LE RENOUVEAU 361
du Jeudi 1er Juin 2000
Organe d'information du PRD

Diffusion par l'ARDHD
Directeur de publication : Daher Ahmed Farah
Rédaction - Administration :
Edité par la Commission Communication du Parti
Avenue NASSER tel :35 14 74 B.P : 3570
Tirage : 1500 exemplaires . Dépôt Légal N°365

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LE RENOUVEAU
N° 361 du Jeudi 1er Juin 2000


SOCIETE

LE PEUPLE EST EN COLERE ET LES BUS EN GREVE

Le peuple djiboutien, écrasé de chaleur en ce début d'été caniculaire et en proie aux affres de la misère que lui impose la mal-gouvernance, souffre en silence. Il ne cesse de scruter l'horizon pour y déceler le moindre signe d'espoir. Il espère un changement et attend beaucoup des négociations en cours entre l'opposition et le régime dans le cadre de l'accord-cadre signé le 7 février 2000 à Paris. Il regarde, sceptique, ce que le pouvoir appelle " conférence de réconciliation somalienne " et qu'il conduit à huit clos à Arta. Il voit et entend ce que le régime veut bien lui en dire. En le croyant d'autant moins qu'il connaît le système RPP.


Sans cesse, il se prend donc à rêver la fin de ses souffrances. Tant il est vrai que sapatience est à bout.


Et voilà que la science infuse du régime lui assène, tel un coup de massue, une hausse substantielle du pétrole lampant et du gasoil de 12 francs le litre décidée en même temps qu'une autre augmentation, de 5 francs celle-là, pour le super, ce qui n'augure rien de bon pour le prix de la place de bus et le coût du combustible domestique.
Alors, il explose de colère. Il sort dans la rue, brûle des pneus sur les chaussées, se répand en slogans hostiles au pouvoir et perturbe la circulation routière. Ou du moins ce qui en reste, car bus et mini-bus expriment aussi leur colère par un mouvement de grève suivie à 100%.


En effet, les mini-bus et bus du pays lancent une action de grève mardi 30 mai 2000. Aucun véhicule de transport en commun ne circule chargé depuis lors. Les habitués, ceux et celles qui se déplacent en bus, c'est-à-dire vous et nous, soit l'écrasante majorité des Djiboutiens et Djiboutiennes, s'en sont rendus compte de très bonne heure mardi.

Massés puis en mouvement le long des trottoirs, les passagers sans bus se comptent par centaines voire milliers.


Motif de cette grève, au demeurant sans précédent puisque la totalité du parc des bus et min-bus l'ont suivie, apportant la preuve de leur solidarité et de leur cohésion : la hausse de 12 FD du prix du litre de gasoil.


Lorsque l'on sait par ailleurs que les importateurs et autres boulangers, excédés par les agissements du pouvoir, disent leur colère (lire nos articles en pages 2 et 3), l'on ne peut que constater que le mécontentement se généralise. C'est que trop c'est trop !
Dans un pays où le coût de la vie est des plus élevés et où les gens peinent déjà pour payer le prix habituel de 30 FD (50 FD pour Balbala) de la place de bus, cette mesure gouvernementale qui renchérit le gasoil utilisé par les transports en commun est apparue excessive pour les professionnels comme pour les passagers. Et de fait, elle l'est. Au même titre d'ailleurs que l'augmentation du pétrole lampant et du super.
Au moment où les agents de l'Etat, de loin le plus important agent économique, accusent cinq mois de retards pour la seule année 2000 (les arriérés antérieurs sont de trois mois : novembre et décembre 1995 et décembre 1997), prendre de telles mesures impopulaires qui ajoutent gravement aux difficultés d'un quotidien déjà des plus durs, voilà qui dénote une légèreté sans bornes. C'est de l'inconscience !


La raison ne peut que se révulser, autant que le cœur, devant de telles initiatives inconsidérées. Que cherche-t-on ? Qu'elles sont les motivations profondes à l'œuvre ?

