LE RENOUVEAU 359
du Jeudi 18 Mai 2000
Organe d'information du PRD

Diffusion par l'ARDHD
Directeur de publication : Daher Ahmed Farah
Rédaction - Administration :
Edité par la Commission Communication du Parti
Avenue NASSER tel :35 14 74 B.P : 3570
Tirage : 1500 exemplaires . Dépôt Légal N°365

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LE RENOUVEAU

N° 359 du Jeudi 18 Mai 2000


POLITIQUE REGIONALE


LETTRE OUVERTE AUX SOMALIENS
par Daher Ahmed Farah

chers freres et soeurs,

Ne pouvant nous adresser directement à vous, sous le chapiteau d'Arta où, selon le régime djiboutien, des personnalités coutumières vous représentant débattent pour vous réconcilier et dégager les voies et moyens de mettre fin au drame que traverse votre cher pays depuis maintenant une dizaine d'années, ne pouvant donc prendre la parole devant vous, en dépit de notre demande expresse en ce sens, du fait du régime de Monsieur Ismaël Omar Guelleh prompt à museler les opposants, nous nous permettons de vous faire tenir cette lettre ouverte par voie de presse.

C'est volontairement que nous nous exprimons en français pour prendre à témoin l'opinion publique nationale et internationale.

Comme vous pouvez aisément l'imaginer, nous souhaitons, comme tous vos frères et voisins djiboutiens, la fin de vos malheurs. Nous le souhaitons vivement, du plus profond de notre être. D'où l'irrépressible cri du cœur et de la raison que nous poussons à travers ces quelques modestes lignes.

Ce que nous souhaitons souligner, c'est l'impérieuse nécessité pour les Somaliens de parvenir à leurs objectifs : réconcilier le peuple somalien et lui fournir les moyens de restaurer son Etat et de reconstruire son pays.

C'est là, nous en convenons aisément, une vaste tâche qui ne peut souffrir d'erreurs. Une tâche vitale dont le succès nous semble déterminant, décisif, pour le destin de tout un peuple et de la nation qu'il forme malgré tout.

Comme le dit si joliment le dicton, " Arine aan la rogrogin rag ma heline (d'une affaire non examinée, l'on ne peut dire que des hommes s'y sont penchés) ", avant de songer aux remèdes, il faut diagnostiquer le mal, déterminer sa nature. Car à chaque mal correspondent ses remèdes.

D'où la nécessité, dans toute entreprise de réconciliation somalienne, d'examiner sérieusement la situation, de la considérer dans toute sa complexité, de ne négliger aucun aspect essentiel. Il faut se donner le temps de s'interroger ensemble, pour mieux appréhender les problèmes et mieux entrevoir les solutions. Un bon diagnostic, c'est 50% du traitement, disent les praticiens.

S'interroger sur les causes profondes de la tragédie somalienne mais aussi sur les raisons de son insoutenable persistance. Pourquoi et comment l'un des pays phares de l'Afrique indépendante, fascinant à plus d'un titre, en est-il arrivé à s'effondrer du sommet de ses succès ? Par quelle funeste alchimie le sort somalien s'est-il scellé ? Pourquoi et comment le drame perdure-t-il depuis dix ans ? Pourquoi toutes les tentatives de réconciliations, d'où qu'elles viennent, ont-elles échoué... ?

Nous souhaiterions pour notre part, dans le cadre de notre modeste intervention, nous attarder un instant sur cette dernière question de la réconciliation, car elle concerne l'objet de l'initiative que le chef du pouvoir djiboutien affirme avoir prise au nom du peuple djiboutien et qu'il s'agit d'une entreprise trop importante pour être laissée entre les mains d'un seul homme. N'est-ce pas précisément l'exercice autocratique du pouvoir d'Etat qui a fait de la Somalie ce qu'elle est et qui justifie cette réconciliation nationale si vitale ? Laquelle, on ne le soulignera jamais assez, ne pouvant en aucune façon faire l'économie d'un examen approfondi autour des questions essentielles, du pourquoi et du comment.

