LE RENOUVEAU 360
du Jeudi 25 Mai 2000
Organe d'information du PRD

Diffusion par l'ARDHD
Directeur de publication : Daher Ahmed Farah
Rédaction - Administration :
Edité par la Commission Communication du Parti
Avenue NASSER tel :35 14 74 B.P : 3570
Tirage : 1500 exemplaires . Dépôt Légal N°365

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LE RENOUVEAU

N° 360 du Jeudi 25 Mai 2000




POLITIQUE NATIONALE


ISMAEL OMAR GUELLEH : " L'Etat, c'est moi ! "

" Les enseignants se comportent en mercenaires ; l'évasion fiscale s'explique par la corruption des agents des recettes ; c'est volontairement que nous avons suscité des conflits entre les ministres et les directeurs en ce qui concerne la gestion des établissements publics, l'opposition doit être indépendante de l'Etat... " ; rires à la question sur les douloureux retards de solde des agents de l'Etat, etc. Telles sont quelques-unes des perles, pour ne pas dire des bourdes, de Monsieur Ismaël Omar Guelleh à l'occasion du one man show télévisé qu'il s'est offert en commémoration du premier anniversaire de sa prise du pouvoir. Eh oui, il faut le savoir, le fils de Omar Guelleh entend célébrer l'anniversaire et de son usurpation du pouvoir d'Etat, le 9 avril 1999, et de son intronisation par son proche oncle Hassan Gouled Aptidon , le 9 mai 1999.

Souvenez-vous, le 9 avril 2000 dernier, une soirée dansante (cela en dit long sur les goûts de Monsieur Guelleh) marquait le premier anniversaire du hold up électoral du 9 avril 1999. Soirée organisée, semble-t-il, par le RENAD (REseau National des Associations Djiboutiennes). Comme si toutes les associations du pays étaient acquises au régime : ce sigle vide de substance est un signe patent de la volonté de verrouillage systématique qui anime le pouvoir de Monsieur Ismaël Omar qui ne reconnaît que ce qui lui est docile. Quand il n'en crée pas de toutes pièces.

De la même manière, le 9 mai 2000, Monsieur Guelleh s'exprimait donc ainsi au micro du journaliste Mohamed Daher de la Radio Télévision de Djibouti (RTD), visiblement gêné de jouer les ridicules devant son patron. Un patron qu'il devait d'ailleurs souvent soutenir d'un oui embarrassé à ses nombreux " N'est-ce pas ? ", suscités sans doute par la difficulté d'un argumentaire trop simpliste pour rendre compte de la réalité.

Très " intelligent " que cet homme passé sans transition des ruelles du Quartier Quatre aux sommets de l'Etat djiboutien par la grâce d'un vieil oncle claniste : il distribue comme cela des leçons, à toutes les adresses, l'air de tout savoir sur tout, d'avoir percé les secrets de toutes choses. Il s'époumone à nous persuader qu'il est le meilleur des Djiboutiens, qu'il est l'enfant prodige du pays, qu'il est né pour nous guider, nous autres incultes...

Et le voilà, tout à ses démonstrations qu'il sait savantes, qui nous assène : " Les enseignants se comportent en mercenaires " ! Parce qu'ils osent réclamer leur solde, seul moyen de subsistance dont ils disposent, mettant à exécution leur menace de grève lorsqu'ils n'obtiennent pas satisfaction, ils s'attirent les foudres d'un pouvoir dont le chef n'hésite pas à les traiter de mercenaires ! Nous serions curieux de savoir comment réagirait Monsieur Guelleh, s'il était privé de ressources, de ces ressources de l'Etat dont il use et abuse...Au fait, combien dépense-t-il par jour, par semaine, par mois ? Quel pourcentage infime de ses dépenses somptueuses représente le salaire moyen d'un enseignant qui doit faire réussir pas moins de cinquante élèves dans des conditions de travail d'un autre âge ? Sait-il, notre grand Monsieur, que dans certains établissements primaires, les enfants n'ont pas de bancs et qu'ils s'asseyent sur des boîtes métalliques récupérées à la décharge publique ? Sait-il quelle charge de travail cela représente que de tenir une classe, entre la préparation des cours, les cours eux-mêmes, la correction des travaux des élèves, l'évaluation, le suivi, la discipline à faire respecter d'enfants affectés par la dégradation générale de l'environnement socio-économique... ? Lui est-il jamais arrivé d'enseigner ? Que connaît, au fait, notre bonhomme à l'enseignement en dehors des on-dit mabraziens et autres souvenirs lointains d'ancien et éphémère élève ? Décidément...

