LE
RENOUVEAU
N°
360 du
Jeudi 25 Mai 2000
POLITIQUE NATIONALE
ISMAEL OMAR GUELLEH
: " L'Etat, c'est moi ! "
" Les enseignants
se comportent en mercenaires ; l'évasion fiscale s'explique par la
corruption des agents des recettes ; c'est volontairement que nous avons
suscité des conflits entre les ministres et les directeurs en ce
qui concerne la gestion des établissements publics, l'opposition
doit être indépendante de l'Etat... " ; rires à
la question sur les douloureux retards de solde des agents de l'Etat, etc.
Telles sont quelques-unes des perles, pour ne pas dire des bourdes, de Monsieur
Ismaël Omar Guelleh à l'occasion du one man show télévisé
qu'il s'est offert en commémoration du premier anniversaire de sa
prise du pouvoir. Eh oui, il faut le savoir, le fils de Omar Guelleh entend
célébrer l'anniversaire et de son usurpation du pouvoir d'Etat,
le 9 avril 1999, et de son intronisation par son proche oncle Hassan Gouled
Aptidon , le 9 mai 1999.
Souvenez-vous, le
9 avril 2000 dernier, une soirée dansante (cela en dit long sur les
goûts de Monsieur Guelleh) marquait le premier anniversaire du hold
up électoral du 9 avril 1999. Soirée organisée, semble-t-il,
par le RENAD (REseau National des Associations Djiboutiennes). Comme si
toutes les associations du pays étaient acquises au régime
: ce sigle vide de substance est un signe patent de la volonté de
verrouillage systématique qui anime le pouvoir de Monsieur Ismaël
Omar qui ne reconnaît que ce qui lui est docile. Quand il n'en crée
pas de toutes pièces.
De la même
manière, le 9 mai 2000, Monsieur Guelleh s'exprimait donc ainsi au
micro du journaliste Mohamed Daher de la Radio Télévision
de Djibouti (RTD), visiblement gêné de jouer les ridicules
devant son patron. Un patron qu'il devait d'ailleurs souvent soutenir d'un
oui embarrassé à ses nombreux " N'est-ce pas ? ",
suscités sans doute par la difficulté d'un argumentaire trop
simpliste pour rendre compte de la réalité.
Très "
intelligent " que cet homme passé sans transition des ruelles
du Quartier Quatre aux sommets de l'Etat djiboutien par la grâce d'un
vieil oncle claniste : il distribue comme cela des leçons, à
toutes les adresses, l'air de tout savoir sur tout, d'avoir percé
les secrets de toutes choses. Il s'époumone à nous persuader
qu'il est le meilleur des Djiboutiens, qu'il est l'enfant prodige du pays,
qu'il est né pour nous guider, nous autres incultes...
Et le voilà,
tout à ses démonstrations qu'il sait savantes, qui nous assène
: " Les enseignants se comportent en mercenaires " ! Parce qu'ils
osent réclamer leur solde, seul moyen de subsistance dont ils disposent,
mettant à exécution leur menace de grève lorsqu'ils
n'obtiennent pas satisfaction, ils s'attirent les foudres d'un pouvoir dont
le chef n'hésite pas à les traiter de mercenaires ! Nous serions
curieux de savoir comment réagirait Monsieur Guelleh, s'il était
privé de ressources, de ces ressources de l'Etat dont il use et abuse...Au
fait, combien dépense-t-il par jour, par semaine, par mois ? Quel
pourcentage infime de ses dépenses somptueuses représente
le salaire moyen d'un enseignant qui doit faire réussir pas moins
de cinquante élèves dans des conditions de travail d'un autre
âge ? Sait-il, notre grand Monsieur, que dans certains établissements
primaires, les enfants n'ont pas de bancs et qu'ils s'asseyent sur des boîtes
métalliques récupérées à la décharge
publique ? Sait-il quelle charge de travail cela représente que de
tenir une classe, entre la préparation des cours, les cours eux-mêmes,
la correction des travaux des élèves, l'évaluation,
le suivi, la discipline à faire respecter d'enfants affectés
par la dégradation générale de l'environnement socio-économique...
? Lui est-il jamais arrivé d'enseigner ? Que connaît, au fait,
notre bonhomme à l'enseignement en dehors des on-dit mabraziens et
autres souvenirs lointains d'ancien et éphémère élève
? Décidément...