Nous ne pouvons nous retenir de rappeler que pas moins de douze conférences de réconciliation ont échoué depuis les débuts de la crise somalienne. La première était organisée par la République de Djibouti en juillet 1991 sous le régime du président Hassan Gouled Aptidon dont Monsieur Ismaël Omar Guelleh était le bras sécuritaire et l'un des tout proches collaborateurs.

Le point commun de toutes ces conférences de réconciliation était leur organisation par des pays tiers. Des pays certes frères ou amis, interpellés sans doute par le drame somalien, mais des pays tiers tout de même. Toutes ces conférences ont donc été conçues et mises en oeuvre par des Etats tiers, souvent avec la complicité active de certains acteurs somaliens.

Or, ces Etats organisateurs, si liés soient-ils à la Somalie, n'ont pas forcément les mêmes intérêts que les malheureux Somaliens livrés à l'enfer sur terre. Un Etat digne de ce nom, disait un homme d'Etat célèbre, n'a point d'amis, il n'a que des intérêts.

Du reste, il nous est donné de constater que les régions somaliennes où la paix est revenue sont celles où les Somaliens ont eux-mêmes pris les choses en main, discutant sans intermédiaire de leurs problèmes et trouvant entre eux une formule de vie collective. L'exemple du Somaliland, suivi quelques années plus tard du Puntland, nous semble éloquent .

Cela n'a d'ailleurs rien d'étonnant pour qui connaît la société somalienne et sa culture. Comme tous les Somalis (nous pouvons dire la même chose des Afars, autre peuple de pasteurs nomades frère des Somalis), les Somaliens sont les héritiers d'une riche culture de dialogue (de démocratie pastorale, diraient les spécialistes) où les différends internes se règlent par le verbe sous l'arbre à palabres. De mémoire de pasteur nomade, il n'est pas de conflit interne, de différend, qui n'ait fini par connaître un heureux dénouement sous l'arbre à palabres. Les guerres inter-claniques les plus meurtrières ont toujours fini par cesser lorsque les protagonistes, l'explosion passionnelle passée, ont repris langue. La paix retrouvée se scellant souvent par des mariages entre jeunes gens et jeunes filles des deux groupes réconciliés. Une façon de consolider la paix civile par un resserrement des liens du sang.

N'est-ce pas, du reste, au nom de cette culture que le régime de Monsieur Ismaël Omar vient d'engager directement le dialogue avec l'opposition armée djiboutienne (alliée à l'opposition civile) du FRUD présidée par Monsieur Ahmed Dini Ahmed en terre djiboutienne ?

Voilà pourquoi nous pensons que seuls les Somaliens, en prenant véritablement leurs affaires en main, peuvent parvenir à une authentique réconciliation qui débouche sur une réelle renaissance somalienne. Nous le pensons d'autant plus fort que de nombreux indices nous amènent à douter de la sincérité de l'initiative de paix de Monsieur Ismaël Omar Guelleh, un Djiboutien que nous autres Djiboutiens connaissons tout de même mieux que nos frères somaliens.

En mal de légitimité à l'intérieur des frontières nationales où il a usurpé le pouvoir d'Etat, Monsieur Guelleh a certainement cru trouver dans la tragédie somalienne matière à acquérir quelque crédit international et à capter de l'aide financière. Il a alors entrepris de prôner pour les Somaliens une réconciliation nationale, celle-là même qu'il fuyait dans son propre pays et avec ses propres concitoyens, massivement opposés à sa prise du pouvoir.

L'initiative de paix de Monsieur Ismaël Omar est en effet survenue au lendemain de l'élection présidentielle djiboutienne qui a donné lieu à un véritable hold up électoral au profit de ce dernier et aux dépens de son adversaire unique, Monsieur Moussa Ahmed Idriss, figure historique soutenue par l'ensemble des forces de l'opposition, y compris le FRUD du président Ahmed Dini Ahmed.

C'est au moment même où Monsieur Ismaël Omar Guelleh annonçait son " plan de paix pour la Somalie " de la tribune des Nations Unies, que son appareil répressif, en un dispositif des plus impressionnants, donnait l'assaut contre le domicile du paisible Moussa Ahmed Idriss, faisant un mort en la personne de son fils adoptif, Youssouf Ismaël, et plusieurs blessés dont ses propres épouse Saada Elmi et fille Aicha Moussa Ahmed Idriss.