" Les conflits de compétence liés à la réforme des établissements publics, nous les avons voulus... ", voilà une autre lumineuse phrase lâchée par Monsieur Guelleh. Convenez qu'il y a là une curieuse conception de la notion de réforme. Réforme-t-on pour améliorer ou pour aggraver une situation ? Pour régler des problèmes ou pour en susciter ?

Décidément...

Quant à ces agents des recettes que l'on soupçonne de corruption, est-ce là la meilleure manière de les préserver de la tentation ? La corruption n'est du reste pas une nouveauté dans l'administration djiboutienne. Ce qu'il faut, c'est d'y remédier. Or, pour y remédier, il faut en avoir la volonté, rechercher les sources du fléau. Entre nous, la corruption ne vient-elle pas plutôt d'en haut, ne représente-t-elle pas l'une de ce ces pratiques sur lesquelles repose le régime ? Pourquoi vouloir la rejeter sur les pauvres petits agents seulement ? Si, d'aventure, l'on peut se prévaloir ne serait-ce qu'une d'une once de transparence et d'intégrité, pourquoi toujours vouloir faire les choses dans l'opacité ? Pourquoi avoir privatisé les Shératon Hôtel, Laiterie de Djibouti, Port de Pêche, les Eaux minérales de Tadjourah ou l'Usine des Aliments du bétail, et dernièrement le Port de Djibouti, dans l'opacité ? Pourquoi ne pas avoir ouvert un débat public, national, sur la question essentielle de l'avenir de ces éléments importants du patrimoine national dont certains grèveront longtemps encore les maigres ressources nationales en termes de dettes à rembourser !

Décidément, Beyleh...

Non satisfait de nous seriner ses leçons, Monsieur nous a par ailleurs gratifié de ces rires fort sonores (dont il a le secret) à la question sur la fin des retards de solde. Comme si le sort de ces milliers de malheureux agents de l'Etat, condamnés à la misère, prêtait à rire ! A croire que ce Monsieur jouit de nos malheurs, comme le ferait un certain empereur Hailé Sélassié, versé, semble-t-il, dans l'art morbide de gouverner par la misère populaire. Si convaincu qu'il était qu'un peuple maintenu dans la misère ne songe qu'à sa survie, laissant à jamais son destin entre les mains de l'empereur. Primitive vision qui lui a valu la fin que l'on connaît.

" Habituez-vous à la misère et contentez-vous de mes promesses démagogiques ", semble d'ailleurs nous dire le petit-fils de Guelleh Betel. Et des promesses, il en fait . Il en fait à semer le paradis partout sur le territoire national. Il nous découvre du pétrole, de l'or et bien d'autres précieuses ressources. Il nous fait miroiter des dizaines de millions de dollars américains, des centaines de salles de classes, des universités... Qu'il est diaboliquement " intelligent ", l'ancien du Quartier Quatre. Je ne sais plus qui l'a qualifié un jour de Génie des Carpates, pardon, du Quartier Quatre, " ébloui par son érudition incommensurable "

A le voir occuper la télévision et la radio à longueur de journée, à entendre son nom en chaque phrase prononcée par un officiel ou quiconque accède à la RTD (C'est, semble-t-il, l'une des conditions d'accès), à l'écouter surtout confondre allègrement " Etat et Gouvernement ", l'on constate que le qualificatif de " génial " n'est pas excessif.

N'est-ce pas génial ce qu'il nous a assené l'autre jour au micro du pauvre Mohamed Daher au sujet de l'opposition ? " L'opposition, a-t-il lâché sans sourciller, doit être indépendante de l'Etat si elle entend survivre comme telle et jouer normalement son rôle de contre-pouvoir ". C'est dire si, dans son esprit " génial ", l'Etat se réduit au gouvernement qui se retrouve à sa tête à un moment donné. C'est dire si Monsieur Ismaël Omar se prend pour l'Etat, qu'il se considère comme son incarnation, sa personnification ! Il est si " génial " qu'il a essayé d'illustrer son propos par l'exemple de Maître Abdoulaye Wade, célèbre avocat et opposant sénégalais qui, à force de lutte pour la démocratie, a fini par triompher, démocratiquement élu voilà peu à la présidence de la République du Sénégal. Pour Ismaël Omar, Abdoulaye, tour à tour professeur de droit à l'Université d'Etat du Sénégal et avocat au Barreau de Dakar, a été un opposant exemplaire parce qu'il a été indépendant de l'Etat du Sénégal. Nous laissons aux lecteurs et lectrices le soin de mesurer l'ampleur de la clairvoyance de Monsieur Guelleh et l'étendue de sa culture politique. Nous nous contenterons, pour notre part, de signaler à Monsieur Ismaël Omar Guelleh que l'Etat n'est pas le Gouvernement, que l'Etat prévaut entre tous, que les citoyens sont égaux devant l'Etat, c'est-à-dire qu'ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Et que c'est ce principe fondamental, fondateur même, qui justifie que, en dépit de ses convictions politiques, Maître Wade, ait pu exercer son talent de juriste à l'Université d'Etat du Sénégal comme au Barreau du Sénégal. Sans compter qu'il a participé, tout en restant fidèle à ses convictions d'opposant, à des gouvernements d'ouverture sous la présidence de son adversaire Abdou Diouf. Une façon de rappeler, à qui (comme Monsieur Guelleh qui envoie se adversaires en prison et verse le sang des leurs) en a encore besoin, que l'Etat n'est pas la propriété de son chef du moment.

