LE
RENOUVEAU
N°
359 du Jeudi 18 Mai 2000
POLITIQUE REGIONALE
LETTRE OUVERTE
AUX SOMALIENS
par
Daher
Ahmed Farah
chers freres et soeurs,
Ne pouvant nous adresser
directement à vous, sous le chapiteau d'Arta où, selon le
régime djiboutien, des personnalités coutumières vous
représentant débattent pour vous réconcilier et dégager
les voies et moyens de mettre fin au drame que traverse votre cher pays
depuis maintenant une dizaine d'années, ne pouvant donc prendre la
parole devant vous, en dépit de notre demande expresse en ce sens,
du fait du régime de Monsieur Ismaël Omar Guelleh prompt à
museler les opposants, nous nous permettons de vous faire tenir cette lettre
ouverte par voie de presse.
C'est volontairement
que nous nous exprimons en français pour prendre à témoin
l'opinion publique nationale et internationale.
Comme vous pouvez
aisément l'imaginer, nous souhaitons, comme tous vos frères
et voisins djiboutiens, la fin de vos malheurs. Nous le souhaitons vivement,
du plus profond de notre être. D'où l'irrépressible
cri du cur et de la raison que nous poussons à travers ces
quelques modestes lignes.
Ce que nous souhaitons
souligner, c'est l'impérieuse nécessité pour les Somaliens
de parvenir à leurs objectifs : réconcilier le peuple somalien
et lui fournir les moyens de restaurer son Etat et de reconstruire son pays.
C'est là,
nous en convenons aisément, une vaste tâche qui ne peut souffrir
d'erreurs. Une tâche vitale dont le succès nous semble déterminant,
décisif, pour le destin de tout un peuple et de la nation qu'il forme
malgré tout.
Comme le dit si joliment
le dicton, " Arine aan la rogrogin rag ma heline (d'une affaire non
examinée, l'on ne peut dire que des hommes s'y sont penchés)
", avant de songer aux remèdes, il faut diagnostiquer le mal,
déterminer sa nature. Car à chaque mal correspondent ses remèdes.
D'où la nécessité,
dans toute entreprise de réconciliation somalienne, d'examiner sérieusement
la situation, de la considérer dans toute sa complexité, de
ne négliger aucun aspect essentiel. Il faut se donner le temps de
s'interroger ensemble, pour mieux appréhender les problèmes
et mieux entrevoir les solutions. Un bon diagnostic, c'est 50% du traitement,
disent les praticiens.
S'interroger sur
les causes profondes de la tragédie somalienne mais aussi sur les
raisons de son insoutenable persistance. Pourquoi et comment l'un des pays
phares de l'Afrique indépendante, fascinant à plus d'un titre,
en est-il arrivé à s'effondrer du sommet de ses succès
? Par quelle funeste alchimie le sort somalien s'est-il scellé ?
Pourquoi et comment le drame perdure-t-il depuis dix ans ? Pourquoi toutes
les tentatives de réconciliations, d'où qu'elles viennent,
ont-elles échoué... ?
Nous souhaiterions
pour notre part, dans le cadre de notre modeste intervention, nous attarder
un instant sur cette dernière question de la réconciliation,
car elle concerne l'objet de l'initiative que le chef du pouvoir djiboutien
affirme avoir prise au nom du peuple djiboutien et qu'il s'agit d'une entreprise
trop importante pour être laissée entre les mains d'un seul
homme. N'est-ce pas précisément l'exercice autocratique du
pouvoir d'Etat qui a fait de la Somalie ce qu'elle est et qui justifie cette
réconciliation nationale si vitale ? Laquelle, on ne le soulignera
jamais assez, ne pouvant en aucune façon faire l'économie
d'un examen approfondi autour des questions essentielles, du pourquoi et
du comment.
Nous ne pouvons nous
retenir de rappeler que pas moins de douze conférences de réconciliation
ont échoué depuis les débuts de la crise somalienne.
La première était organisée par la République
de Djibouti en juillet 1991 sous le régime du président Hassan
Gouled Aptidon dont Monsieur Ismaël Omar Guelleh était le bras
sécuritaire et l'un des tout proches collaborateurs.