C'est à croire que l'on a opté définitivement pour le misérisme ( règne par la misère). Que la logique de la facilité poussée à l'extrême a conduit à assommer chaque jour un peu plus les pauvres Djiboutiens et Djiboutiennes.


La réaction moyenâgeuse du régime qui, pour toute réponse, s'est laissé aller à ses anachroniques réflexes répressifs ne témoigne point, en tout cas, du contraire. Cinq membres du comité syndical des bus et mini-bus dont le secrétaire général Monsieur Osman Guedi et quinze propriétaires de bus ont été arrêtés dès mardi 30 mai 2000.


Devant une telle situation, les démocrates ne sauraient rester indifférents. Aussi l'Opposition Djiboutienne Unifiée et le Parti du Renouveau Démocratique (PRD), qui en fait partie, notent-ils le caractère autoritaire, intempestif et peu justifié de ces mesures impopulaires. Ils exigent leur annulation ainsi que la libération immédiate des cinq responsables syndicaux et des quinze propriétaires de bus arrêtés par la police dès le début de la grève. Non sans s'interroger sur les véritables motivations qui y président.


La balle est désormais dans le camp du peuple martyrisé.



LES BOULANGERS SE MOBILISENT

Les boulangers djiboutiens se mobilisent contre l'augmentation de leur coût de production liée à la suppression par le gouvernement de l'approvisionnement en farine subventionnée et de la hausse du carburant (gasoil). Ils saisissent, par le biais de leur syndicat, le ministre du commerce par lettre datée du 31 mai 2000. Ils lui exposent leur situation peu enviable et lui demandent de prendre ses responsabilités pour y remédier.
Rappelons que les boulangers, par le même canal syndical et pour les mêmes motifs, avaient écrit au chef de l'Etat, Monsieur Ismaël Omar Guelleh. Ils avaient notamment sollicité :
" 1)- Suppression de la patente d'importation pour les boulangers ;
2)- Baisser le montant de la patente trop exorbitante des boulangers;
3)- supprimer l'impôt sur le bénéfice car nous ne réalisons aucun bénéfice ;
4)- Energie : tarification de l'électricité et de l'eau à un régime préférentiel ;
5)- Gasoil : nous le fournir en hors taxe "
A suivre


 

ECONOMIE


LES IMPORTATEURS A LEUR TOUR EN COLERE


Les importateurs de la place, djiboutiens comme non djiboutiens, sont en colère du fait des agissements d'un régime qui n'épargne rien ni personne. Cela fait suite, outre la dégradation de l'environnement socio-économique qui est depuis une dizaine d'années en crise aiguë en raison des problèmes politiques et de la guerre civile, au harcèlement fiscal dont ils s'estiment l'objet . Ils se plaignent de redressement fiscaux inconsidérés, de patente trop chère du fait de la prise en compte dans la base de calcul des produits déclarés en transit , d'augmentation de Taxe Intérieure sur la Consommation, notamment sur le tabac, les cigarettes, les produits alcoolisés et certains médicaments.


La chambre Internationale de Commerce et d'Industrie (CICID) s'est faite l'écho de ce mécontentement dans son bulletin mensuel Djib Eco. " [...] On assiste, écrit le président Coubèche en ouverture du numéro de mai 2000 de Djib Eco, à un départ discret de certains de nos hommes d'affaires nationaux vers d'autres horizons fiscalement moins contraignants. [...] Je pense que le moment est venu pour mieux coordonner la politique de développement régional de notre pays prenant davantage en compte les doléances du secteur privé. "


Un article est d'ailleurs consacré au sujet dans les pages intérieures du bulletin. Article que voici :


" Le président Said Ali Coubèche a reçu récemment une pétition des plus importants importateurs du pays qui se plaignent d'être victimes de tracasseries de la part des services du Ministère des Finances.


1. Le Ministère réclame aux importateurs des redressements sur plusieurs années sur des déclarations d'importation qu'il remet en cause aujourd'hui alors qu'elles ont été acceptées à l'époque par les services concernés.


2. Dans le passé, la patente d'importateur était calculeé sur le volume d'importations, aujourd'hui elle est calculée en plus sur les produits déclarés en transit par les importateurs.


