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A Djibouti, dans la plus grande discrétion,
la France livre un opposant politique au bourreau.
Le
général Yacin Yabeh, ancien chef des forces de Police, était
entré en opposition, depuis plusieurs mois, contre M. Guelleh,
le dictateur de Djibouti. Les divergences étaient apparues en juin
dernier, lorsque le Général avait refusé de faire
tirer à balles sur des manifestants dans la rue : grève
des taxis pour demander une baisse des produits pétroliers.
Le merdredi 7 décembre, le Général a été
limogé officiellement. Aussitôt, les unités de la
Police ont pris position à différents points stratégiques
de la capitale : djibouti-ville. Dans l'après-midi, l'Armée,
restée fidèle au régime, est intervenue et a repris
"facilement" (mais avec de gros moyens) le contrôle de
la ville. Les forces de police n'ont opposé aucune résistance
et n'ont pas utilisé leurs armes, sur instruction du Général
qui a déclaré qu'il ne voulait surtout pas provoquer un
bain de sang.
Le
général s'est ensuite réfugié à la
base aérienne française, où il a été
accueilli, puis il a demandé aux autorités françaises
à bénéficier du droit d'asile.
Samedi,
la France a remis le Général aux autorités djiboutiennes,
au mépris de notre droit et de notre constitution.
La
France, l'Europe et plus généralement toute la communauté
internationale, considèrent que le régime djiboutien n'est
pas démocratique et qu'il s'agit d'un Etat de non-droit. Plusieurs
missions officielles (FIDH, Amnesty, Observatoire des Prisons) considèrent
que Djibouti n'applique pas les accords internationaux (dont il est signataire)
en matière des Droits de l'Homme, en particulier dans le système
pénal (qui est aux ordres de la Présidence) et dans la tristement
célèbre prison de Gabode.
La
décision de la France est grave