Le point commun de
toutes ces conférences de réconciliation était leur
organisation par des pays tiers. Des pays certes frères ou amis,
interpellés sans doute par le drame somalien, mais des pays tiers
tout de même. Toutes ces conférences ont donc été
conçues et mises en oeuvre par des Etats tiers, souvent avec la complicité
active de certains acteurs somaliens.
Or, ces Etats organisateurs,
si liés soient-ils à la Somalie, n'ont pas forcément
les mêmes intérêts que les malheureux Somaliens livrés
à l'enfer sur terre. Un Etat digne de ce nom, disait un homme d'Etat
célèbre, n'a point d'amis, il n'a que des intérêts.
Du reste, il nous
est donné de constater que les régions somaliennes où
la paix est revenue sont celles où les Somaliens ont eux-mêmes
pris les choses en main, discutant sans intermédiaire de leurs problèmes
et trouvant entre eux une formule de vie collective. L'exemple du Somaliland,
suivi quelques années plus tard du Puntland, nous semble éloquent
.
Cela n'a d'ailleurs
rien d'étonnant pour qui connaît la société somalienne
et sa culture. Comme tous les Somalis (nous pouvons dire la même chose
des Afars, autre peuple de pasteurs nomades frère des Somalis), les
Somaliens sont les héritiers d'une riche culture de dialogue (de
démocratie pastorale, diraient les spécialistes) où
les différends internes se règlent par le verbe sous l'arbre
à palabres. De mémoire de pasteur nomade, il n'est pas de
conflit interne, de différend, qui n'ait fini par connaître
un heureux dénouement sous l'arbre à palabres. Les guerres
inter-claniques les plus meurtrières ont toujours fini par cesser
lorsque les protagonistes, l'explosion passionnelle passée, ont repris
langue. La paix retrouvée se scellant souvent par des mariages entre
jeunes gens et jeunes filles des deux groupes réconciliés.
Une façon de consolider la paix civile par un resserrement des liens
du sang.
N'est-ce pas, du
reste, au nom de cette culture que le régime de Monsieur Ismaël
Omar vient d'engager directement le dialogue avec l'opposition armée
djiboutienne (alliée à l'opposition civile) du FRUD présidée
par Monsieur Ahmed Dini Ahmed en terre djiboutienne ?
Voilà pourquoi
nous pensons que seuls les Somaliens, en prenant véritablement leurs
affaires en main, peuvent parvenir à une authentique réconciliation
qui débouche sur une réelle renaissance somalienne. Nous le
pensons d'autant plus fort que de nombreux indices nous amènent à
douter de la sincérité de l'initiative de paix de Monsieur
Ismaël Omar Guelleh, un Djiboutien que nous autres Djiboutiens connaissons
tout de même mieux que nos frères somaliens.
En mal de légitimité
à l'intérieur des frontières nationales où il
a usurpé le pouvoir d'Etat, Monsieur Guelleh a certainement cru trouver
dans la tragédie somalienne matière à acquérir
quelque crédit international et à capter de l'aide financière.
Il a alors entrepris de prôner pour les Somaliens une réconciliation
nationale, celle-là même qu'il fuyait dans son propre pays
et avec ses propres concitoyens, massivement opposés à sa
prise du pouvoir.
L'initiative de paix
de Monsieur Ismaël Omar est en effet survenue au lendemain de l'élection
présidentielle djiboutienne qui a donné lieu à un véritable
hold up électoral au profit de ce dernier et aux dépens de
son adversaire unique, Monsieur Moussa Ahmed Idriss, figure historique soutenue
par l'ensemble des forces de l'opposition, y compris le FRUD du président
Ahmed Dini Ahmed.
C'est au moment même
où Monsieur Ismaël Omar Guelleh annonçait son "
plan de paix pour la Somalie " de la tribune des Nations Unies, que
son appareil répressif, en un dispositif des plus impressionnants,
donnait l'assaut contre le domicile du paisible Moussa Ahmed Idriss, faisant
un mort en la personne de son fils adoptif, Youssouf Ismaël, et plusieurs
blessés dont ses propres épouse Saada Elmi et fille Aicha
Moussa Ahmed Idriss.
La tonalité
du " message de paix " du fils de Omar Guelleh n'était
pas de nature à rassembler et trahissait, dans sa formulation du
moins, cette arrogance instinctive des disciples issus du moule de la facilité.