La tonalité du " message de paix " du fils de Omar Guelleh n'était pas de nature à rassembler et trahissait, dans sa formulation du moins, cette arrogance instinctive des disciples issus du moule de la facilité.

Bientôt, il apparaissait clairement que son " initiative de paix " n'avait pas été précédée des efforts et contacts de terrain préparatoires. Sahan n'avait été effectué : sahan, ce mot somali, signifie la mission de reconnaissance qu'effectue le pasteur nomade avant de décamper, soucieux de s'assurer de l'hospitalité de la zone de transhumance pressentie pour le déplacement pastoral du campement.

C'est à posteriori que Monsieur Ismaël Omar courra à gauche et à droite vers les pays, régions et organisations du monde intéressés par la question de la réconciliation somalienne. Tandis que les premiers intéressés, les Somaliens, apprendront l'entreprise de paix dont ils font l'objet par voie de presse. C'est à quelques jours seulement de la date du 20 avril 2000, date retenue par le pouvoir djiboutien pour le début de la conférence de réconciliation, que s'envoleront de Djibouti vers les régions somaliennes, c'est-à-dire vers le véritable terrain à traiter, les premières délégations de Monsieur Ismaël Omar. Provoquant de vives réactions de rejet de la part des principales régions somaliennes : Somaliland, Puntland, des secteurs importants de Mogadiscio et de sa région Benadir, etc.(lire à ce sujet notre article sur la question au Renouveau n°356 du 20 avril ), notamment ceux contrôlés par les chefs de factions Houssein Aïdid, Omar Ato, Ganyareh Afrah, etc.

Il faut dire que l'opinion publique somalienne, hormis quelques voix complaisantes, se montrait sceptique dès l'annonce d'un " plan de paix " auquel rien ne l'avait préparée et dont elle ignorait les tenants et les aboutissants.

Quant au peuple djiboutien, au nom duquel Monsieur Ismaël Omar affirme entreprendre ses démarches, il est tenu dans l'ignorance la plus totale de " l'initiative de paix ". Il doit se contenter de la propagande éculée puant le culte de la personnalité de Monsieur Guelleh, que relaient certains journalistes du service somali de la BBC connus sous nos cieux pour leurs relations privilégiées avec le régime djiboutien.

Aucun intellectuel djiboutien indépendant, aucun responsable politique de l'opposition, aucune autorité morale respectée, ne sont associés. En dehors de quelques courtisans bassement alimentaires, c'est la solitude qui, comme d'ordinaire, prévaut autour de cette entreprise du régime, dans un pays pourtant connu pour sa proximité du peuple somalien auquel il est d'ailleurs reconnaissant de son soutien décisif à la lutte nationale pour l'Indépendance.

Interrogé sur les ondes du service somali de la BBC, où un journaliste relèvera l'impréparation et le calendrier trop court de la réconciliation, Monsieur Ismaël Omar Guelleh répondra qu'il va justement vite pour éviter les palabres, les difficultés, les résistances...

Curieuse conception de la réconciliation qui nous a laissés stupéfaits, mais qui n'a finalement guère étonné sous nos yeux où l'on connaît bien l'homme.

Tous ces facteurs ont fait que la conférence débute sous de mauvaises auspices : report in extremis de la conférence initialement prévue pour le 20 avril 2000 au 2 mai 2000 ; difficultés liées à l'impréparation dont les divergences entre les participants somaliens ; dépassement du délai de 15 jours fixé pour la conférence ; soutien peu visible de la communauté internationale ; faible participation des Somaliens (le Somaliland est absent, le Puntland est défiant, le Benadir en grande partie hostile, les Rahanwene se tiennent sur leurs grades) ; les appels incessants de Monsieur Guelleh à la communauté internationale pour un soutien financier ne semblent pas suivis d'effets...

C'est pour toutes ces raisons que nous autres Djiboutiens doutons de la sincérité de Monsieur Ismaël Omar Guelleh.

