? Parce que cela induit des frais de fonctionnement qui sont tellement lourds qu’ils grèvent les budgets d’investissement. Il vaut mieux consacrer l’essentiel du budget à l’investissement, c’est-à-dire au développement économique proprement dit qu’aux frais de fonctionnement.

La chambre des représentants serait, quant à elle, composée de quarante membres. Quant au mode de désignation, pour ce qui concerne le sénat, il y aurait cinq membres par district, dans chacun des cinq districts existant actuellement. Cela signifie que la décentralisation serait à ce moment-là effective. Parce que lorsque chaque district sera représenté à égalité, comme c’est le cas au sénat américain, où chaque état fédéral envoie au sénat deux membres, quelle que soit la population de chacun des États.

Au niveau de la chambre des représentants, la représentation sera proportionnelle à la population de chacun des districts. Je ne dis pas que le mode d’élection doit être la proportionnelle, ce n’est pas cela. La représentativité doit être proportionnelle pour ce qui concerne la chambre dite « basse » et égalitaire au niveau de la chambre haute (au sénat). C’est ainsi que la décentralisation sera complète et donc équilibrée.

Actuellement dans l’accord, fait défaut ce pan important au niveau national. C’est ma critique constructive à l’accord. Les deux parties, je le pense, ne manqueront pas de procéder à ce correctif qui est absolument indispensable. Sans quoi, la décentralisation ne sera que de la poudre aux yeux.

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Indépendance du pouvoir judiciaire

LNA. – Vous avez évoqué le mode de désignation des membres des deux assemblées, mais n’avez pas précisé quel serait, selon vous le plus adapté pour chacune des assemblées.

MA. – Le scrutin majoritaire uninominal à deux tours aurait ma préférence, tout en précisant que je demeure flexible à toute autre proposition permettant une représentation démocratique équilibrée.

Je suis aussi d’accord sur le fait qu’au niveau du pouvoir exécutif, il n’y ait pas de diarchie. Mais seulement au niveau du pouvoir exécutif. Un autre défaut de l’accord, c’est qu’il manque aussi un volet sur le pouvoir judiciaire. Il faut à Djibouti un véritable pouvoir judiciaire. Il n’existe pas, nonobstant les termes relativement creux de « pouvoir judiciaire » dans la constitution djiboutienne, la réalité décrite dans la constitution ne correspond pas à un véritable pouvoir judiciaire. J’entends par pouvoir judiciaire indépendant, un pouvoir dans lequel les juges, les magistrats représentant le pouvoir judiciaire, seront indépendants même vis-à-vis de l’exécutif pour réclamer ou pour présenter un budget. Cela signifie déjà, qu’au niveau budgétaire, ils ne dépendront pas du bon vouloir d’un ministre de la justice qui, lui, a d’autres fonctions à remplir ; ce sera à eux de préparer leur budget, de le décider en leur sein et ensuite de le présenter au pouvoir législatif, quel qu’il soit, tel que je viens de le suggérer ou tel qu’il sera selon les accords. C’est cela qui va constituer un premier pas pour l’indépendance du pouvoir judiciaire. Vous savez qu’en France, il n’existe pas de pouvoir judiciaire. D’ailleurs, la constitution française n’a pas cette prétention, il est inscrit noir sur blanc dans la constitution de la Cinquième République qu’il s’agit d’une « autorité judiciaire » et non pas d’un « pouvoir judiciaire ». Alors qu’aux États-Unis d’Amérique, où il y a un système fédéral et une véritable séparation des trois pouvoirs, le pouvoir judiciaire présente son propre budget au Congrès américain.

Deuxième élément qui fera que le pouvoir judiciaire pourra être vraiment indépendant : il faut créer des juridictions pénales véritablement populaires. En ce sens que le juge professionnel sera là pour dire le droit, pour d’abord arbitrer les débats, pour assurer l’équilibre entre les parties et ensuite va intervenir un jury populaire qui, lui, va délibérer seul, sans la présence du juge professionnel qui, lui, dira les faits. Par exemple, il va statuer sur la culpabilité. Et ensuite, une fois que le jury aura délibéré et si évidemment il décide l’acquittement, l’absence de preuves ou l’absence de charges ; à ce moment-là, le juge n’aura qu’à transformer en termes juridiques l’acquittement, l’élargissement de la personne si elle était détenue, par exemple. Mais si elle est coupable, il lui appartiendra de dire quelles sont les peines qui sont prévues par la loi et quelle est la peine que lui, en tant que juge professionnel, a décidé d’appliquer.

Il est évident que pour les affaires bancaires, maritimes, commerciales, en général, il faudra qu’il y ait des chambres spécialisées et forcément des magistrats professionnels. C’est-à-dire des magistrats qui seront formés et, tant qu’ils ne seront pas formés, il faudra que le pays fasse appel à de véritables professionnels dans chaque matière, pour qu’ils jugent en lieu et place des Djiboutiens en formation. Il ne faudra pas s’amuser à remplacer ces spécialistes extérieurs par des Djiboutiens au rabais. Il faudra que les Djiboutiens fassent leurs preuves pour parvenir à occuper ces postes.

LNA. – Ces tribunaux spécialisés ne sont-ils pas quelque peu des juridictions d’exception ?

MA. – Ce n’est pas ainsi qu’ils sont qualifiés dans les pays développés où ils existent bel et bien. Pourquoi voulez-vous les qualifier différemment sur le sol africain ?
Je sais qu’il y a des magistrats qui ne sont pas du tout pourris, qui sont des gens très bien, moralement comme intellectuellement, et qui peuvent parfaitement accéder à ces formations puisqu’ils ont déjà des formations de haut niveau.