Bientôt, il
apparaissait clairement que son " initiative de paix " n'avait
pas été précédée des efforts et contacts
de terrain préparatoires. Sahan n'avait été effectué
: sahan, ce mot somali, signifie la mission de reconnaissance qu'effectue
le pasteur nomade avant de décamper, soucieux de s'assurer de l'hospitalité
de la zone de transhumance pressentie pour le déplacement pastoral
du campement.
C'est à posteriori
que Monsieur Ismaël Omar courra à gauche et à droite
vers les pays, régions et organisations du monde intéressés
par la question de la réconciliation somalienne. Tandis que les premiers
intéressés, les Somaliens, apprendront l'entreprise de paix
dont ils font l'objet par voie de presse. C'est à quelques jours
seulement de la date du 20 avril 2000, date retenue par le pouvoir djiboutien
pour le début de la conférence de réconciliation, que
s'envoleront de Djibouti vers les régions somaliennes, c'est-à-dire
vers le véritable terrain à traiter, les premières
délégations de Monsieur Ismaël Omar. Provoquant de vives
réactions de rejet de la part des principales régions somaliennes
: Somaliland, Puntland, des secteurs importants de Mogadiscio et de sa région
Benadir, etc.(lire à ce sujet notre article sur la question au Renouveau
n°356 du 20 avril ), notamment ceux contrôlés par les chefs
de factions Houssein Aïdid, Omar Ato, Ganyareh Afrah, etc.
Il faut dire que
l'opinion publique somalienne, hormis quelques voix complaisantes, se montrait
sceptique dès l'annonce d'un " plan de paix " auquel rien
ne l'avait préparée et dont elle ignorait les tenants et les
aboutissants.
Quant au peuple djiboutien,
au nom duquel Monsieur Ismaël Omar affirme entreprendre ses démarches,
il est tenu dans l'ignorance la plus totale de " l'initiative de paix
". Il doit se contenter de la propagande éculée puant
le culte de la personnalité de Monsieur Guelleh, que relaient certains
journalistes du service somali de la BBC connus sous nos cieux pour leurs
relations privilégiées avec le régime djiboutien.
Aucun intellectuel
djiboutien indépendant, aucun responsable politique de l'opposition,
aucune autorité morale respectée, ne sont associés.
En dehors de quelques courtisans bassement alimentaires, c'est la solitude
qui, comme d'ordinaire, prévaut autour de cette entreprise du régime,
dans un pays pourtant connu pour sa proximité du peuple somalien
auquel il est d'ailleurs reconnaissant de son soutien décisif à
la lutte nationale pour l'Indépendance.
Interrogé
sur les ondes du service somali de la BBC, où un journaliste relèvera
l'impréparation et le calendrier trop court de la réconciliation,
Monsieur Ismaël Omar Guelleh répondra qu'il va justement vite
pour éviter les palabres, les difficultés, les résistances...
Curieuse conception
de la réconciliation qui nous a laissés stupéfaits,
mais qui n'a finalement guère étonné sous nos yeux
où l'on connaît bien l'homme.
Tous ces facteurs
ont fait que la conférence débute sous de mauvaises auspices
: report in extremis de la conférence initialement prévue
pour le 20 avril 2000 au 2 mai 2000 ; difficultés liées à
l'impréparation dont les divergences entre les participants somaliens
; dépassement du délai de 15 jours fixé pour la conférence
; soutien peu visible de la communauté internationale ; faible participation
des Somaliens (le Somaliland est absent, le Puntland est défiant,
le Benadir en grande partie hostile, les Rahanwene se tiennent sur leurs
grades) ; les appels incessants de Monsieur Guelleh à la communauté
internationale pour un soutien financier ne semblent pas suivis d'effets...
C'est pour toutes
ces raisons que nous autres Djiboutiens doutons de la sincérité
de Monsieur Ismaël Omar Guelleh.
Or, les Somaliens
nous sont, pour nous autres Djiboutiens, très chers et ne souhaitons
en aucune manière voir exploiter leurs malheurs à des fins
inavouables. Nous voulons les voir sortir définitivement de la situation
insoutenable où ils ont sombré. Et nous savons que c'est chose
possible, d'autant plus possible que dix ans de souffrances sans nom ont
épuisé le peuple somalien, rendant ardente son aspiration
à la paix et à la réconciliation. Paix véritable
et réconciliation réelle. Non quelque simulacre que ce soit.