Or, les Somaliens nous sont, pour nous autres Djiboutiens, très chers et ne souhaitons en aucune manière voir exploiter leurs malheurs à des fins inavouables. Nous voulons les voir sortir définitivement de la situation insoutenable où ils ont sombré. Et nous savons que c'est chose possible, d'autant plus possible que dix ans de souffrances sans nom ont épuisé le peuple somalien, rendant ardente son aspiration à la paix et à la réconciliation. Paix véritable et réconciliation réelle. Non quelque simulacre que ce soit.

Les chances de la paix et de la réconciliation somaliennes sont donc réelles et elles ne doivent en aucune manière être gaspillées. Nul n'en a le droit.

Voilà pourquoi nous lançons un appel pressant, un appel du cœur et de la raison, aux Somaliens où qu'ils soient. Nous les appelons à voir la réalité en face et à prendre leurs responsabilités. Nous les appelons à reprendre l'initiative et à se réapproprier le débat sur leur propre destin. Vous pouvez prendre Monsieur Ismaël Omar Guelleh au mot (officiellement, Djibouti se contente de vous offrir l'hospitalité pour permettre vos retrouvailles) et vous emparer de son initiative pour la repenser et la faire vôtre. Qu'elle ait permis aux chefs traditionnels de reprendre langue à Arta ou non, cette réunion ne vous empêchera pas d'aller plus loin et d'enclencher une authentique dynamique de paix et de réconciliation adaptée à vos rythmes et à vos réalités concrètes. Quitte à prolonger les palabres (shirs) chez vous sur le terrain, comme au Somaliland.

La communauté internationale vous soutiendra si vous le méritez. En d'autres termes, aidez-vous et le monde vous aidera.

C'est de vous tous, et de vous seuls, qu'il dépend que cette énième occasion, quelles que soient les motivations inavouables de Monsieur Guelleh, ne soit pas qu'une réunion de plus. Ou un prétexte pour vous satelliser et piller. Vous pouvez la transformer en une véritable réconciliation...

Notre modeste soutien et celui du peuple frère djiboutien vous sont acquis. Pour vous aider de manière sincère et désintéressée .

Par avance, merci de votre attention.

Très fraternellement à vous.


Hydraulique


LA QUESTION VITALE DE L'EAU par N. S

Pour affronter la complexité et la gravité des problèmes posés par la pénurie d'eau, les acteurs internationaux (Banque Mondiale pour la Construction et le Développement) proposent aux Etats en conflit de tenir un congrès international pour débattre du problème de l'eau, suggèrent, dans un mémorandum, de mettre sur pied une nouvelle stratégie visant à répondre aux besoins résultant du manque d'eau dans certains pays . Pour la Banque Mondiale, la solution réside dans la recherche de nouvelles sources, l'adoption d'une politique rationnelle concernant la consommation et l'instauration d'une coopération régionale pour exploiter les ressources existantes.

Aujourd'hui, il n'existe pas de droit fluvial international, les litiges se gèrent par des traités locaux quand la géopolitique locale le permet et ce ne sont que des palliatifs, aucune solution durable ne peut être envisagée, sans résolution des conflits, par des traités internationaux sur les ressources hydrauliques.

Aussi, si l'on veut assurer la durabilité des ressources en eau sur le long terme, est-il primordial de lever la confusion entre valeur et prix de l'eau et promouvoir " une Ethique de l'eau ".

Pour ce faire et pour beaucoup de pays du sud, l'équivoque doit être levé : l'eau ne devrait pas être perçue, au même titre que l'air, comme un don de dieu ou de la nature. C'est encore particulièrement vrai pour les pays de la région, par exemple, que le conquérant arabe de l'Egypte Amr Ibn ll Ass, surnommait voici douze siècles " le don du Nil ". S'il est vrai que l'eau est une ressource unique, particulière, de nature différente des autres ressources, il faut aussi la produire, la traiter. Elle est coûteuse à transporter et à distribuer, elle a un coût. Il faut admettre également que l'absence de vigilance sur le " juste prix " du précieux et irremplaçable liquide conduit au gaspillage, exacerbe les problèmes d'assainissement et provoque la dégradation des sols par hydromorphisme et salinisation.