" Les conflits
de compétence liés à la réforme des établissements
publics, nous les avons voulus... ", voilà une autre lumineuse
phrase lâchée par Monsieur Guelleh. Convenez qu'il y a là
une curieuse conception de la notion de réforme. Réforme-t-on
pour améliorer ou pour aggraver une situation ? Pour régler
des problèmes ou pour en susciter ?
Décidément...
Quant à ces
agents des recettes que l'on soupçonne de corruption, est-ce là
la meilleure manière de les préserver de la tentation ? La
corruption n'est du reste pas une nouveauté dans l'administration
djiboutienne. Ce qu'il faut, c'est d'y remédier. Or, pour y remédier,
il faut en avoir la volonté, rechercher les sources du fléau.
Entre nous, la corruption ne vient-elle pas plutôt d'en haut, ne représente-t-elle
pas l'une de ce ces pratiques sur lesquelles repose le régime ? Pourquoi
vouloir la rejeter sur les pauvres petits agents seulement ? Si, d'aventure,
l'on peut se prévaloir ne serait-ce qu'une d'une once de transparence
et d'intégrité, pourquoi toujours vouloir faire les choses
dans l'opacité ? Pourquoi avoir privatisé les Shératon
Hôtel, Laiterie de Djibouti, Port de Pêche, les Eaux minérales
de Tadjourah ou l'Usine des Aliments du bétail, et dernièrement
le Port de Djibouti, dans l'opacité ? Pourquoi ne pas avoir ouvert
un débat public, national, sur la question essentielle de l'avenir
de ces éléments importants du patrimoine national dont certains
grèveront longtemps encore les maigres ressources nationales en termes
de dettes à rembourser !
Décidément,
Beyleh...
Non satisfait de
nous seriner ses leçons, Monsieur nous a par ailleurs gratifié
de ces rires fort sonores (dont il a le secret) à la question sur
la fin des retards de solde. Comme si le sort de ces milliers de malheureux
agents de l'Etat, condamnés à la misère, prêtait
à rire ! A croire que ce Monsieur jouit de nos malheurs, comme le
ferait un certain empereur Hailé Sélassié, versé,
semble-t-il, dans l'art morbide de gouverner par la misère populaire.
Si convaincu qu'il était qu'un peuple maintenu dans la misère
ne songe qu'à sa survie, laissant à jamais son destin entre
les mains de l'empereur. Primitive vision qui lui a valu la fin que l'on
connaît.
" Habituez-vous
à la misère et contentez-vous de mes promesses démagogiques
", semble d'ailleurs nous dire le petit-fils de Guelleh Betel. Et des
promesses, il en fait . Il en fait à semer le paradis partout sur
le territoire national. Il nous découvre du pétrole, de l'or
et bien d'autres précieuses ressources. Il nous fait miroiter des
dizaines de millions de dollars américains, des centaines de salles
de classes, des universités... Qu'il est diaboliquement " intelligent
", l'ancien du Quartier Quatre. Je ne sais plus qui l'a qualifié
un jour de Génie des Carpates, pardon, du Quartier Quatre, "
ébloui par son érudition incommensurable "
A le voir occuper
la télévision et la radio à longueur de journée,
à entendre son nom en chaque phrase prononcée par un officiel
ou quiconque accède à la RTD (C'est, semble-t-il, l'une des
conditions d'accès), à l'écouter surtout confondre
allègrement " Etat et Gouvernement ", l'on constate que
le qualificatif de " génial " n'est pas excessif.
N'est-ce pas génial
ce qu'il nous a assené l'autre jour au micro du pauvre Mohamed Daher
au sujet de l'opposition ? " L'opposition, a-t-il lâché
sans sourciller, doit être indépendante de l'Etat si elle entend
survivre comme telle et jouer normalement son rôle de contre-pouvoir
". C'est dire si, dans son esprit " génial ", l'Etat
se réduit au gouvernement qui se retrouve à sa tête
à un moment donné. C'est dire si Monsieur Ismaël Omar
se prend pour l'Etat, qu'il se considère comme son incarnation, sa
personnification ! Il est si " génial " qu'il a essayé
d'illustrer son propos par l'exemple de Maître Abdoulaye Wade, célèbre
avocat et opposant sénégalais qui, à force de lutte
pour la démocratie, a fini par triompher, démocratiquement
élu voilà peu à la présidence de la République
du Sénégal. Pour Ismaël Omar, Abdoulaye, tour à
tour professeur de droit à l'Université d'Etat du Sénégal
et avocat au Barreau de Dakar, a été un opposant exemplaire
parce qu'il a été indépendant de l'Etat du Sénégal.
