Août 99

Maître Jean-Claude PARAS
s'exprime sur l'affaire "AREF"

 

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Maître AREF, prisonnier politique ?

Liste des prisonniers politiques

Lettre de l'ARDHD
à M C. JOSSELIN

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Actualité des trois mois
Interview - Gouled APTIDON
Rapport Avocats sans Frontières
La poudrière djiboutienne
L'europe a le pouvoir d'agir
Lettre de Me MONTEBOURG
Demande de mise en liberté provisoire
Plainte de l'Association
Djibouti - un état de non-droit
Les autres organisations
Bibliographie
L'ARDHD
L'AFADD

" LA SUSPENSION D'EXERCICE DE MAÎTRE AREF :
UNE DÉFENSE LIBRE ET INDÉPENDANTE
EXISTE T-ELLE ENCORE A DJIBOUTI ? "

Depuis de longs mois, le peuple Djiboutien assiste impuissant à un processus d'accompagnement par la peur et la corruption de l'ensemble des pouvoirs par son Président de la République Hassan GOULED APTIDON.

L' "Affaire AREF" vient sans doute parachever cette œuvre puisque, en s'en prenant à nouveau directement à notre Confrère Aref Mohamed AREF, le pouvoir présidentiel réduit au silence l'un des plus fervents défenseurs des Droits de son peuple et l'un des rares à encore oser assister et défendre ses concitoyens devant les juges apeurés et ayant perdus toute indépendance.

En mars 1995, un Cabinet d'Avocats londonien déposait une réclamation purement disciplinaire à l'encontre de Maître Aref Mohamed AREF entre les mains du Bâtonnier en exercice de l'Ordre des avocats de DJIBOUTI. A la suite des explications immédiatement données à son Bâtonnier et à ce Cabinet britannique par Me AREF cette plainte était restée sans la moindre suite… jusqu'à ce que le bâtonnier DINI décide spécialement de la communiquer au Procureur Général pour " recueillir ses observations et réquisitions. "

Interrogée en décembre à la demande du Procureur Général, Me AREF ne manquait pas d'indiquer immédiatement, au-delà des irrégularités de procédure, l'absence totale de charges et surtout de la moindre plainte pénale !

Cela n'allait pas ralentir le processus en marche, mais bien au contraire l'accélérer. Le 22 décembre 1996, le Procureur Général informait le Bâtonnier de l'ouverture prochaine d'une information contre Me AREF pour escroquerie et demandait que soit prononcé son interdiction temporaire d'exercer sa profession.

Le Conseil de l'Ordre obtempérait " sans désemparer ", enclenchait la procédure disciplinaire et convoquait Me AREF pour le 16 janvier 1997… alors que son inculpation ne lui avait même pas encore été notifiée. Elle le sera une semaine plus tard.

  • Non sans que le Procureur de la République n'ait expressément manifesté sa défiance à l'égard de son Procureur Général en refusant de signer le Réquisitoire introductif après s'être senti abusé…
  • Non sans que le magistrat instructeur ait été incapable de préciser
    au prévenu AREF quelles étaient réellement les charges qui pesaient
    sur lui et, en particulier ce qu'il avait pu détourner et qu'il avait été bien escroquer !

A ces questions évidentes, il n'y eu jamais de réponse. Pour sa part, le Conseil de l'Ordre informait le 5 février Me AREF qu'il avait été décidé de lui interdire provisoirement l'exercice de ses fonctions d'avocat dans l'attente de poursuite disciplinaire. Aref Mohamed AREF déposait immédiatement un recours devant la Cour d'Appel et l'affaire jugée à l'audience du 10 mars 1997 était mise en délibéré.

Nous ignorons à ce jour quelle sera la décision de la Cour, mais il est peu raisonnable, dans le contexte actuel de Djibouti, d'espérer que ces magistrats qui ont depuis longtemps oublié ce que signifiait l'"indépendance de l'autorité judiciaire" fassent tout simplement application du Droit et annulent la suspension.

Dans ce processus de mise sous silence de toutes les forces démocratiques de cette République de DJIBOUTI, l'inculpation de Me AREF et la suspension de ses fonctions d'Avocat et donc de défenseur des Droits de l'Homme constituent une nouvelle étape.

Ce pas n'aurait jamais pu être franchi par le Pouvoir en place sans la complicité d'un Bâtonnier et d'un Conseil de l'Ordre des Avocats qui ont délibérément démissionné en refusant une nouvelle fois** d'assurer avant toute chose protection à un de leurs Confrères, déjà, à plusieurs reprises menacé. DJIBOUTI, jeune République africaine, s'enfonce chaque jour davantage dans la peur et la tyrannie.

La France n'a t-elle rien à dire ? rien à faire ?

J.C. PARAS

* Aref Mohamed AREF a été déporté et emprisonné pendant 18 mois en 1991-1992 avant d'être finalement acquitté par le Tribunal de Sûreté de la république sous la pression de la Communauté internationale.

** La F.N.U.J.A. était intervenue directement auprès du Bâtonnier DINI en janvier 1986 afin qu'il assure protection à Me AREF qui faisait l'objet lui, et les membres de son Cabinet, de menaces de mort. Cette protection ne fut jamais assurée.

Adresse de Maître PARAS
12 rue O'QUIN
64006 PAU
Tel : 00 33 5 59 83 93 72
Fax : 00 33 5 59 83 74 72


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