LE
RENOUVEAU
N° 367 du Jeudi 13 Juillet 2000
CIVISME
CHANTIER
DAHER ISMAEL KAHIN DE BALBALA CHEIK MOUSSA :
NOTRE APPEL SEMBLE AVOIR ETE ENTENDU
L'appel que nous avons lancé à Monsieur le Commissaire,
chef du district de Djibouti, Daher Ismaël Kahin dit Chideh, à
travers notre lettre ouverte publiée au Renouveau du jeudi 29
juin 2000, afin que soit préservé le terrain réservé
aux " équipements publics à créer " de
Balbala Cheik Moussa, semble avoir été entendu. Nous en
jugeons par l'arrêt du chantier du chef du district en cours sur
les lieux : les travaux ont cessé depuis notre appel et le matériel
de construction a été enlevé.
C'est là une décision sage de la part de notre concitoyen
Daher Ismaël Kahin qui apporte la preuve que nul n'est au-dessus
de la loi. Le bien commun enregistre une victoire symbolique. La liberté
d'expression aussi.
Cette réaction positive du Commissaire de la République,
chef du district de Djibouti, rappelle, si besoin est, l'irremplaçable
utilité de l'exercice démocratique qui, par l'engagement
citoyen qu'il permet, contribue à l'enracinement de la démocratie
et de l'esprit citoyen, servant d'autant mieux l'intérêt
général.
Tout pouvoir supposant un contre-pouvoir, tant il est vrai que seul
le pouvoir arrête le pouvoir, la liberté d'expression est
vitale. Parce qu'elle offre le pouvoir à tous les citoyens de
s'exprimer, parce qu'elle permet de dénoncer les abus et autres
dérives, parce qu'elle autorise la manifestation de la vérité,
parce qu'elle rend possible le nécessaire débat démocratique,
la liberté d'expression est un bien précieux, un bien
à protéger jalousement. Les pays démocratiquement
avancés l'ont compris qui la garantissent solidement dans les
textes comme dans la pratique. Nos ancêtres aussi qui la chérissaient
dans la formidable démocratie pastorale qu'ils nous ont léguée.
Faisons de même. Dans la sagesse et la responsabilité.
Osons espérer, dans cette perspective, et pour clore ce mot,
que le dialogue constructif qui vient de s'ouvrir entre le chef du district
de Djibouti et la modeste voix citoyenne que nous essayons de cultiver,
se poursuivra pour le bien commun.
Nos encouragements à mieux faire à Monsieur Daher Ismaël
Kahin.
ENVIRONNEMENT
URBAIN
LES
SINISTRES DE BALBALA ATTENDENT DESESPEREMENT D'ETRE ASSISTES
Les victimes de l'incendie qui a ravagé la semaine dernière
le Quartier-Tranche-Trois de Balbala, attendent toujours d'être
assistés. En dehors d'une modeste distribution de vivres par
l'Office National d'Assistance aux Réfugiés et Sinistrés
(ONARS) au lendemain du drame, les habitants affectés par le
feu dévastateur, qui a détruit quelque dix-sept habitations,
n'ont en effet rien reçu des pouvoirs publics. Ils restent livrés
à eux-mêmes, aux prises avec le désespoir.
Ils sont d'autant plus désespérés qu'il s'agit
de gens de condition modeste dont les ressources sont fort limitées
quand elles ne sont pas inexistantes.
Ils ne peuvent même pas compter sur la solidarité traditionnelle
du fait de la dureté des temps que nous traversons. " Chacun
est pris dans ses propres problèmes de survie ", nous explique
ce père de famille aux cheveux blanchis avant l'âge et
au visage déformé par le désespoir.
Pourtant, des structures existent qui peuvent fonctionner en pareilles
circonstances. C'est le cas de l'Office National d'Assistance aux Réfugiés
et Sinistrés (ONARS) qui jusqu'ici s'est contenté, on
l'a vu, d'un peu de vivres en faveur de ces déshérités
ruinés par le sort. Pourquoi la direction de l'ONARS se mure-t-elle
dans un silence douteux ? Assister les sinistrés, comme son nom
l'indique si clairement, n'est-elle pas l'une de ses missions principales,
l'une de ses raisons même d'être ? Les magasins de l'ONARS,
naguère si pleins de bonnes choses, se sont-elles déjà
vidés ? Si oui, pourquoi et comment ?