Les chances de la
paix et de la réconciliation somaliennes sont donc réelles
et elles ne doivent en aucune manière être gaspillées.
Nul n'en a le droit.
Voilà pourquoi
nous lançons un appel pressant, un appel du cur et de la raison,
aux Somaliens où qu'ils soient. Nous les appelons à voir la
réalité en face et à prendre leurs responsabilités.
Nous les appelons à reprendre l'initiative et à se réapproprier
le débat sur leur propre destin. Vous pouvez prendre Monsieur Ismaël
Omar Guelleh au mot (officiellement, Djibouti se contente de vous offrir
l'hospitalité pour permettre vos retrouvailles) et vous emparer de
son initiative pour la repenser et la faire vôtre. Qu'elle ait permis
aux chefs traditionnels de reprendre langue à Arta ou non, cette
réunion ne vous empêchera pas d'aller plus loin et d'enclencher
une authentique dynamique de paix et de réconciliation adaptée
à vos rythmes et à vos réalités concrètes.
Quitte à prolonger les palabres (shirs) chez vous sur le terrain,
comme au Somaliland.
La communauté
internationale vous soutiendra si vous le méritez. En d'autres termes,
aidez-vous et le monde vous aidera.
C'est de vous tous,
et de vous seuls, qu'il dépend que cette énième occasion,
quelles que soient les motivations inavouables de Monsieur Guelleh, ne soit
pas qu'une réunion de plus. Ou un prétexte pour vous satelliser
et piller. Vous pouvez la transformer en une véritable réconciliation...
Notre modeste soutien
et celui du peuple frère djiboutien vous sont acquis. Pour vous aider
de manière sincère et désintéressée .
Par avance, merci
de votre attention.
Très fraternellement
à vous.
Hydraulique
LA
QUESTION VITALE DE L'EAU par
N. S
Pour affronter la
complexité et la gravité des problèmes posés
par la pénurie d'eau, les acteurs internationaux (Banque Mondiale
pour la Construction et le Développement) proposent aux Etats en
conflit de tenir un congrès international pour débattre du
problème de l'eau, suggèrent, dans un mémorandum, de
mettre sur pied une nouvelle stratégie visant à répondre
aux besoins résultant du manque d'eau dans certains pays . Pour la
Banque Mondiale, la solution réside dans la recherche de nouvelles
sources, l'adoption d'une politique rationnelle concernant la consommation
et l'instauration d'une coopération régionale pour exploiter
les ressources existantes.
Aujourd'hui, il n'existe
pas de droit fluvial international, les litiges se gèrent par des
traités locaux quand la géopolitique locale le permet et ce
ne sont que des palliatifs, aucune solution durable ne peut être envisagée,
sans résolution des conflits, par des traités internationaux
sur les ressources hydrauliques.
Aussi, si l'on veut
assurer la durabilité des ressources en eau sur le long terme, est-il
primordial de lever la confusion entre valeur et prix de l'eau et promouvoir
" une Ethique de l'eau ".
Pour ce faire et
pour beaucoup de pays du sud, l'équivoque doit être levé
: l'eau ne devrait pas être perçue, au même titre que
l'air, comme un don de dieu ou de la nature. C'est encore particulièrement
vrai pour les pays de la région, par exemple, que le conquérant
arabe de l'Egypte Amr Ibn ll Ass, surnommait voici douze siècles
" le don du Nil ". S'il est vrai que l'eau est une ressource unique,
particulière, de nature différente des autres ressources,
il faut aussi la produire, la traiter. Elle est coûteuse à
transporter et à distribuer, elle a un coût. Il faut admettre
également que l'absence de vigilance sur le " juste prix "
du précieux et irremplaçable liquide conduit au gaspillage,
exacerbe les problèmes d'assainissement et provoque la dégradation
des sols par hydromorphisme et salinisation.