LNA. – Ce n’était pas le sens de la question. Les juridictions d’exception peuvent poser question partout. En France on a contesté par exemple les tribunaux de commerce…

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Nature du pouvoir judiciaire

MA. – …Toujours dans le cadre de la rationalisation des institutions de l’État, il est grotesque pour un pays comme Djibouti d’avoir un conseil constitutionnel, une juridiction constitutionnelle, et une juridiction de type Cour suprême. Il faut que la Cour suprême juge les affaires de nature constitutionnelle, il faut qu’il y ait une seule Haute Cour. Pour des raisons de respect des droits fondamentaux des individus, il faut bien qu’il y ait une première instance et un appel, sauf en matière criminelle. Je sais que la France vient d’adopter un système d’appel, en matière pénale, mais nous n’avons pas les moyens de ce système. Je préfère qu’à partir du moment où un jury populaire est intervenu pour juger les faits, il faut faire confiance à ce jury populaire. C’est une forme de formation de la population à la chose judiciaire. Le peuple ne pourra plus se plaindre du mauvais fonctionnement de sa justice, à partir du moment où il y est intéressé et qu’il y participe. D’un autre côté, quand vous intéressez le peuple et que vous le faites participer au fonctionnement de sa propre justice, il est aussi formé à un vrai civisme. Je ne dis pas qu’il ne commettra pas d’erreur, c’est possible, et qu’on ne vienne pas me balancer à la figure les exemples du type de celui qui s’est produit aux USA, où il y avait une caméra amateur qui avait filmé des agents de police en train de tabasser un noir américain et que le jury populaire les a acquittés. Cela signifie, à ce moment-là, que le système du jury populaire a permis de mettre à jour un dysfonctionnement au niveau de la population. Il y avait un racisme latent qui est apparu ; s’il n’y avait pas eu un jury populaire, on aurait mis un couvercle sur le racisme qui existait dans ce quartier et qui allait jusqu’à permettre le massacre d’un homme. Cette décision du jury a permis d’attirer l’attention, non seulement des pouvoirs publics, mais aussi de l’opinion américaine et internationale sur l’acuité de la question du racisme dans ce quartier. À ce moment-là il appartient aux institutions, aux gouvernants d’apporter une solution. C’est ce qui s’est passé d’ailleurs aux États-Unis. Les institutions doivent aussi servir à révéler les situations pathologiques. Ce que je propose, le jury populaire n’est pas forcément la panacée, nul n’est parfait, chacun peut commettre des erreurs, mais je pense que c’est le système le moins mauvais qu’on ait trouvé pour garantir le respect des droits des individus.

Au sein de la Cour suprême, il doit bien sûr aussi, y avoir une chambre chargée de la Cour des comptes, c’est le cas actuellement. Mais il ne doit pas y avoir un déséquilibre entre la chambre de la Cour suprême, chargée de la Cour des comptes et les autres chambres et en particulier la première présidence de la Cour suprême. La Cour des comptes est entièrement financée par la France et ce qui n’est pas mauvais en soi, mais ce faisant, la France a déséquilibré les choses, puisqu’elle a complètement négligé la présidence même de la Cour suprême, qui du coup est très faible. Il faut que le premier président de la Cour suprême soit un véritable premier président et que les autres chambres soient à sa portée. De façon à ce qu’il puisse remplir ses fonctions de premier président et sa responsabilité sur toutes les chambres, y compris en les présidant lui-même ou en appelant la constitution des chambres réunies pour qu’il puisse marquer avec solennité une jurisprudence dans une matière donnée et dans une situation donnée.

Il faut donc un véritable pouvoir judiciaire qui soit à même, de par son indépendance, sa plénitude de juridiction, d’arbitrer effectivement le système politique et que l’état de droit soit régulé plutôt par le pouvoir judiciaire que par tout autre système aléatoire.

Bien sûr, je n’exclus pas dans la justice, la nécessité d’un ministère de la Justice. Le ministre de la Justice ne doit pas s’entendre suivant la conception ancienne française, je dis ancienne puisque maintenant ce n’est plus cela, les parquets sont indépendants et ils doivent l’être. Moi je pense que d’abord il faut mettre fin à ce déséquilibre entre les parties, surtout en matière pénale, et le pouvoir absolument exorbitant qui est donné aux parquets. Il faut revenir à un système plus équitable où le parquet sera constitué d’avocats professionnels qui auront été choisis pour une période donnée, qui auront passé un contrat avec l’exécutif pour pouvoir assurer le service public de l’accusation. Et lorsqu’ils auront à intervenir, ils seront en bas, avec les avocats, ils ne seront pas sur le même pied d’instal que les juges du siège. Ils ne sortiront pas avec eux de la salle d’audience, ils ne traverseront pas la salle des délibérés. Ça évitera toutes les tentations et toutes les confusions. Ces avocats seront soumis évidemment à la discipline des avocats.
Le ministre de la Justice, lui, sera le patron de la police judiciaire. C’est lui qui va s’occuper des procureurs et donc de l’accusation. Ce sera un super procureur général. À ce titre, il aura la tâche de proposer la politique judiciaire que souhaite l’exécutif au niveau du pays. À ce moment-là les tribunaux trancheront en toute indépendance. S’il estime qu’un texte de loi doit être modifié ou remplacé c’est lui qui fera la proposition. Il ne doit pas être impliqué dans les décisions judiciaires qui doivent être rendues par des juridictions indépendantes.

LNA. – Mais le Ministre n’élaborant plus le budget (aux mains du pouvoir judiciaire), comment peut-il élaborer une politique de justice ? Concertation avec le pouvoir judiciaire ou politique de vœux pieux ?

MA. – Vous demeurez, en disant cela, dans l’ancienne conception française archaïque et dépassée. Aujourd’hui, il est universellement admis que le pouvoir judiciaire doit être indépendant et qu’il doit avoir les moyens de son indépendance. L’exécutif ne doit pas interférer, même par l’intermédiaire d’un ministre de la Justice, dont le rôle doit être et rester politique, par exemple en proposant la modification d’un texte si, en l’état, son application ne lui paraît pas conforme à la politique poursuivie par la majorité en exercice.

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Rompre avec l'aliénation et le clientélisme

LNA. – Et « Aref » là-dedans, il fait quoi ?

MA. – Moi, je suis avocat et avocat ce n’est pas seulement une profession, c’est un état. Là quand je vous parle, je suis l’avocat d’une idée de ce que devrait être mon pays, à mon avis.

LNA. – …Parce que, là, après ce que vous venez de développer, il y avait peut-être pour vous l’opportunité d’un poste de ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, ou encore celui d’un ministre de la Justice…

MA
. – Pour mieux asseoir la pérennité de sa présence et donc de sa colonisation, la France a érigé tout un système reposant sur la création d’une bourgeoisie politico-bureaucratique en propulsant à la tête des administrations politiques des personnes, pour la plupart totalement incultes, n’ayant aucune connaissance, ni aptitude particulière et qui ne doivent leur ascension politique, économique et sociale qu’à la seule position de ministre.