Les sinistrés de Balbala-Tranche-Trois attendent désespérément
de l'assistance. Femmes, enfants, personnes âgées... tous
regardent les pouvoirs publics. Spécialement le ministère
de l'Intérieur dont relèvent le district de Djibouti et
l'ONARS.
Réaction urgente, donc, s'impose. A moins que les souffrances
des sinistrés en question ne procurent un plaisir morbide au
misérisme gouvernant.
HYDRAULIQUE
LA
SOIF SEVIT DANS LES QUARTIERS POPULAIRES
Comme chaque année en cette période estivale, la soif
fait rage parmi la modeste population des quartiers populeux et populaires
de la capitale. Elle sévit à Ambouli Djebel, à
Balbala, dans certains secteurs des Quartiers 7 et 6. Elle assèche
les organismes, développe les calculs rénaux et jette
les gens vers les rares points d'eau.
A Balbala, la situation est telle que les camions-citernes qui alimentent
les habitants moyennant monnaie, se font rares. Pour cause de pénurie
du précieux liquide aux fontaines publiques pourtant devenues
payantes.
" La pénurie alimentaire s'aggrave d'une soif terrible ",
nous confie, en colère, une mère de famille rencontrée
dans les hauteurs rocailleuses de Hayableh et de Cheik Moussa. Elle
porte un jerrycan à chaque main et cherche désespérément
de quoi soulager la soif qui tenaille les siens. " Je dois me contenter
de ces deux jerrycans pour une famille de six membres ", lâche-t-elle,
furieuse.
A Ambouli-Djebel, le même problème de pénurie d'eau
se pose. Du fait de la faible pression de l'eau par ces temps de canicule,
le précieux liquide ne parvient pas à tous les habitants.
Il s'arrête aux premières habitations, condamnant les autres
à le quémander où elles peuvent. Dure quête...
" Cela fait des années que cette situation dure et perdure
", murmurent toutes les lèvres, asséchées
par la soif caniculaire.
Il est clair que cette pénurie d'eau soulève le problème
de la rareté de l'eau potable. Surexploitées, les nappes
phréatiques qui alimentent la capitale baissent régulièrement
tout en se détériorant qualitativement. Les autorités
chargées de l'eau le savent qui se complaisent pourtant dans
l'inertie et dans des querelles de compétence d'un autre âge.
Rationalité et prospective ne semblent pas les maîtres
mots chez les maîtres inamovibles que le régime a préposés
au ravitaillement en eau.
Et dire que la lutte contre la soif est inscrite dans les " priorités
" du pouvoir en place depuis l'Indépendances du 27 juin
1977 !
Alors, est-ce pour la fin des âges la fin de la soif à
Djibouti ?
SECHERESSE
CES
SINISTRES QUI ERRENT DANS LA CAPITALE
Il n'est pas rare, ces temps-ci, de voir des grappes d'authentiques nomades
sillonner les rues de la capitale. Nombreux, ils sont reconnaissables à
leur tenue. Ils frappent aux portes des habitations où ils sollicitent
de l'assistance. Ils traînent comme cela, à longueur de journée,
leur misère dans Djibouti-ville.
Ces pasteurs nomades sinistrés sont des ressortissants éthiopiens
frappés de plein fouet par les effets de la sécheresse qui
sévit dans la sous-région. Leur cheptel perdu par manque de
pâturages, il ne leur reste plus que la mendicité pour survivre.
Le pouvoir en place, au lieu de réagir et de les rassembler dans
des postes d'assistance à la frontière d'où ils repartiraient
une fois servis, les regarde errer à longueur de journée.
A croire qu'il trouve là une source supplémentaire de ce plaisir
morbide qu'il semble tirer de la détresse de ses semblables. Il les
laisse cyniquement harceler leurs contribules qui, cette fois, se débattent
eux aussi dans la misère.
Ces réfugiés de la sécheresse entrent pourtant dans
le champ d'action de l'Office National d'Assistance aux Réfugiés
et Sinistrés (ONARS). Dont c'est le rôle de venir en aide aux
réfugiés et autres victimes des sinistres sur le sol national,
d'où qu'ils viennent. Un ONARS visiblement impassible ces temps-ci
en dépit de la multiplication des nécessiteux urgents.