Si bien que, lors
de la conférence tenue à Paris du 19 au 21 mars 1998, le coup
d'envoi du débat sur la valeur commerciale ou sociale de l'eau a
été donné lors de l'ouverture de la dite conférence
par le président Jacques Chirac qui a déclaré que "
l'eau a un prix " et qu'il faut mettre un terme " aux oppositions
stériles entre le marché et l'Etat, entre la gratuité
et la tarification, entre la souveraineté sur les ressources et la
nécessaire solidarité ". Et par son premier ministre
qui a clôturé la conférence en disant que " l'eau
n'est pas un produit comme les autres. Elle ne peut entrer dans une logique
de marché, régulée seulement par le jeux de l'offre
et de la demande ". Absolument, l'économie de marché
enrichit les uns et appauvrit les autres. C'est pourquoi il est inconcevable
de soumettre l'eau à la loi du marché sans accompagner cette
démarché d'éléments compensateurs, d'un coefficient
modérateur, en particulier de subventions pour les plus démunis.
Un litre d'eau n'a pas la même valeur et coûte plus cher pour
celui qui achète au jerrycan et au camion citerne que celui qui le
prend au robinet. La logique du marché n'est pas en mesure de changer
les pratiques et les usages, elle vise rarement ceux qui ont les moyens
de gaspiller et frappe de manière disproportionnée les plus
démunis. D'où notre retour sur la question longuement débattue
à la conférence de Paris de mars 1998 : faut-il que l'homme
s'adapte aux conditions de plus en plus contraignantes de l'utilisation
de l'eau, ou l'eau aux exigences sans cesse croissantes de l'homme ? Pour
notre part, nous nous en tiendrons aux recommandations de l'organisation
syndicale internationale qu'ils soient publics, privés ou mixtes,
les services de l'eau doivent être obligés de fournir ce bien
et d'appliquer des tarifs acceptables socialement. La meilleure solution
est de confier leur mise en place et leur exploitation aux services publics
(ISP) ".
Comment se présente-t-elle la problématique
de l'eau à Djibouti-ville ?
Avant d'aborder le
mode de gestion de l'eau, que ce soit sa mise en place (production) ou son
exploitation (distribution), il est utile de faire un aperçu de l'état
technique de la nappe phréatique ravitaillant la ville. On a du mal
à entendre un spécialiste ou à lire un rapport sur
l'eau à Djibouti qui ne soient pas pessimistes et n'expriment pas
leur inquiétude sur la quantité et la qualité comme
sur la gestion aussi bien administrative que technique de l'eau potable.
Pourtant, l'un des facteurs déterminants pour la création
de la ville de Djibouti voilà 105 ans était sa bonne rade
pour les bateaux mais aussi sa réserve hydrographique par la présence
d'une nappe d'eau souterraine facilement exploitable située seulement
à quelques kilomètres de la rade : Douda. C'est le prolongement
de cette nappe aquifère qui est exploité jusqu'à nos
jours et qui continue d'alimenter la ville pour environ 37000 m3 /j et ce
n'est qu'une estimation. En effet, la ville de Djibouti est alimentée
en eau potable à partir d'une nappe phréatique située
au sud-est de la capitale, près de la frontière avec l'actuel
Somaliland. Au fur à mesure que la demande en eau potable augmente,
la question de la quantité et de la qualité de l'eau disponible
pour la population se pose de façon cruciale. L'exploitation massive
de la nappe aquifère oblige les exploitants de celle-ci à
abandonner des puits près de la capitale pour en forer d'autres plus
loin, parce que le taux de salinité est en évolution continue
et se fait menaçant. En d'autre termes, l'absence de statistiques
crédibles des relevés et de suivi de la production d'eau,
nous laisse supposer que le taux de prélèvement est supérieur
au taux de remplissage, que cette ressource se renouvelle très lentement,
qu'il y a surexploitation de la nappe souterraine d'eau douce puisque le
niveau se réduit parfois de plusieurs mètres par an. Aussi
bien la qualité comme la quantité d'eau distribuée
nous indique que la nappe phréatique située au sud-est de
la capitale est proche de l'épuisement.