Si bien que, lors de la conférence tenue à Paris du 19 au 21 mars 1998, le coup d'envoi du débat sur la valeur commerciale ou sociale de l'eau a été donné lors de l'ouverture de la dite conférence par le président Jacques Chirac qui a déclaré que " l'eau a un prix " et qu'il faut mettre un terme " aux oppositions stériles entre le marché et l'Etat, entre la gratuité et la tarification, entre la souveraineté sur les ressources et la nécessaire solidarité ". Et par son premier ministre qui a clôturé la conférence en disant que " l'eau n'est pas un produit comme les autres. Elle ne peut entrer dans une logique de marché, régulée seulement par le jeux de l'offre et de la demande ". Absolument, l'économie de marché enrichit les uns et appauvrit les autres. C'est pourquoi il est inconcevable de soumettre l'eau à la loi du marché sans accompagner cette démarché d'éléments compensateurs, d'un coefficient modérateur, en particulier de subventions pour les plus démunis. Un litre d'eau n'a pas la même valeur et coûte plus cher pour celui qui achète au jerrycan et au camion citerne que celui qui le prend au robinet. La logique du marché n'est pas en mesure de changer les pratiques et les usages, elle vise rarement ceux qui ont les moyens de gaspiller et frappe de manière disproportionnée les plus démunis. D'où notre retour sur la question longuement débattue à la conférence de Paris de mars 1998 : faut-il que l'homme s'adapte aux conditions de plus en plus contraignantes de l'utilisation de l'eau, ou l'eau aux exigences sans cesse croissantes de l'homme ? Pour notre part, nous nous en tiendrons aux recommandations de l'organisation syndicale internationale qu'ils soient publics, privés ou mixtes, les services de l'eau doivent être obligés de fournir ce bien et d'appliquer des tarifs acceptables socialement. La meilleure solution est de confier leur mise en place et leur exploitation aux services publics (ISP) ".


Comment se présente-t-elle la problématique de l'eau à Djibouti-ville ?


Avant d'aborder le mode de gestion de l'eau, que ce soit sa mise en place (production) ou son exploitation (distribution), il est utile de faire un aperçu de l'état technique de la nappe phréatique ravitaillant la ville. On a du mal à entendre un spécialiste ou à lire un rapport sur l'eau à Djibouti qui ne soient pas pessimistes et n'expriment pas leur inquiétude sur la quantité et la qualité comme sur la gestion aussi bien administrative que technique de l'eau potable. Pourtant, l'un des facteurs déterminants pour la création de la ville de Djibouti voilà 105 ans était sa bonne rade pour les bateaux mais aussi sa réserve hydrographique par la présence d'une nappe d'eau souterraine facilement exploitable située seulement à quelques kilomètres de la rade : Douda. C'est le prolongement de cette nappe aquifère qui est exploité jusqu'à nos jours et qui continue d'alimenter la ville pour environ 37000 m3 /j et ce n'est qu'une estimation. En effet, la ville de Djibouti est alimentée en eau potable à partir d'une nappe phréatique située au sud-est de la capitale, près de la frontière avec l'actuel Somaliland. Au fur à mesure que la demande en eau potable augmente, la question de la quantité et de la qualité de l'eau disponible pour la population se pose de façon cruciale. L'exploitation massive de la nappe aquifère oblige les exploitants de celle-ci à abandonner des puits près de la capitale pour en forer d'autres plus loin, parce que le taux de salinité est en évolution continue et se fait menaçant. En d'autre termes, l'absence de statistiques crédibles des relevés et de suivi de la production d'eau, nous laisse supposer que le taux de prélèvement est supérieur au taux de remplissage, que cette ressource se renouvelle très lentement, qu'il y a surexploitation de la nappe souterraine d'eau douce puisque le niveau se réduit parfois de plusieurs mètres par an. Aussi bien la qualité comme la quantité d'eau distribuée nous indique que la nappe phréatique située au sud-est de la capitale est proche de l'épuisement.