Ayant ainsi tout acquis, y compris une certaine notoriété uniquement liée au seul poste qu’ils occupent et non à leurs aptitudes, à leurs connaissances ou encore à leurs capacités, ces individus n’ont éprouvé aucun scrupule à s’accrocher au pouvoir, allant même jusqu’à s’aliéner corps et âme. Il n’est donc pas surprenant qu’ils soient devenus, comme l’escomptait le colonisateur, les tenants du parti unique, de la dictature, à condition d’en faire partie, et, par voie de conséquence, les plus farouches adversaires de la démocratie des droits de l’Homme, comme de tout développement économique de mon pays. C’est ainsi qu’ils ont érigé le clientélisme en mode de recrutement de l’administration, au mépris d’un système basé sur le mérite, et développé la corruption pour tuer l’économie de marché, dont pourtant les institutions étaient porteuses.
Bien évidemment, ces individus sont devenus immensément riches et ont même réussi à faire des émules au sein d’une jeunesse à peine sortie de l’université et qui n’a rien trouvé de mieux que de vêtir l’uniforme bien seyant et aisé de prédateur de la chose publique. Heureusement que d’autres sont restés honnêtes et profondément attachés à leur pays.

En déclarant clairement vouloir tourner le dos à un tel passé, les accords qui viennent d’être parachevés me semblent rompre avec ce système et j’espère que leur application le confirmera, faute de quoi, les Djiboutiens sombreront dans le plus profond désespoir qui conduira immanquablement au chaos. C’est dire si les Djiboutiens doivent absolument réussir à rompre avec détermination avec tous les systèmes qui ont conduit à la faillite et à un déchirement sans précédent.

Ne faisant pas partie de cette catégorie de bourgeoisie politico-bureaucratique, ne devant mon ascension tant professionnelle qu’économique et sociale qu’à mes seules capacités et qualités intellectuelles et morales, je n’ai jamais considéré la nomination à un poste politique, quel qu’il soit, comme une fin en soi et encore moins comme un moyen de parvenir à une ambition personnelle. Au surplus, je suis farouchement attaché à mon indépendance d’esprit comme d’opinion, autant qu’aux vertus enseignées par l’Islam véritable, ainsi qu’aux valeurs de la démocratie, des droits de l’Homme, du libéralisme économique et du respect de la dignité humaine des travailleurs.
Vous avez donc compris que je ne suis nullement intéressé par un quelconque poste politique.
Néanmoins, il est de mon devoir, comme de celui de tout citoyen, d’apporter ma contribution à la réflexion sur l’édification d’un État de Droit dans mon pays.

Au surplus, les idées que j’ai développées sont partagées par beaucoup de mes compatriotes et peuvent être appliquées sans ma présence au gouvernement, l’essentiel étant que mon pays avance finalement dans la bonne direction. C’est à cet espoir qu’invitent les deux accords, espérance que je ne crois pas être le seul à partager, en dedans comme en dehors de Djibouti.

LNA. – En l’état actuel du fonctionnement des ministères à Djibouti, on n’en est pas encore à des réformes de l'ordre de celles que vous décrivez. N’allez-vous pas un peu vite en besogne ?

MA. – Non, puisqu’il est dit « plus jamais ça ». Les choses doivent changer. Il faut donc être constructif et faire des propositions. Mes propositions valent ce qu’elles valent, une simple réflexion, et demeurent, en tout cas, dans l’esprit des accords Frud-gouvernement, auxquels j’adhère, avec les précisions que je vous ai livrées. En aucun cas je n’ai prétendu ni ne prétends détenir la vérité.

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(1) Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie, ex-opposition armée.
(2) Président de la République de Djibouti.
(3) Président du Frud.

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Note de l'ARDHD : Nous publions avec précaution, compte-tenu des affirmations, les commentaires des lecteurs, car il est juste que chacun puisse donner son avis, sous leur entière responsabilité

C'est de la diversité que surgit l'équilibre ... Mais le rôle de notre bulletin est de veiller en priorité à la situation des Droits de l'Homme et d'informer sur les risques latents ; il n'est pas de s'apesantir pour faire le procés ou pour dresser l'éloge d'une personnalité en particulier. C'est la raison pour laquelle, comme nous l'avions déjà fait le 25 mars 2001 (bulletin 41), sauf nouvelle d'actualité, nous ne publierons plus aucun commentaire sur la personne de M. Dini. L'essentiel nous semble avoir été écrit... Nous espérons que M. Dini ait pu lire les messages que vous lui avez adressés. Il y aura certainement trouvé des enseignements, des propositions constructives et aussi des réactions à son Droit de Réponse. Ces réactions traduisent avant tout l'inquiétude des Djiboutiens au regard de l'application effective des accords du 12 mai et de la suite. IOG saura-t-il lui aussi entendre les appels ? Rien n'est moins sur ...

Nous avons reçu des réactions au commentaire ci-dessous et nous les publierons. Nous précisons que nous n'en sommes pas l'auteur et que le lecteur s'est exprimé, comme c'est la règle, sous sa seule responsabilité.

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Monsieur Dini,après avoir incarné l'espoir de tous les Djiboutiens brimés par une dictature aveugle et brutale vous être devenu vous-même le valet d'un regime que vous faisiez semblant de denoncer il n'y a pas si longtemps.Tout ceci était donc pure comédie ?

Tous ces combattants morts, ces civils assassinés par la soldatesque barbare, était-ce pour en arriver à la plus humiliante des défaites, celle qui se monnaye en espèces sonnantes et trébuchantes ?

IOG criminel hier, l'est plus encore aujourdh'hui et vous risquez demain d'être à ses côtés au TPI.

Ahmed

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23/06/01 Ahmed DINI "L'escroc"
HALTE A LA VENTE DE LA DIGNITE ET DE LA FIERTE !

Nous avons appris par des éléments du FRUD à Djibouti, qui sont opposés à M Dini, qu'Ismaël Omar Guelleh a offert 1.000.000 $ pour la démobilistation. 1.000 $ ont été donnés aux 700 résistants du FRUD que M DINI a réussi à convaincre de déposer les armes soit 700.000 $. Trois cent démobilisés seront intégrés dans les forces armées de Djibouti et dans la Police mais sans aucune responsabilité.