Peut-on espérer une assistance pour ces réfugiés de
la faim qui ne demandent qu'à repartir chez eux une fois " renfloués
" ?
ILS
ONT DIT
ADEN
ROBLEH AWALEH PRESIDENT DU PND
(extrait du discours prononcé à l'occasion du 27-Juin-2000)
"
Pour le peuple djiboutien le 27 Juin est un grand jour. C'est un Jour
qui ne peut être oublié ou passé sous silence. C'est
le Jour où notre peuple a quitté les ténèbres
de la domination coloniale pour la lumière que constitue la souveraineté.
Cette souveraineté et cette indépendance ne sont pas les
fruits du hasard. Elles sont le résultat d'un combat acharné
de notre peuple. Des hommes et des femmes ont hissé haut le flambeau
de la lutte de libération. Nos cimetières sont pleins
de martyrs. Que Dieu ait leurs âmes. Je vous demande de prononcer
le FATAHA pour nos martyrs.
Il est malheureux que le régime qui a pris en main notre destinée
de nation libre, le 27 juin 1977, ne se souvienne pas de ceux et de
celles qui, au péril de leurs vies, ont fait naître cette
nation. Tout se passe comme si ce régime a eu pour charge "
d'effacer " l'histoire de notre glorieuse lutte de libération
nationale. Le fait d'avoir été un héros de la lutte
de libération ne constitue pas aujourd'hui une bonne référence.
Les tenants de ce régime pensent que ce pays n'est qu'un bout
de terrain sans maître et qu'il est tout à fait logique
qu'il soit exploité pour le seul profit du groupe qui a eu la
" chance " de mettre la main dessus. Pour ce régime,
ce pays n'a ni un Peuple ni une Histoire. En un mot les tenants du régime
pensent qu'ils n'ont de compte à rendre à personne.
Vous conviendrez avec moi qu'un tel credo est extrêmement dangereux.
C'est cet état d'esprit qui est à l'origine de la guerre
civile qui a ravagé notre pays. Des milliers de vies ont été
sacrifiés inutilement. Des milliards de dollars sont partis en
fumée.
Cet état de guerre civile n'est pas près de disparaître.
Au contraire il y a lieu de craindre que cette guerre prenne de plus
en plus d'ampleur et qu'elle finisse par nous être fatale. Comment
éviterions-nous un tel désastre si les causes ne sont
pas traitées à la racine ?
Ces causes sont parfaitement identifiées par les Djiboutiens.
Ce sont :
- l'ethnocentrisme,
- le tribalisme,
- les emprisonnements arbitraires,
- l'existence d'une véritable police politique dont le seul rôle
est de " mâter " les opposants,
- l'existence d'une justice aux ordres de l'exécutif,
- l'utilisation des services administratifs comme moyens de pression
à l'encontre des opposants (poursuites injustes des services
fiscaux, coupure inopinée d'électricité, de téléphone
et d'eau, viol de la correspondance, etc.)
- l'impossibilité pour les opposants d'exercer une activité
professionnelle, qu'elle soit publique ou qu'elle soit entrepreneuriale,
interdiction qui s'applique également aux familles des opposants,
- les retraits de passeports,
- le népotisme, le clientélisme, les passe-droits, la
corruption
Au lieu de rechercher le soutien du peuple en libéralisant la
vie politique, économique et sociale, le régime préfère
s'appuyer sur le tribalisme. C'est ainsi que le régime place
à la tête de l'administration le clan tribal auquel appartient
le chef suprême du régime autrement dit celui qui fait
office de Chef d'Etat. La vérité que je vais dire sur
ce sujet va faire vaciller plus d'un. Savez-vous que deux cent huit
(208) des deux cent quinze (215) Secrétaires Généraux,
Directeurs Généraux, Directeurs et Chefs de Service de
l'administration appartiennent à ce clan ? Savez-vous que cent
soixante-dix (170) des cent soixante-quinze (175) comptables (postes
éminemment stratégiques s'il en est) de l'administration
sont issus de ce même clan ? Les quelques postes qui ne sont pas
tenus par le clan échoient à des personnes qui n'appartiennent
pas au clan mais qui, tout de même, y sont proches par les liens
du mariage. L'armée, la police et la gendarmerie n'échappent
pas à cette règle. La vérité blesse mais
ne tue pas !