Décidément, Beyleh...

Au cours de cet entretien prétendument bilan, rien n'a naturellement été dit sur les atteintes aux droits de l'homme qui ont abondé sous Monsieur Guelleh : syndicats muselés et éliminés, opposants emprisonnés ou envoyés à la mort, presse libre réduite au silence, blocus alimentaire et sanitaire au nord du pays, défenseurs des droits de l'Homme harcelés ou jetés en prison, etc.

Rien non plus sur la terrible gabegie qui a conduit pas moins de 100000 Djiboutiens, selon les propres chiffres du gouvernement, à la famine.

Mais il faut nous arrêter là parce que l'on peut commenter à l'infini cette " sortie-bilan " de l'occupant de Béit El Wali...

Nous avons juste envie de nous exclamer avant de clore: "Quel one man show juste pour nous dire : " L'Etat, c'est moi !" ! "


COUT DE LA VIE



LE PRIX DU CARBURANT MONTE


Contrairement aux déclarations de Monsieur Ismaël Omar Guelleh qui, dans son entretien télévisé avec sa presse, affirmait récemment que son gouvernement avait pris des mesures pour combattre la cherté de la vie, le ministre de l'Economie et des Finances, vient de donner son accord pour des hausses significatives des prix au détail des carburants usuels. Ainsi le litre de super augmente de 5 FD et celui de gasoil et de pétrole lampant de 12 FD. Ce qui donne à la pompe : 166 FD le litre de super, et 83 FD le litre de gasoil et de pétrole lampant.


Le pouvoir semble lier ces hausses au mouvement du marché mondial du carburant.

Or, un mécanisme national de stabilisation des prix existe qui est censé préserver les consommateurs des variations de ce type des cours mondiaux. C'est d'ailleurs l'un des principaux buts assignés à l'Etablissement Public des Hydrocarbures (EPH), devenu depuis peu Société d'Etat.

Il faut dire que la très forte pression fiscale qui frappe les importations de carburant et qui explique la cherté du prix au détail du carburant en terre djiboutienne, alimente en principe les caisses de l'EPH qui doit gérer cette manne et l'utiliser à l'occasion pour intervenir sur le marché national du carburant afin de stabiliser les prix au détail.

Alors où sont passés les millions, pour ne pas dire les milliards, tombés dans les caisses de l'EPH ?

Où est, Monsieur Guelleh, votre lutte contre la cherté de la vie ?

Déjà, les chauffeurs de bus, mini-bus et autres boulangers parlent de répercuter ces hausses sur les consommateurs et d'augmenter leurs tarifs !

Est-ce cela la politique sociale de Monsieur Ismaël Omar ?



OBOCK


DEBUT DE PANIQUE SUR LA VILLE

Un début de panique s'est emparé de la ville d'Obock, chef lieu du district du même nom, mardi 23 mai 2000 dans la matinée.

Motif : l'explosion d'une mine anti-personnel aux abords du camp militaire abritant le commandement du groupement d'Obock des troupes gouvernementales. L'engin a fait une blessée en la personne d'une fillette d'à peine 13 ans, Ifrah Ismaël Ladieh, dont le pied droit a été déchiqueté . Elle a sauté sur la mine vers 8 heures du matin en passant dans les parages.

Il aura fallu deux heures de temps (incroyable mai vrai !) avant que la blessée ne soit retirée du lieu de l'explosion. Et ce pour cause d'absence du poseur de mines du camp !

Evacuée au centre médico-social d'Obock, elle n'a pu être soignée par le dynamique infirmier local, faute de moyens...

C'est finalement sur un hélicoptère militaire français que la petite Ifrah Ismaël Ladieh a été évacuée sur la capitale Djibouti-ville.