MM. DINI et CHEHEM DAOUD devraient se partager la différence (1.000.000 $ - 700.000 $ = 300.000 £) soit 150.000 $ pour chacun en remerciement de l'accomplissement de leur mission. Tous leurs biens devraient être exonérés de taxes à Djibouti jusqu'en 2002.

Le pire, c'est que DINI est venu la semaine dernière à Bruxelles et qu'il a été reçu par Moussa CHEHEM, l'Ambassadeur de Djibouti en Belgique. Ils devaient se rendre à la Communauté européenne pour défendre la cause de Guelleh afin de faire débloquer une aide financière en faveur de Djibouti, au motif du financement de la reconstruction du Nord du pays, ravagé par la guerre.

En fait, on voit apparaître ici plusieurs points de contradiction en ce qui concerne la personnalité de DINI.

1°) Il est surprenant qu'il ait accepté en quelque sorte de vendre les combattants du FRUD, un peu comme s'il s'agissait de bétail. C'est en discordance complète avec son discours officiel.

2°) Nous sommes surpris qu'il se rende à l'U.E. pour défendre IOG, alors qu'il y a quelques mois, lors de l'affaire BORREL, il affirmait qu'IOG et GOULED aurait pu avoir ordonné l'assassinat du juge. Cf un entretien entre M Aloumekani et M Dini à la gare de Bruxelles.

3°) Il est aussi curieux que M DINI se promène en compagnie de M Moussa Chehem alors qu'il affirmait encore, il y a un an, que ce dernier était issu d'une tribu de base, qui n'était même pas AFAR ....

Nous considérons qu'Ahmed DINI s'est toujours comporté comme un irresponsable et que c'est certainement la raison pour laquelle il a essuyé autant d'échecs.

Il a toujours été anti-français, tant avant l'indépendance qu'après. Aujourd'hui, pour tenter de faire oublier la faute politique grave qu'il a commis en signant les accords du 12 mai 2001 (et qu'il regrette déjà en privé, selon des témoins) il crie partout pour dire que c'est l'Ambassadeur de France qui a exercé une pression sur lui. Il est méchant, tribaliste et haineux. Il est responsable, en partie, de la dégringolade économique de Djibouti et en échange, il n'a rien obtenu ....

Certes à titre personnel, il va pouvoir rentrer tranquillement à Djibouti avec 'sur la conscience' tous les morts 'devenus' inutiles (militaires, FRUD, population civile) plus la destruction aussi inutile désormais du Nord du Pays.

Sa haine s'exerçait contre Gouled. A-t-il oublié que Guelleh est le neveu de Gouled et que les ennuis ne sont jamais terminés avec lui ? Le facteur temps joue contre tous ces hommes.

Monsieur Dini, nous vous attendons dans quelques mois, quand vous appellerez au secours, comme vous l'avez déjà fait à plusieurs reprises. Mais cette fois, vous risquez que personne ne vous écoute.

X. (lecteur)
Canada

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LA LETTRE DE L'OCEAN INDIEN - 23/06/2001
DJIBOUTI - Le blues des militaires
La récente visite à Djibouti d’une délégation d’officiers supérieurs du ministère français de la Défense a donné l’occasion aux autorités civiles et militaires djiboutiennes de se plaindre du repli des Forces françaises de Djibouti (FFDJ) sur leurs bases militaires (LOI n°947). (...). [Total : 394 Mots].

LA LETTRE DE L'OCEAN INDIEN - 23/06/2001
DJIBOUTI - Le coup de pouce d’Ahmed Dini
Tous les six mois, le président du Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD, ex-rebelles Afar), Ahmed Dini doit se rendre à Paris pour des examens médicaux. (...). [Total : 264 Mots].

Selon LOI, comme nous l'avions indiqué dans un bulletin précédent, les raisons médicales invoquées par Ahmed Dini pour son déplacement auraient été officielles. Il serait intervenu, en faveur d'IOG, auprès du directeur Afrique du ministère des Affaires étrangères, Jean-Didier Roisin, et à Bruxelles, apurès du directeur du bureau du développement de la Commission européenne, Christian D. Falkowsk. Le but des entretiens de DINI aurait été de convaincre la France et l'UE de débloquer des fonds pour la démobilisation des résistants du FRUD. Guelleh tardant en effet à démobiliser les hommes ... et manquant toujours d'argent ...

AFRICA ENERGY INTELLIGENCE - Edition française - 20/06/2001
ETHIOPIE/SOUDAN - Signature d'un accord de coopération pétrolière
Le ministre de l'energie et des Mines soudanais, Awad Ahmad Al-Jaz , et son homologue éthiopien du secteur des mines, Izz al-Din Ali , ont signé le 14 juin un accord de coopération dans le domaine pétrolier. (...). [Total : 108 Mots].

AFRICA ENERGY INTELLIGENCE - Edition française - 20/06/2001
DJIBOUTI - Lentes négociations dans la géothermie.
Le gouvernement a engagé des discussions préliminaires sur un éventuel projet de géothermie qui traînent un peu en longueur. (...). [Total : 137 Mots].

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22/06/01 Y-a-t-il une paix véritable.
Plusieurs personnes nous signalent des incidents/accrochages entre le Frud et l'AND dans le Nord....

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22/06/01 Quand la police et l'armée deviennent la milice
d'un régime et d'un paranoïa
(Lecteur)

Normalement dans un pays, la police, la gendarmerie et l'armée ont des rôles différents dans le pays et dans la vie quotidienne des citoyens. La première assure ce qu'on appelle la sécurité publique ou l'ordre public dans les ville; elle intervient dans les accidents de la circulation, les bagarres entre groupes rivaux, elle encadre les manifestations, autorisées sur la voie publique. Je rappelle que c'est un droit reconnu par la constitution. La police ne peut pas interdire.

Elle suprevise l'enquête quand il y a meurtre, des affrontements entre les individus ou les familles dans les quartiers, surtout populaires. Les autres quartiers sont tranquilles et donc elle n'a pas sa place. Elle n'existe pas. Car les résidents de ces beaux quartiers sont des responsables, des hommes et des femmes dignes, respectueux de l'ordre, moral et politique. Et la police n'a donc rien à faire. Elle veille plutôt au repos des "gens bien" en interdiant l'accès ou la circulation des intrus, des suspectés d'actes de tout genre toute la journée.

