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Le
7 avril 1999 - Le texte intégral - |
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AFADD Association
Française des Amis
LETTRE
OUVERTE
Monsieur le Président de la République, Le 9 avril
1999, un Djiboutien sera élu pour vous succéder aux fonctions suprêmes de
Chef de l'Etat. Vous avez pris la sage décision de vous retirer des affaires en laissant le peuple s'exprimer sur son destin. On aurait pu croire que les valeurs de la démocratie étaient en train de pénétrer l'esprit de ce régime pour marquer de cette façon une page d'histoire de ce pays, pour tenter d'effacer les longues années d'obscurité, de tyrannie, de torture et de crimes contre l'humanité, tous actes pour lesquels un Tribunal est saisi. On aurait pu croire que vous auriez voulu laisser comme dernier sentiment dans le coeur de votre peuple une lumière d'espoir, un pincement imperceptible, presque comme un regret. On aurait
voulu croire que votre volonté était de laisser le peuple, au moins une
fois sous votre férule, la seule et dernière fois, décider librement de son
avenir à l'occasion du scrutin présidentiel. Or, ce rêve était fugace et la
réalité était conforme à la barbarie de votre fin de règne. Vous n'hésitez pas à arrêter les démocrates, à les faire condamner, à leur faire subir des actes de torture et des traitements inhumains. Vous n'avez aucun scrupule à laisser mourir dans vos prisons les prisonniers politiques que vous avez enlevés depuis leur refuge étranger, en les privant de soins médicaux appropriés. Vous n'avez pas tenté de préserver une des grandes figures de votre pays, un fils de cette terre, MOHAMED AREF, défenseur des droits de l'homme, avocat estimé de tous, ici et ailleurs, cet homme dont l'esprit illumine votre drapeau à l'intérieur et à l'extérieur de Djibouti. Et au lieu de travailler à la restauration de la démocratie en collaborant avec cet homme juste, vous l'avez illégalement fait condamner et conduire à Gabode. Mais vous n'en êtes pas resté là: vous avez ordonné que sa famille soit soumise à une surveillance humiliante, aux manoeuvres de vos sicaires, pour terroriser cette femme et ses jeunes enfants. Sachez, Monsieur le Président de la République, que le peuple de Djibouti et le monde entier regardent ce qui se passe ici et que si l'histoire vous a déjà jugé, les hommes se préparent à le faire. Sachez aussi, que toutes les femmes, toutes les mères de famille, s'identifient à Madiha AREF et à ses enfants et la soutiennent par la force de leur esprit. Sachez enfin que le peuple souverain, vendredi prochain, s'exprimera - aussi librement que possible - compte tenu des pressions, fraudes, manipulations et autres exactions d'ores et déjà commises sur place par vos services. Vous avez voulu poursuivre votre vie politique en mettant en avant Ismaël Omar GUELLEH, un criminel qui aurait chausser vos bottes sur le chemin de l'iniquité. Vous n'avez pas choisi la voie de l'honneur pour quitter vos fonctions: c'est ce qui sera retenu, de façon indélébile, par l'histoire. Après ce suffrage qui ouvrira une nouvelle ère pour votre peuple, chacun retrouvera sa place et l'avenir démontrera que la démocratie, la justice, la vérité et la liberté finissent toujours par vaincre. Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de ma parfaite considération. LE
PRESIDENT,
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