REGIONALE


LA SOMALIE

Le drame somalien que le régime de Monsieur Guelleh semble soudain découvrir, nous interpelle depuis une décennie. Sensible aux souffrances de nos frères, nous avons toujours poussé un cri du cœur et de la raison. Cri toujours d'actualité. Lire en fin de journal notre article intitulé " Et si l'on y regardait de près ? " publié dans l'édition de juillet 1994 du mensuel Ensemble (fondé en 1994 par nous même Daher Ahmed Farah).


REPRISE DE LA GUERRE ETHIO-ERYTHREENNE

Après huit mois d'accalmie, la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée voisines, a repris voilà plusieurs jours. Elle a déjà provoqué pertes humaines et dégâts matériels.

Il semble que les troupes éthiopiennes, en position offensive, aient enregistré des victoires, notamment près de la frontière avec le Soudan et au front du centre dans la région de Salembesa. Mais la résistance erythréenne paraît forte, ce qui n'augure point d'une issue militaire prochaine quant au différend frontalier opposant les deux pays.

De nouveau, le sang coule donc abondamment entre peuples frères.

Le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) et l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU) dont il fait partie appellent au cessez-le-feu et à la reprise du dialogue pour le règlement du problème frontalier.

Notre région a trop souffert de la guerre pour en voir une autre perdurer.

Puisse la raison l'emporter sur les passions.




LE YEMEN FETE LE DIXIEME ANNIVERSAIRE DE SA REUNIFICATION

Le Yémen a fêté lundi 22 mai 2000 le dixième anniversaire de la réunification entre le Sud et le Nord.

L'événement a donnée lieu à des festivités populaires au pays ainsi qu'à une parade militaire des plus imposantes.

A Djibouti, l'ambassade du Yémen a organisé à la résidence de l'ambassade Al Wahabi une grande réception à laquelle elle a convié du monde : résidents yémenites et étrangers mais aussi Djiboutiens, responsables comme gens simples.

C'était très sympathique.



Hydraulique


LA QUESTION VITALE DE L'EAU par N. S (suite et fin)

La question vitale de l'eau est d'une brûlante actualité sous nos cieux. Des émeutes se sont produites à Balbala pas plus tard qu'hier mercredi pour protester contre la pénurie d'eau. Rappelons que Balbala et Djebel sont les deux zones populeuses de la capitale les plus touchées par la pénurie d'eau.

Sur ce sujet préoccupant de l'eau, voici la dernière partie de notre dossier.


Il semble d'après les études préliminaires (à confirmer), qu'il existe au sud-ouest de la capitale, à environ 200 km, à la plaine de Hanlé, une gigantesque nappe phréatique d'eau douce et le débit supposé provenir des forages est fixé au plus bas à 600 m3/h soit 15000m3/j, de quoi à fournir de l'eau en abondance non seulement à la capitale mais arroser les deux centres urbains du sud que sont Dikhil et Ali-Sabieh et pourquoi pas au passage faire pousser des vergers aux Grand et Petit Bara. De toute façon, cette idée de faire venir l'eau douce du Hanlé n'est pas innocente dans la mesure où au forum mondial de l'eau de La Haye au mois de mars 2000 on a prévu une augmentation substantielle des investissements pour faire face aux besoins de l'ordre de 180 milliards de dollars par an, au lieu de 75 aujourd'hui. Sur le besoin urgent d'une politique de gestion et de la protection des ressources en eau, se greffe la politique institutionnelle de l'eau. C'est pourquoi un recentrage de la politique de l'eau nous semble impérative, si nous voulons éviter le pire scénario pour le futur.


Pour l'heure à Djibouti, les institutions intervenant dans le domaine de l'eau potable sont :


Le Génie Rural, auquel reviennent la prospection et la mise en place de la production (forage) sur tout le territoire national.



L'ONED gère la distribution de l'eau pour la ville de Djibouti et les quatre centres urbains.


Ces deux organismes sont sous la tutelle du même ministère qui est celui de l'Agriculture de l'Elevage et des Pêches " chargé des Ressources hydrauliques ". Quant aux relations de ces deux directions, elles sont conflictuelles.

Et puis il y a l'ISERST qui a compétence sur l'eau.

L'enchevêtrement des compétences et la complexité des relations entre les organismes chargés de l'eau, ont conduit probablement les bailleurs des fonds à les contourner ces dernière années.

Tel fut le cas notamment pour les projets dit P K 20 Golfe de Tadjourah : dans la confusion, l'ensemble des opérations, des forages aux équipements, a été réalisé par des entreprises privées sans que le Génie Rural ne soit impliqué, l'ISERST consulté. L'ONED, organisme de distribution de l'eau potable a reçu les projets clé en main.