Or ce décor paradisiaque cache le revers sombre d'un groupe corrompu, composé d'assassins, de meurtriers, qui vivent sur l'extorsion des biens publics, des biens qu'ils extorquent par la force de la loi, des lois inhumaines, les efforts physiques et moraux des gens simples. Et la police appuie les decideratas de ce groupe ignoble et inculte. Les décisions d'arrêter des personnes, des opposants, d'éliminer physiquement telle ou telle personne vient de ce groupe, malfrat, occulte et inculte. En se tournant vers le peuple, celle-ci laisse libre cours à tous les actes ignobles et mafieux de ces bandits, de ces criminels qui se drapent d'une légitimité inexistante.

La police constitue une barrière de protection.

Les méthodes de la police sont affinées pour créer des aveux à ce qui ne peuvent corrompre, c'est-à-dire participer au système, lequel se substitue au cadre constitutionnel et institutionnel légla qui doit protéger les citoyens contre le non-respect de leurs droits et libertés dits constitutionnels. Oh, parler de tels droits et libertés dans ce pays, c'est vivre dans une autre planéte. Il y a une limite d'entendement posée par le dictateur, limitée inconnue des gens. Ce serait quand même bien de prévenir ou avertir les gens.

Sur ordre du dictateur ou de ses amis, elle arrête une personne, quel que soit son statut social et surtout à partir du moment où elle s'oppose, elle refuse de se taire et/ou de collaborer, avec brutalité. Oui avec brutalité comme si cette dernière menace avec des armes comme un terroriste. L'action brutale démontre l'illégalité des actions des miliciens qui se drapent du statut de policier. La police ou la milice sous couverture de police est forcément à la mesure de la nature du régime honni qui étouffe le peuple.


Quant à la gendarmerie, son rôle est bizzare. Je n'ai jamais compris le but de son existence. Il paraît qu'elle mène des enquêtes, dite judicaires, c'est-à-dire qu'elle travaille avec la justice, non avec l'ignoble injustice elévée en institution publique. Mais qui est en fait, une institution des corrompus, des fascistes, des criminels, des malfrats... des innomables. Comment travaille-t-elle? Tout part d'une affaire, comme on dit pour cacher la violence de la gendarmerie. Une affaire, c'est souvent une personne ou plusieurs personnes à qui on leur implique un ou des actes auxquels elles sont souvent étrangères. Le principe d'innoncence n'existe pas pour ces gens qui sont payés au nombre d'affaires qu'ils traitent par jour et des actes macabres qu'ils opèrent.

L'affaire, c'est aussi une manière de fabriquer des coupables fictifs pour couvrir les vrais responsables, qui sont les dirigeants et les courtisans, qui agissent en permanence dans la fraude. Oui, les gens simples paient pour les fascistes, les vrais responsables. Bizarrement, les affaires dites de justice touchent que les pauvres, les opposants, ceux qui refusent de payer la dîme au dictateur. Pourquoi? Parce la police comme la gendarmerie ne vont jamais s'aventurer auprès de ces monstres froids.

La gendarmerie dans ce pays est une étape "importante" de la justice. Celle-ci condamne aveuglement les personnes arrêtées sans motif valable. Ses enquêtes concluent toujours une inculpation d'office des innocents. Le juge ne peut pas dire la contraire, il ne peut pas s'opposer à la volonté des gendarmes, sinon comment expliquer le nombre de personnes arrêtées et conduites directement à la sinistre prison de Gabode dont elles ne savent pas si elles peuvent avoir la visite de leurs familles, si elles seront un jour jugé, purger une peine injuste ou tout simplement sortir vivantes de l'enfer du dictateur.

Compte tenu de sa méthode de travail, la gendarmerie est l'autre pilier de la répression aveugle et inhumaine du régime et de son chef. Un fait à retenir, la nomination à la tête de celle-ci d'un coussin d'IOG, ancien chef de la sécurité présidentielle, Mahdi Cheik Moussa, explique tout sur ce corps. Ce dernier a succédé à un autre tortionnaire Hoche, sans doute disparu prématurement, mais après avoir accompli des missions exécrables pour le régime.

Finalement, police et gendarmerie agissent contre les gens simples, contre les innocents.

Ceux-ci sont des suspects potentiels et mêmes les vrais coupables d'actes fictifs pour une police aveugle, qui a une vision bloquée et dirigée dans un sens unique : le peuple. A défaut d'atteindre les vrais couples, ceux qui créent les situations conflictuelles, police et gendarmerie se retournent contre les faibles, ceux qui ne peuvent même pas résister, car ils n'ont plus la force de s'opposer et compte tenu des moyens qu'ils disposent. La peur d'une répression plus violente décourage les gens. Oui contre des gens qui ne sont impliqués de rien, vraiment de rien du tout. Elles s'appuient, non, mieux elles créent et inventent des faux témoignages, des aveux forcés à coupd de pression physique, à coups de matraques sur le corps, à coups de torture ignoble. Les policiers et les gendarmes détruisent les preuves de leurs agissements illégaux.

Des hommes, des femmes et des enfants, des jeunes, des vieux et vieilles sont arrêtés illégalement par qu'on appelle les forces de la police nationale, FNP. En ajoutant un autre P au sigle, ça donne cette signification juste Fédération Nationale de la Protection des Pourris, FNPP. Oui, c'est le bras policier du système, du dictateur.

Une police qui pourchasse les gens simples, les innocents, qui charge les manifestants pacifiques, qui les tue comme les habitants d'Arhiba ou encore le jeune collégien d'Ali-Sabieh, qui violente les opposants et leurs familles , qui espionne même les morts est en fin de compte une milice. Oui la police djiboutienne joue quotidiennement et publiquement le rôle d'un groupe, d'une milice sans loi, ni foi. Des individus qui sont payés au nombre de rapts, des coups qu'ils portent à tel homme ou telle femme. Des individus qui ont peur l'un de l'autre. Des paranoïas.

Ceci est le comportement d'une milice.