3. les taux de la TIC sur certains produits exportés ont augmenté de 50% notamment sur le tabac, les cigarettes et les produits alcoolisés.


4. Par ailleurs, la réforme des taux de TIC a renchéri certains médicaments sur lesquels la TIC s'applique au taux de 33% au lieu de 10%. Jusqu'à présent le Ministère n'a pas tenu compte des doléances des professionnels concernés.


Les commerçants qui font de l'import/export se trouvent donc devant une grave décision à prendre et certains vont même jusqu'à envisager de quitter Djibouti pour des lieux moins contraignants.


L'accueil du Ministère fut attentif notamment concernant les modalités de calcul de la patente d'importateur.


Par contre, il fut plus mitigé sur les redressements fiscaux. Mais il promit à la CICID de créer un comité de liaison pour examiner dossier par dossier.


Quant à la troisième question, le président Coubèche lui a demandé d'apporter une plus grande attention sur les statistiques qui lui sont fournies car il est à craindre que même si on enregistre un progrès en valeur des taxes dans ce domaine, il faut savoir aussi qu'une quantité importante de ces produits ne passe plus par Djibouti. "


Voilà qui se passe de commentaire et reflète le mécontentement généralisé que connaît tout un pays.


Décidément...


 

CULTURE

JACQUES HIGELIN A DJIBOUTI

Jacques Higelin, le grand artiste français, arrive à Djibouti pour un concert.
Le spectacle est prévu pour demain 3 juin 2000 dans la salle des spectacles du Centre Culturel Français Arthur Rimbaud (CCFAR) qui a invité le musicien sous nos cieux.
C'est pour des raisons de fiabilité, semble-t-il, que la grande salle du Palais du Peuple qui aurait permis à un public plus nombreux d'assister au concert, n'a pas été retenue. Dommage, car Jacques Higelin est le genre d'artiste à draîner du monde à ses spectacles.


Il faut dire que, à l'instar d'un Bernard Lavillier où Serge Gainsbourg, ce grand nom de la musique française a su franchir les frontières de l'Hexagone. Comme il a su franchir les barrières identitaires. N'a-t-il pas découvert et lancé des groupes tels que Shooter, Téléphone, Diesel Rock, Lily drop, Sally Nyolo et ses Zap-Mama ?


Bienvenue à Jacques. Que le public vibre aux sonorités de ce " cri qui vient de l'intérieur " pour reprendre la jolie formule de Bernard Lavillier.


 

EN BREF -EN BREF

DES ENFANTS LIVRÉS À EUX-MÊMES

Les élèves de CM2 de la localité de Mouloud au district de Dikhil ont dû se rendre à Dikhil-Ville pour passer l'examen d'entrée en 6ème.Les épreuves subies, ils se sont retrouvés dans la rue avec parfois leurs accompagnateurs. Et pour cause parce qu'aucun moyen de transport n'était à leur disposition pour le retour à Mouloud.


Il a fallu faire du stop aux bambins pour rentrer à la maison.


Aussi ont-ils erré à longueur de temps...sans toujours bénéficier de la générosité de quelque bonne âme !


Décidément...


 

FELICITATIONS

MAITRE CALATAYUD DISTINGUE

Maître Roger-Vincent Calatayud, avocat français au Barreau de Tarbes et ancien bâtonnier, très engagé dans la défense des droits de l'Homme, notamment en République de Djibouti où il défend les opposants et autres détenus d'opinion, vient d'être décoré par le Président de la République Française, Monsieur Jacques Chirac, de la médaille de Chevalier de l'Ordre National du Mérité. Distinction amplement méritée.


La Ligue Djiboutienne des Droits Humains, l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU), le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) ainsi que tous les démocrates djiboutiens se réjouissent de cet honneur mérité et adressent leurs vives félicitations à Maître Roger-Vincent Calatayud.


C'est là une victoire du droit sur la force tyrannique.


CE QU'ONT APPRECIE NOS LECTEURS

 

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