Signe des temps, les intervenants dans le domaine de l'Eau Potable prolifèrent et le dernier à se théâtraliser est le P.N.U.D par le biais d'une Commission Nationale de Réhabilitation.

Le temps est désormais compté pour une autre approche de l'Eau Potable. Il est impératif d'imaginer, d'inventer, de concevoir une instance supérieure qui regroupe les différents intervenants dans le domaine de l'eau, cette autorité dotée de pouvoirs propres au-dessus des directions des ministères, dégagera des orientations vraiment nouvelles et formulera la politique de l'eau.

Quant au statut de cet organisme chargé de la recherche, de la mise en place et de la distribution d'eau, il nous paraît que le modèle de gestion semi-public (comme pour le modèle français) est plus approprié pour Djibouti. Bien entendu, l'Etat aura sa place et son rôle à jouer en introduisant la dimension sociale, par l'application d'un cahier des charges, par la définition de l'élément compensateur et d'un coefficient modérateur du prix de l'eau et en fixant le taux de rentabilité (Le taux de rentabilité nette hors de la France est de 15% à 25% contre seulement 3% à 6% dans l'Hexagone).

Dans le modèle français, une relation de long terme se noue entre l'autorité publique et un grand groupe opérateur, l'Etat négocie le prix avec le groupe, lui délègue l'exécution du service mais en demeure responsable.

En tout état de cause, d'énormes investissements seront nécessaires étant donné qu'à Djibouti, comme pour tous les pays du Sud, les réseaux de distribution sont rarement aux normes de potabilité, quand ils ne sont pas inexistants. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut réduire l'eau uniquement à sa dimension économique et d'ailleurs on estime que seulement 5% des ressources en eau sont aujourd'hui gérées par le secteur privé dans le monde.

Au forum de La Haye au mois de mars 2000, écologistes et syndicalistes sont d'accord pour reconnaître que le prix de vente de l'eau doit intégrer les frais de traitement de distribution et de dépollution dans son coût total.

Le débat conceptuel s'est focalisé aujourd'hui sur le rôle et la place de l'Etat, il est encore au niveau du balbutiement. Le corollaire du dilemme, c'est la définition de l'eau comme un " droit ", comme il est proposé par plusieurs organisations non gouvernementales, parmi lesquelles on retrouve des animateurs de la contestation anti-O.M.C. à Seattle en novembre 1999, ou alors l'eau comme un " besoin", selon la formule proposée par le Conseil Mondial, la querelle n'est pas que sémantique.

Pour ce dernier, l'approche a besoin de recadrage puisque selon Monsieur Ismaël Serageldin qui est à la fois président de la commission mondiale de l'eau (émanation du Conseil mondial de l'eau) et vice-président de la Banque Mondiale : " Les Etats se retireront de leur rôle de fournisseurs de service " avant de poursuivre " Par dessus tout, ils seront responsables de la création d'un environnement dans lequel les incitations aux innovateurs seront assurées et dans lesquelles les intérêts du public seront sécurisés ".

Quant à la question qui consiste à dire que " la corruption est un phénomène économique étroitement lié aux puissantes tentations qui sont créées par la privatisation ", Monsieur Ismaël Serageldin répond : " nous ne plaidons pas seulement pour l'implication du secteur privé, mais tout autant pour la participation des usagers et des communautés locales ".

Beaucoup d'eau couleront sous les ponts avant qu'on puisse résoudre l'équation suivante : assurer la rentabilité de la gestion, mais garantir le droit des pauvres à l'eau !

Parce que " l'eau est une ressource unique, particulière, de nature différente des autres ressources ".



MONDE ARABE


ISRAEL SE RETIRE DU SUD-LIBAN

L'Armée de l'Etat hébreux s'est retirée des positions qu'elle occupait depuis vingt deux ans sous la pression de la communauté internationale et de la résistance libanaise dont le Hezbo Allah est le fer de lance.

Ce retrait ne règle pas pour autant le lourd contentieux opposant les deux pays en particulier et le Monde arabe et l'Etat hébreux en général. En effet, la machine de guerre israélienne n'a fait que se retirer des positions occupées en 1978 alors que le Liban demande le respect des frontières héritées du colonialisme ainsi que de ses côtes maritimes et de son espace aérien. Sans compter le règlement de la question des réparations des dégâts causés durant l'occupation, la libération des prisonniers libanais et arabes capturés au Sud-Liban. Tout comme celui du problème des réfugiés palestiniens qui est à l'origine de l'invasion israélienne.



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