Devant une telle situation, il ne reste plus qu'à trouver une autre zone de captage (c'est ce qu'il y a de plus facile). Alors il a été recommandé par les spécialistes qui viennent de faire des études sur les potentialités des nappes phréatiques autour de la ville de Djibouti, de se diriger vers une autre zone de captage située à environ 30 kilomètre au nord-ouest de la ville de chaque côté de la route menant vers Arta, c'est la zone dite PK 2O- Golfe de Tadjourah. A notre connaissance et à la lumière des informations disponibles, les études préliminaires montrent que la zone de PK 20- Golfe de Tadjourah pourrait être une ressource non négligeable et pourrait constituer un nouveau champs de captage d'eau douce pour la ville sous réserve que des études complémentaires soient faites pour évaluer et quantifier avec précision les ressources renouvelables de cette nappe aquifère. En effet, l'identification seule des structures favorables produisant des débits importants n'est pas suffisant, encore faut-il pouvoir fixer le volume annuel des ressources renouvelables. Cette estimation se base sur des données climatiques, essentiellement les précipitations hydrographiques (débit des crues) et les données piézometriques (niveau d'eau des forages). C'est pourquoi nous disons que les recherches et les études qui ont été conduites sur les nappes phréatiques autour de la ville de Djibouti et en particulier sur la nappe aquifère de la zone dite PK20 ne sont que des études à caractère scientifique, d'où la médiocrité des résultats des forages d'exploitation.

Par conséquent le redéploiement vers des ressources d'eau douce à l'intérieur du pays est-il inéluctable ?

A suivre


EN BREF - EN BREF


LA POPULATION DU PK 12 SE PLAINT


Au PK 12, quartier déshérité rejeté loin de la ville, la population se plaint amèrement. Elle se plaint de ce que la fontaine publique est fermée depuis plusieurs jours pour cause de hausse du prix du fût d'eau qui est passé de 30 à 50 FD : les habitants s'y sont opposés. Elle se plaint aussi de ce que le seul chantier du quartier ( construction d'un groupe scolaire primaire) n'embauche que les seuls militants du parti au pouvoir, le RPP : il faut, nous rapportent-ils, présenter la carte d'adhérent au RPP pour espérer une embauche. Les chefs des quartiers, les responsables de l'annexe locale du RPP ainsi que l'administration de la circonscription y veillent de concert. Elle se plaint également de la pénurie de médicaments au dispensaire local qui n'offre plus rien aux malades. Elle se plaint enfin de ce que les décasés d'Arhiba II ne soient toujours pas normalement réinstallés, comme promis, et demeurent sur des parcelles provisoires, ce qui les place à la merci de l'arbitraire administratif : ils paieraient, selon eux, 5000 FD à la fin de chaque mois pour ne pas être délogés.


LE PORT PASSE AUX MAINS DU PRIVE

C'est officiel, le Port Autonome International de Djibouti, dont les activités ont considérablement crû depuis l'éclatement du conflit éthio-erythéen, passe aux mains du secteur privé étranger. Cela fait suite à un accord que vient de signer le gouvernement de Monsieur Ismaël Omar Guelleh avec l'Autorité du port de Djebel Ali de Dubai aux Emirats Arabes Unis. Selon les déclarations du régime, il semble qu'en vertu de cet engagement, qui est qualifié d'accord de gestion, le Port de Dubai se voit confier la gestion de celui de Djibouti. Le premier se serait engagé à accroître le chiffre d'affaires du second, à partir de son niveau actuel (environ 9 milliard de nos francs), ce surcroît d'activités servant de base au calcul du partage des bénéfices additionnel entre l'Etat de Djibouti et le port de Dubai.

Cette affaire, sur laquelle nous reviendrons plus longuement dans nos prochaines éditions, n'est pas sans soulever des questions importantes.

Le port de Djibouti étant un élément du patrimoine national, les décisions concernant son avenir sont censées se prendre dans la transparence et conformément aux règles en vigueur. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de diagnostic sérieux ? Qu'a-t-on fait de la publicité légale : cahier des charges, procédure d'appel d'offres internationale, sélection transparente des offres ainsi recueillies, consultation des partenaires sociaux et économiques, etc. ? Que deviendront les 1200 agents du Port ainsi que les dockers ? Qu'adviendra-t-il des équipements en termes de responsabilité ? Monsieur Ismaël Omar est-il habilité à décider comme bon lui semble de notre patrimoine national... ?