Ce qu'on appelle police renforce depuis 10 ans sinon plus le sale boulot de la milice que dirige I.O.G. avec son frère, feu Idriss. Elle est plutôt soumise à celle-ci jusqu'à se confondre finalement. Le travail de la police se réduit donc à celui d'un groupe de fascistes. Dès lors, la FNP se confond avec la milice clanique dont la tâche première est d'écraser davantage ceux qui s'opposent, ceux qui demandent leurs droits minimum : vivre en paix. Elle écrase le peuple, détruit le tissu social, anéanti donc tout développement socio-économique et culturel. Quand une milice contrôle tout, tout disparaît, il y a que des fantômes qui agissent. On vit dans une société où un génocide à petite échelle se réalise à huits clos. Comment qualifier le massacre des habitants d'Arhiba en 1991? Quid les destructions opérées dans les villages au Nord du pays entre 1991 et 1999.

Le nombre d'affaires que les agents de la police et de la gendarmerie, milices bis, sont impliquées s'est considérablement accru depuis une dizaine d'années, il est lié au nombre de morts dites suspectes ou inexpliquées, aux personnes disparues jusqu'à nos jours. Je pense la mort par exemple du père d'un ancien président de la Ligue Djiboutienne des Droits del'Homme en 1993, un Monsieur comme on dit sans histoire. Sa faute était d'être le père d'un homme qui cherchait le respect de la dignité humaine. Les arrestations opérées illégales par des gens cagoulés dans les demeures privées se sont multipliées. Celles qui sont conduites dans des conditions inhumaines sont conduites dans des commiseriat de police ou de gendarmerie. La cagoule cache souvent des miliciens et le commiseriat un lieu de torture.

Mais la confusion n'est pas seulement avec ces deux corps de l'Etat. L'armée dite nationale constitue une pièce importante de l'édifice milien du régime autoritaire.

Normalement, l'armée doit, selon l'entendement populaire, défendre le pays en cas d'agression extérieure, faire la guerre aux armées étrangères et aux rebelles. Mais depuis quand existe une normalité pour ne parler de légalité dans cette société. Comme la police et la gendarmerie, l'armée nationale djiboutienne, AND, mène une guerre contre le peuple. En fait, plus qu'une armée nationale, c'est une Association des "Nausséeux" de la Dictature, AND. Oui elle donne la nausée aux gens simples. Une armée qui se retourne contre son peuple n'est pas digne de ce nom; elle n'est ni plus ni moins une milice dangereuse, fasciste et exécrable. Il est prouvé par les témoignages concordants des gens qui ont vu, ont assisté des exécutions sommaires des personnes, dont la seule responsabilité - oui c'est une inculpation pour un régime autoritaire et sa milice- était d'être des gens de la région à un mauvais moment. Mais elles sont dans leur pays, ce ne sont pas des "bandits étrangers" comme dit l'autre. Leur faute, c'était d'être des Afars, qu'une milice armée considére des ennemis à éliminer. Ceci est vrai, il ne résulte pas de communiqués du Frud ou d'autres sources. Non, ce sont les propos des honnêtes gens, qui n'ont pas la possibilité de diffuser les actions horribles qu'elles subissent tous les jours de la part d'une bande d'étrangers qui occupent leur pays. Oui, cette armée est composée de bandits venus d'ailleurs. Ce ne sont pas des bandits nationaux opposés aux bandits étrangers.

Celle milice est aussi dirigée par I.O.G. C'est sous ses ordres qu'elle agit, qu'elle a un libre arbitre pour commettre des actes odieux, macabres... Elle est responsable des viols des femmes, des jeunes filles, des mineures. Oui il y a des pédophiles dans cette milice. Elle est aussi responsable de la destruction des biens privés, des villages, de la contamination des puits d'eau dans les zones de guerre. Une guerre contre une guérilla ne justifie pas tout. Des civils sont traités de façon pire que les ennemis, ceci est le travail d'une milice, contrôlée ou incontrôlée qui se donne pour tâche d'éliminer qui elle veut, tout ce qu'elle croise sur son chemin.

Police, gendarmerie et armée dites nationales, mais qui destruisent l'individu qu'elles doivent servir d'abord, sont bel et bien des organisations criminelles. Des organisations qui propagent la haine dans la société, qui détruisent les valeurs d'hospitalité, d'accueil du prochain, du respect de la personne humaine. Valeurs oh combien importantes dans la vie en société.
Ces milices sont dirigées et contrôlées par un personnage odieux, ignoble et paranoïc. Les responsables de celles-ci connues comme le Général Zakaria ou encore le Colonel Mahdi Cheik Moussa. Ce sont des criminels, on doit les poursuivre pour crimes contre l'humanité.

Un lecteur

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22/06/01 Je partage totalement l'analyse de Areyta sur la question du groupe occulte qui dirige la République de Djibouti.

Cela fait depuis longtemps que la pays est dirigé par des hommes inconnus du public. Certains élus, je dirais beaucoup d’entre eux sont en marge d’un sous-système qui commande, contrôle, détourne, presse la justice à condammer des innocents pour ne pas les toucher, opprime la majorité silencieuse, contracter tout type d'affaires (les déchets industriels des pays européens) pour s'enrichir plus. Ce sous-système est constitue par un petit groupe d’une dizaine d’individus, de corrompus de haute volée. Outre le principal dictateur du pays IOG, on trouve des obscures individus dont on se demande le véritable rôle qu’ils jouent dans l’appareil étatique. Je pense au Directeur de l’EDD, M. Ali Djama Guelleh, qui a présidé une commission mise en place après l'accord du 26 décembre 1996 relativement aux questions de reconstruction du Nord affecté par la guerre. Quel a été réelement son rôle? N'avait-il pas d'autres, mieux qualifiés et au fait des réalités du terrain? On peut ajouter d’autres noms encore à la liste très fermée du cercle des occultes et incultes qui dirigent véritablement le pays.

C’est un groupe qui se renouvelle très peu. On trouve les mêmes individus depuis le début. Mais pour faire perdurer on "intégre" ou recrute des nouvelles personnes, acquises aux "valeurs" du groupe, qui sont essentiellement : la violence, l’injustice, l’assassinat et bien entendu le détournement des fonds publics. C’est ainsi qu’on trouve des éléments du Frud-fraction gouvernementale et notamment le ministre de la Défense.