Devant une telle
situation, il ne reste plus qu'à trouver une autre zone de captage
(c'est ce qu'il y a de plus facile). Alors il a été recommandé
par les spécialistes qui viennent de faire des études sur
les potentialités des nappes phréatiques autour de la ville
de Djibouti, de se diriger vers une autre zone de captage située
à environ 30 kilomètre au nord-ouest de la ville de chaque
côté de la route menant vers Arta, c'est la zone dite PK 2O-
Golfe de Tadjourah. A notre connaissance et à la lumière des
informations disponibles, les études préliminaires montrent
que la zone de PK 20- Golfe de Tadjourah pourrait être une ressource
non négligeable et pourrait constituer un nouveau champs de captage
d'eau douce pour la ville sous réserve que des études complémentaires
soient faites pour évaluer et quantifier avec précision les
ressources renouvelables de cette nappe aquifère. En effet, l'identification
seule des structures favorables produisant des débits importants
n'est pas suffisant, encore faut-il pouvoir fixer le volume annuel des ressources
renouvelables. Cette estimation se base sur des données climatiques,
essentiellement les précipitations hydrographiques (débit
des crues) et les données piézometriques (niveau d'eau des
forages). C'est pourquoi nous disons que les recherches et les études
qui ont été conduites sur les nappes phréatiques autour
de la ville de Djibouti et en particulier sur la nappe aquifère de
la zone dite PK20 ne sont que des études à caractère
scientifique, d'où la médiocrité des résultats
des forages d'exploitation.
Par conséquent
le redéploiement vers des ressources d'eau douce à l'intérieur
du pays est-il inéluctable ?
A suivre
EN BREF - EN BREF
LA POPULATION
DU PK 12 SE PLAINT
Au PK 12, quartier déshérité rejeté loin de
la ville, la population se plaint amèrement. Elle se plaint de ce
que la fontaine publique est fermée depuis plusieurs jours pour cause
de hausse du prix du fût d'eau qui est passé de 30 à
50 FD : les habitants s'y sont opposés. Elle se plaint aussi de ce
que le seul chantier du quartier ( construction d'un groupe scolaire primaire)
n'embauche que les seuls militants du parti au pouvoir, le RPP : il faut,
nous rapportent-ils, présenter la carte d'adhérent au RPP
pour espérer une embauche. Les chefs des quartiers, les responsables
de l'annexe locale du RPP ainsi que l'administration de la circonscription
y veillent de concert. Elle se plaint également de la pénurie
de médicaments au dispensaire local qui n'offre plus rien aux malades.
Elle se plaint enfin de ce que les décasés d'Arhiba II ne
soient toujours pas normalement réinstallés, comme promis,
et demeurent sur des parcelles provisoires, ce qui les place à la
merci de l'arbitraire administratif : ils paieraient, selon eux, 5000 FD
à la fin de chaque mois pour ne pas être délogés.
LE PORT PASSE
AUX MAINS DU PRIVE
C'est officiel,
le Port Autonome International de Djibouti, dont les activités ont
considérablement crû depuis l'éclatement du conflit
éthio-erythéen, passe aux mains du secteur privé étranger.
Cela fait suite à un accord que vient de signer le gouvernement de
Monsieur Ismaël Omar Guelleh avec l'Autorité du port de Djebel
Ali de Dubai aux Emirats Arabes Unis. Selon les déclarations du régime,
il semble qu'en vertu de cet engagement, qui est qualifié d'accord
de gestion, le Port de Dubai se voit confier la gestion de celui de Djibouti.
Le premier se serait engagé à accroître le chiffre d'affaires
du second, à partir de son niveau actuel (environ 9 milliard de nos
francs), ce surcroît d'activités servant de base au calcul
du partage des bénéfices additionnel entre l'Etat de Djibouti
et le port de Dubai.
Cette affaire, sur
laquelle nous reviendrons plus longuement dans nos prochaines éditions,
n'est pas sans soulever des questions importantes.
Le port de Djibouti
étant un élément du patrimoine national, les décisions
concernant son avenir sont censées se prendre dans la transparence
et conformément aux règles en vigueur. Pourquoi n'y a-t-il
pas eu de diagnostic sérieux ? Qu'a-t-on fait de la publicité
légale : cahier des charges, procédure d'appel d'offres internationale,
sélection transparente des offres ainsi recueillies, consultation
des partenaires sociaux et économiques, etc. ? Que deviendront les
1200 agents du Port ainsi que les dockers ? Qu'adviendra-t-il des équipements
en termes de responsabilité ? Monsieur Ismaël Omar est-il habilité
à décider comme bon lui semble de notre patrimoine national...