Ce sont là quelques-unes des questions que se posent les Djiboutiens et Djiboutiennes depuis que le fils de Omar Guelleh leur a assené de curieuses images télévisuelles où, assis au milieu des signataires, tel un apporteur d'affaires satisfait de ses services, il assistait à la conclusion d'un accord dit de gestion entre le ministre djiboutien du Port et l'Autorité du port de Dubai. Voilà quelque jours, lors de l'une de ces visites incessantes dignes d'un commis voyageur dont il a le secret.


DDP CONTRE ETS SOUGUEH

Des informations concordantes recueillies par le Renouveau font état de ce qu'un différend oppose la société Djibouti Dry Port (DDP) et Ets Sougueh Aluminium au sujet d'une parcelle de terrain sise aux Salines Ouest à Djibouti-ville dont Ets Sougueh serait légalement titulaire et que les Domaines auraient attribuée à la DDP.

L'affaire, qui a failli dégénérer à la bataille rangée, aurait été arbitrée par le Palais Présidentiel : DDP garderait la parcelle pour la construction de ses entrepôts et Ets Sougueh se verrait attribuer une nouvelle parcelle dans le même site, du côté du terrain FNP (Route de Venise).


DAALO AIRLINES INTERDITE DE VOL

Voilà quelques jours, la compagnie aérienne Daalo Airlines s'est vue interdite de vol à destination du Somaliland depuis l'aéroport de Djibouti. Cette mesure à l'encontre de Daalo Airlines semble avoir été prise en représailles au Somaliland qui aurait interdit sur son sol la compagnie aérienne Air Djibouti, soupçonnée " d'activités de transport à caractère politique au profit du régime djiboutien " engagé, comme on le sait, dans une curieuse opération politico-médiatique qu'il appelle " conférence de réconciliation somalienne ".

Le pouvoir djiboutien joue-t-il là un jeu claniste : Daalo Airlines appartient à des contribules du président Mohamed Hadj Ibrahim Egal ?

Il semble, en tout cas, que le Somaliland ait, depuis lors, levé l'interdiction frappant Air Djibouti. Ce qui n'est pas encore le cas pour Daalo Airlines

A suivre.


PLACE HARBI DEVENUE UNE DECHARGE A CIEL OUVERT

La très animée Place Mohamoud Harbi où se bousculent bus, mini-bus, passants et marchands en tous genres, a été dotée, voilà quelques temps, d'un bac à ordures. Lequel s'est révélé vite défaillant faute de service adéquat : le bac non vidé, les ordres s'accumulent alentour, puant et polluant la place. Ce qui donne aux lieux les allures d'une véritable décharge publique à ciel ouvert.


DE FAUX BILLETS A DJIBOUTI

Des informations concordantes recueillies par le Renouveau font état de l'existence de faux billets de 10000 FD. A l'effigie de l'ancien président de la République, Monsieur Hassan Gouled, ces billets sont une contrefaçon du billet de 10000 FD récemment mis en circulation par la Banque Nationale en signe de reconnaissance de la part de Monsieur Guelleh à Monsieur Gouled qui l'a coopté et fait Chef de l'Etat.

Une enquête de police serait en cours pour identifier les auteurs et mettre fin à leurs dangereuses activités.

Nous appelons donc le public à la vigilance à l'endroit de ces billets.


L'UNION EUROPEENNE FETE SES 50 ANS

L'Union Européenne a fêté mardi dernier le cinquantième anniversaire de son acte fondateur qui intervenait en mai 1950. C'était en effet le traité du charbon et de l'acier qui allait ouvrir la voie à l'intégration européenne telle qu'elle existe aujourd'hui. Elle regroupe pas moins d'une quinzaine de pays et les candidats se bousculent au portillon. Elle est tout simplement, avec les Etats Unis d'Amérique, une Supergrande.

A Djibouti, la Délégation Européenne a organisé mardi soir 10 mai 2000 une réception au Centre Culturel Français Athur Rimbo pour marquer l'événement.


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