Ce groupe est une de secte d’une autre nature, constituée et liée au pouvoir politique et économique. Le succès d’un homme d’affaires, pour utiliser une expression communément employée comme Abdourhaman Boreh – mais il y a d’autres aussi qui sont vraiment des prête-nom – dépend de son allégeance et de son appartenance à cette secte. Celle-ci est ni plus ni moins un mini-cabinet, spécialement conçu pour maintenir la pieuvre sur les institutions politiques et privées.


Areyta donne l’exemple du ministre de l’économie et des finances, Yacin E. BOUH. Et il a raison de l’inclure dans ce groupe. Celui-ci est coopté dès son retour en France (il a étudié le droit public à Nantes ) par les leaders du système. Sa nomination, qui paraissait anodine, à l’ancienne caisse des prestations sociales comme Directeur général, est en fait un acte calculé. On va dire prémédité. Il est impliqué dans plusieurs affaires de détournement de fonds publics. A Djibouti, on ne parle d’inculpation pour les hommes politiques en fonction alors que compte tenu de l’engrenage de la corroption à tous les niveaux de l’appareil étatique il y a plus qu’un soupçon qui pèse sur les alimentaires qui portent des titres qu’ils ont "extorqués".

Yacin E. Bouh, "l’animal sauvage qui monte" comme l’appelle la sagesse populaire, execelle plus que son chef dans les méthodes de détournement de fonds publics et les protections qu’il s’assure par la suite. A chaque révèlation faite par la presse de l’opposition sur ses activités douteuses, la justice répond de façon rapide et efficace pour "laver" l'honneur du corrompu, qui monte en puissance. Je pense à la dernière affaire un prêt de 6 millions de FD. Non, Monsieur s'est servi directement dans la caisse. Comme le faisait le dictateur IOG ou Hassan. Je rappelle pour mémoire que celui-ci avait vendu à la direction de la caisse des prestations sociales le bâtiment qu’elle occupait. Du jour au lendemain, ce bâtiment normalement du patrimoine public de l'Etat devient un immeuble privé. Le propriétaire déclaré devient ministre, pas n’importe lequel celui de l’économie et des finances. Poste juteux, allez-vous me dire. Tout à fait. Un tel homme ne peut être laissé en dehors du groupe occulte. N'oubliez pas le conflit qui avait opposé entre un ancien Directeur du Trésor, un certain Ahmed et le dictateur IOG, quand celui-ci n'était qu'un oscure conseiller. Il a été remerciá de la manière la plus brutale : emprisonnement et retrait de son passeport.

L’existence d’une telle secte n’est pas vraiment nouvelle dans la classe politique et dans le milieu économique. Le dictateur IOG en est un parfait symbole de celle-ci. Outre son rôle de conseiller du vieux maladif (quel type de conseiller lui prodiguait-il?), il avait tout le loisir de s’occuper des activités illicites, très suspectes et dangereuses : le renseignement ou ce qu’on appelle le secret permettent la constitution d’un réseau de mafieux par exemple. La pègre n’existe pas qu’en Italie ou en Europe centrale et orientale.

On sait le grand conflit qu’il y a avait eu au tout début de la naissance de la République bannière entre l’arrogeant Hassan et les premier ministres Ahmed Dini et Abdallah Kamil. Le refus de reconnaître des vrais pouvoirs constitutionnels à l’occupant de la primature s’explique par l'action et la puissance de la piègre, qui avait pris pied dans les institutions de la période coloniale. L’existence du Premier ministre est inscrite depuis cette époque dans une sphère symbolique : répartir au yeux du public un pouvoir très concentré. Le vrai "gouvernement" est invisible. En même il est partout.

Qui faisait la composition des époques ministérielles vers la fin des années 1980? Comment se faisait la constitution des listes des députés "adoptés"? Y avait-il réellement une discussion au sein du parti, même formelle? Pourquoi des ministres influents, faisant partie de cette pègre, n’ont pas été nommés avant la victoire volée du dictateur IOG?

Les réponses à ces questions nous donnent en partie des informations sur l’existence indiscutable de cette secte dont le principal objectif est de détourner les biens publics et de détruire les efforts des autres.

Donc à mon avis, le fait que le premier bénéficiare de la secte, IOG en personne, soit à la tête de la République bannière, depuis 1977, constitue un obstacle majeur pour qu’un premier ministre joue bien son rôle de chef d’orchestre d’une équipe, et que les ministres aient aussi une réelle compétence dans son domaine, qu'ils ne soient pas des superexécuteurs des ordres venant d'ailleurs. Bref que le ministre, lui même alimentaire, n'ait pas peur de perdre son poste. Areyta a raison de dire que "le gouvernement étant réduit à être une structure de forme, il va sans dire que les décisions fondamentales pour le pays ne transitent jamais par lui au moment d'être prises". La frustration de Dileyta ne peut qu’être une évidence.

Je ne crois que ce Areyta décrit, avec justesse, conduise vraiement "vers une crise institutionnelle". La crise institutionnelle est un fait permanent du système politique de ce pays. Le système politique djiboutien, ainsi contrôlé, a toujours su surmonter les crises institutionnelles qui se sont posées.

Maintenant, la question intéressante, à mon avis, est de savoir si l’actuel premier ministre va-t-il continuer à être l'objet d'un tel gouvernement occulte, un potiche? Ou va-t-il démissionner, auquel cas dira-t-on, il n’a jamais appartenu à cette secte? (encore qu’il faut être prudent dans ce genre de question). La deuxième solution serait salutaire dans la mesure où elle mettrait à nu le dictateur IOG, qui n’a pas de légitimité populaire, ni une légitimité politique.

Les accords de paix ne fabriquent pas une légitimité qu’on n’obtient pas par d’autres moyens plus honnêtes.

Un lecteur

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23/06 L'Union adopte une position commune sur la Cour pénale internationale


Thème politique: Affaires générales
Type d'information: Communiqués de presse

Le 11 juin, le Conseil des ministres a adopté une position commune sur la manière dont l'Union soutiendra la Cour pénale internationale (CPI). L'Union entend entre autres prêter son aide à d'autres États dans les travaux qu'ils fourniront pour ratifier et appliquer le Statut, par ailleurs soutenir les efforts visant à mettre en place la Cour à proprement parler et enfin aborder la situation de la Cour pénale internationale dans ses contacts bilatéraux avec d'autres États et
organisations.