?
Ce sont là
quelques-unes des questions que se posent les Djiboutiens et Djiboutiennes
depuis que le fils de Omar Guelleh leur a assené de curieuses images
télévisuelles où, assis au milieu des signataires,
tel un apporteur d'affaires satisfait de ses services, il assistait à
la conclusion d'un accord dit de gestion entre le ministre djiboutien du
Port et l'Autorité du port de Dubai. Voilà quelque jours,
lors de l'une de ces visites incessantes dignes d'un commis voyageur dont
il a le secret.
DDP CONTRE ETS
SOUGUEH
Des informations
concordantes recueillies par le Renouveau font état de ce qu'un différend
oppose la société Djibouti Dry Port (DDP) et Ets Sougueh Aluminium
au sujet d'une parcelle de terrain sise aux Salines Ouest à Djibouti-ville
dont Ets Sougueh serait légalement titulaire et que les Domaines
auraient attribuée à la DDP.
L'affaire, qui a
failli dégénérer à la bataille rangée,
aurait été arbitrée par le Palais Présidentiel
: DDP garderait la parcelle pour la construction de ses entrepôts
et Ets Sougueh se verrait attribuer une nouvelle parcelle dans le même
site, du côté du terrain FNP (Route de Venise).
DAALO AIRLINES
INTERDITE DE VOL
Voilà quelques
jours, la compagnie aérienne Daalo Airlines s'est vue interdite de
vol à destination du Somaliland depuis l'aéroport de Djibouti.
Cette mesure à l'encontre de Daalo Airlines semble avoir été
prise en représailles au Somaliland qui aurait interdit sur son sol
la compagnie aérienne Air Djibouti, soupçonnée "
d'activités de transport à caractère politique au profit
du régime djiboutien " engagé, comme on le sait, dans
une curieuse opération politico-médiatique qu'il appelle "
conférence de réconciliation somalienne ".
Le pouvoir djiboutien
joue-t-il là un jeu claniste : Daalo Airlines appartient à
des contribules du président Mohamed Hadj Ibrahim Egal ?
Il semble, en tout
cas, que le Somaliland ait, depuis lors, levé l'interdiction frappant
Air Djibouti. Ce qui n'est pas encore le cas pour Daalo Airlines
A suivre.
PLACE
HARBI DEVENUE UNE DECHARGE A CIEL OUVERT
La très animée
Place Mohamoud Harbi où se bousculent bus, mini-bus, passants et
marchands en tous genres, a été dotée, voilà
quelques temps, d'un bac à ordures. Lequel s'est révélé
vite défaillant faute de service adéquat : le bac non vidé,
les ordres s'accumulent alentour, puant et polluant la place. Ce qui donne
aux lieux les allures d'une véritable décharge publique à
ciel ouvert.
DE
FAUX BILLETS A DJIBOUTI
Des informations
concordantes recueillies par le Renouveau font état de l'existence
de faux billets de 10000 FD. A l'effigie de l'ancien président de
la République, Monsieur Hassan Gouled, ces billets sont une contrefaçon
du billet de 10000 FD récemment mis en circulation par la Banque
Nationale en signe de reconnaissance de la part de Monsieur Guelleh à
Monsieur Gouled qui l'a coopté et fait Chef de l'Etat.
Une enquête
de police serait en cours pour identifier les auteurs et mettre fin à
leurs dangereuses activités.
Nous appelons donc
le public à la vigilance à l'endroit de ces billets.
L'UNION
EUROPEENNE FETE SES 50 ANS
L'Union Européenne
a fêté mardi dernier le cinquantième anniversaire de
son acte fondateur qui intervenait en mai 1950. C'était en effet
le traité du charbon et de l'acier qui allait ouvrir la voie à
l'intégration européenne telle qu'elle existe aujourd'hui.
Elle regroupe pas moins d'une quinzaine de pays et les candidats se bousculent
au portillon. Elle est tout simplement, avec les Etats Unis d'Amérique,
une Supergrande.
A Djibouti, la Délégation
Européenne a organisé mardi soir 10 mai 2000 une réception
au Centre Culturel Français Athur Rimbo pour marquer l'événement.
------------------------------------------------- Sommaire
'Le Renouveau' ----------------------