Ces gens se font un devoir de défendre les intérêts
du clan. Leur premier réflexe est de " faire avaler des
couleuvres " à tous ceux qui sont opposés aux prérogatives
du clan. Voilà pourquoi l'administration publique a perdu depuis
belle lurette le rôle qui était son essence même
: être au service du peuple. Ces responsables claniques n'ont
de compte à rendre qu'à leur chef suprême. Ceux
et celles que l'on qualifie prétentieusement de " ministres
" n'ont qu'à bien se tenir. Sinon... !
M. Ismaïl Omar Guelleh continue - en plus mal - le système
fondé par son oncle Hassan Gouled Aptidon ".
ISMAËL
OMAR GUELLEH, CHEF DU POUVOIR EN PLACE
(extrait
de l'allocution prononcée le 27 juin 2000)
"
C'est dans cet esprit que personne ne détient à elle seule
la vérité et que le consensus, et non l'antagonisme, est
le meilleur moyen de préserver le tissu social que je continue
d'inscrire ma démarche.
En conformité avec les enseignements de notre sainte religion
qui, depuis 15 siècles, a consacré l'importance du travail
pour assurer les moyens de subsistance aux humains, appeler à
la solidarité sociale et en a fait une obligation tant pour l'individu,
la famille et la communauté.
Sur la base de ces principes qui ont permis au dialogue social de devenir
partie intégrante de nos traditions consacrées, le gouvernement
et nos frères du FRUD armé ont engagé dans la concorde
et sans passion les discussions sur l'accord-cadre du 7 février
2000, et au regard de la convergence qui se manifeste quotidiennement,
nous espérons aboutir bientôt à une vision unifiée
des solutions appropriées à l'avenir de notre peuple,
tant par leur ampleur que leur nature ".
MADAME
LANGE SCHERMERHORN, AMBASSADEUR DES ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE EN RÉPUBLIQUE
DE DJIBOUTI
(extrait
du discours prononcé le 4 juillet 2000 à l'occasion de la
Commémoration de l'Indépendance américaine)
"
En 1776, des hommes de bonne volonté se réunirent dans
la cité coloniale de Philadelphie pour réfléchir
à l'avenir des résidents des treize colonies de cette
partie de l'Amérique que les habitants de la " vieille Europe
" avaient appelée le " Nouveau Monde ".
La " noble expérience " dans le domaine de la gouvernance,
critère de base du groupe varié d'hommes représentant
tous les éléments de ce que l'on appelle maintenant la
" société civile " et impliqués dans
cette année fatidique, a été prouvée plus
durablement que ce que personne n'aurait pu imaginer.
Il est peut-être utile d'analyser les raisons pour lesquelles
cette forme de gouvernement a tellement été couronnée
de succès face aux défis relevés et aux obstacles
surmontés. Ce type de pouvoir, conçu en 1776 et perfectionné
par les " pères fondateurs " dans la constitution adoptée
en 1787, a prévalu.
Il a été constitué de manière à fournir
un environnement stable dans lequel les citoyens peuvent suivre les
principes de liberté et de justice inscrits dans les termes émouvants
de la déclaration d'indépendance signée le 4 juillet
1776. Je cite :
" Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités
suivantes : tous les hommes sont créés égaux ;
ils sont doués par le créateur de certains droits inaliénables
; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche
du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour
garantir ces droits et leur juste pouvoir émane du consentement
des gouvernés " ".
EN
BREF EN BREF
UN
OFFICIER DE LA FNP JETE EN PRISON
Selon
des informations concordantes recueillies par le Renouveau, un Officier
de la Force Nationale de Police, le Lieutenant Pompier Mohamed Djama
Yonis, chef du détachement Incendie Djibouti-Ville, aurait été
jeté à la sinistre prison de Gabode à la suite
d'une vive altercation avec un juge, Madame Zenouba Said, dans le parking
du palais de justice lundi dernier vers dix heures. Motif retenu contre
l'officier : outrage à magistrat. N'est-ce pas disproportionné
comme sanction ?
Espérons que la raison l'emportera sur les passions dans cette
affaire.
A
suivre
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