La Suède, avec le soutien du Conseil nordique et dans le droit fil de la position commune, a organisé les 13 et 14 juin une réunion d'experts rassemblant des participants des pays baltes et scandinaves ainsi que de Pologne. Les participants ont notamment discuté de l'incidence que le
Statut de Rome peut avoir sur les législations pénales nationales. La Cour ne peut par exemple intervenir dans le cas où un État est disposé et a la capacité à instruire des crimes et à les sanctionner. Tout État adhérant au Statut se doit donc d'adapter sa propre législation pénale de manière à rendre la chose possible.

À la réunion s'est dégagé un large consensus sur la manière dont le Statut doit être appliqué. Il y a été souligné que l'on a souvent achoppé sur des problèmes similaires au cours des travaux ayant permis l'intégration d'une législation se conformant au Statut. Tous les États participants en sont rendus loin dans leur travail législatif.

S'appuyant sur ses travaux en faveur des droits humains, de la paix et de la sécurité, l'Union a soutenu le processus ayant débouché sur la création de la Cour pénale internationale. Cette dernière, qui sera habilitée à juger crimes de guerre, génocides et crimes contre l'humanité, constituera une arme dans la lutte contre l'impunité de ces crimes. Cette Cour permanente pourra également être utilisée par le Conseil de sécurité des Nations Unies, rendant ainsi inutile la création de nouveaux tribunaux temporaires.

Adopté le 17 juillet 1998, le Statut de Rome de la CPI a été signé par 139 États et ratifié par 32. On s'attend à ce que son entrée en vigueur puisse s'effectuer dans l'année à venir, après que 60 ratifications aient été enregistrées.

Le gouvernement a décidé le 14 juin de ratifier le statut de la Cour, l'instrument de ratification devant être remis à New-York la semaine prochaine.


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L'HOMME
OU LA FEMME
DE LA
SEMAINE.

Dans cette rubrique nous signalons à l'opinion internationale, celle ou celui qui s'est distingué(e)
- soit par son zèle pour soutenir la dictature,
- soit en violant les Droits de l'Homme : cruauté, tortures, exécutions sommaires, emprisonnements arbitraires, viols, assassinats, destruction de cheptels ou de point d'eau, destruction d'écoles ou de centres de soins, etc. .

Auront-ils à répondre un jour de leurs actes
et de leurs crimes
devant un tribunal pénal international ?


Rappel des personnages
déjà "élus" :

LA LIBERTÉ N° 17 -
Mme LEILA,
juge d'instruction

LA LIBERTÉ N° 19 -
Omar FARAH,
gendarmerie d'Ali Sabieh

LA LIBERTÉ N° 29 -
Le général Yacin YABEH,

LA LIBERTÉ N° 32 -
Le directeur de la Prison de Gabode,

LA LIBERTÉ N° 33 -
Ali Mohamed ABDOU,
procureur général

LA LIBERTÉ N° 35 -
Mme Hawa Ahmed YOUSSOUF
Ministre déléguée conjointement avec
M. Le Représentant de l'UNICEF
à Djibouti.

LA LIBERTÉ N° 36 -
M Ibrahim Idriss DJIBRIL,
Ministre de la Justice, conjointement avec M Mohamed Ali ABDOU, procureur général de Djibouti (2ème nomination)

BULLETIN N° 4 -
Lieutenant GUELLEH de la FNP

BULLETIN N° 7 -
Le responsable des forces de police
qui a donné l'ordre le 24 juin de tirer à balles réelles sur Daher Guedi FOUREH.

BULLETIN N° 16 -
M Yacin Elmi BOUH,
Ministre de l'Économie et des Finances.

LA LIBERTÉ bulletin N° 23 -
M. Yacin Elmi BOUH,
Ministre de l'Économie et des Finances (2ème nomination)

LA LIBERTÉ bulletin N° 28 -
Monsieur Abdallah Abdillahi Miguil,
Ministre de l'Intérieur

LA LIBERTÉ bulletin N° 29 -
Monsieur MOGUEH,
Ministre délégué aux affaires musulmanes

LA LIBERTÉ - bulletin N° 32 -
Madame Nima Ali Warsama,
Juge d'instruction

LA LIBERTÉ - bulletin N° 36
Monsieur Ali Mohamed Daoud -
Ministre de l'Agriculture et du développement rural.

LA LIBERTÉ - bulletin N° 37
Le Lieutenant-colonel Abdourahman Ali Kahin,
Chef du groupement de police du district de Djibouti.


LA LIBERTÉ - bulletin N° 40
Le procureur IBRAHIM,

LA LIBERTÉ - bulletin N° 42
M. Idriss Arnaoud Ali, Directeur de Publication du Journal le Progrès, Président de la Commission Permanente de l'Assemblée Nationale et Secrétaire Général Adjoint du Parti RPP.

LA LIBERTÉ - bulletin N° 43
le Président Saïd Mahamoud Abkar, Cour criminelle de Djibouti.

LA LIBERTÉ - bulletin N° 48
Hassan dit "Modaubé"

Directeur adjoint de la Police politique.

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Les principaux responsables
d'actes de torture
à Djibouti.

En attendant que la justice pénale puisse instruire les plaintes des victimes de mauvais traitements, de spoliation, de viols, de torture et d'emprisonnement arbitraire (...), nous rappelons à l'opinion publique internationale les noms des tortionnaires qui ont été le plus souvent cités par les victimes.

- Colonel
Mahdi Cheikh Moussa,
- Colonel
Omar Bouh Goudade

- Lieutenant-colonel
Hoche Robleh


- Commandant
Zakaria Hassan

- Lieutenant Ladieh
- Lieutenant Mohamed Adoyta
- L'aspirant Haroun
- Le sous-officier Naguib
- L'adjudant Tane
- Kalifa
- Wagdi

Certains se seraient déjà réfugiés à l'étranger (USA et Canada) sous de fausses identités, mais ils sont placés sous surveillance, par les polices locales.

Nos informations sur la torture à Djibouti et les récits des victimes

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L'Ordre des
Brosses à Reluire
réunit les meilleurs chantres du régime dictatorial

Bulletin n° 44
Mahdi Ahmed Abdilahi au grade de Cireur de Pompes - Premier échelon

Bulletin n° 45
Monsieur Ali Abdi, Ministre des Affaires Etrangères au grade d'hyène fonceuse - Premier échelon

Monsieur Johar, Ministre du commerce au grade d'hyène repue - Premier échelon