Nous laissons aux lecteurs et lectrices le soin de mesurer l'ampleur de
la clairvoyance de Monsieur Guelleh et l'étendue de sa culture politique.
Nous nous contenterons, pour notre part, de signaler à Monsieur Ismaël
Omar Guelleh que l'Etat n'est pas le Gouvernement, que l'Etat prévaut
entre tous, que les citoyens sont égaux devant l'Etat, c'est-à-dire
qu'ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Et que c'est
ce principe fondamental, fondateur même, qui justifie que, en dépit
de ses convictions politiques, Maître Wade, ait pu exercer son talent
de juriste à l'Université d'Etat du Sénégal
comme au Barreau du Sénégal. Sans compter qu'il a participé,
tout en restant fidèle à ses convictions d'opposant, à
des gouvernements d'ouverture sous la présidence de son adversaire
Abdou Diouf. Une façon de rappeler, à qui (comme Monsieur
Guelleh qui envoie se adversaires en prison et verse le sang des leurs)
en a encore besoin, que l'Etat n'est pas la propriété de son
chef du moment.
Décidément,
Beyleh...
Au cours de cet entretien
prétendument bilan, rien n'a naturellement été dit
sur les atteintes aux droits de l'homme qui ont abondé sous Monsieur
Guelleh : syndicats muselés et éliminés, opposants
emprisonnés ou envoyés à la mort, presse libre réduite
au silence, blocus alimentaire et sanitaire au nord du pays, défenseurs
des droits de l'Homme harcelés ou jetés en prison, etc.
Rien non plus sur
la terrible gabegie qui a conduit pas moins de 100000 Djiboutiens, selon
les propres chiffres du gouvernement, à la famine.
Mais il faut nous
arrêter là parce que l'on peut commenter à l'infini
cette " sortie-bilan " de l'occupant de Béit El Wali...
Nous avons juste
envie de nous exclamer avant de clore: "Quel one man show juste pour
nous dire : " L'Etat, c'est moi !" ! "
COUT DE LA VIE
LE PRIX
DU CARBURANT MONTE
Contrairement aux déclarations de Monsieur Ismaël Omar Guelleh
qui, dans son entretien télévisé avec sa presse, affirmait
récemment que son gouvernement avait pris des mesures pour combattre
la cherté de la vie, le ministre de l'Economie et des Finances, vient
de donner son accord pour des hausses significatives des prix au détail
des carburants usuels. Ainsi le litre de super augmente de 5 FD et celui
de gasoil et de pétrole lampant de 12 FD. Ce qui donne à la
pompe : 166 FD le litre de super, et 83 FD le litre de gasoil et de pétrole
lampant.
Le pouvoir semble
lier ces hausses au mouvement du marché mondial du carburant.
Or, un mécanisme
national de stabilisation des prix existe qui est censé préserver
les consommateurs des variations de ce type des cours mondiaux. C'est d'ailleurs
l'un des principaux buts assignés à l'Etablissement Public
des Hydrocarbures (EPH), devenu depuis peu Société d'Etat.
Il faut dire que
la très forte pression fiscale qui frappe les importations de carburant
et qui explique la cherté du prix au détail du carburant en
terre djiboutienne, alimente en principe les caisses de l'EPH qui doit gérer
cette manne et l'utiliser à l'occasion pour intervenir sur le marché
national du carburant afin de stabiliser les prix au détail.
Alors où sont
passés les millions, pour ne pas dire les milliards, tombés
dans les caisses de l'EPH ?
Où est, Monsieur
Guelleh, votre lutte contre la cherté de la vie ?
Déjà,
les chauffeurs de bus, mini-bus et autres boulangers parlent de répercuter
ces hausses sur les consommateurs et d'augmenter leurs tarifs !
Est-ce cela la politique
sociale de Monsieur Ismaël Omar ?
OBOCK
DEBUT
DE PANIQUE SUR LA VILLE
Un début
de panique s'est emparé de la ville d'Obock, chef lieu du district
du même nom, mardi 23 mai 2000 dans la matinée.
Motif : l'explosion
d'une mine anti-personnel aux abords du camp militaire abritant le commandement
du groupement d'Obock des troupes gouvernementales. L'engin a fait une blessée
en la personne d'une fillette d'à peine 13 ans, Ifrah Ismaël
Ladieh, dont le pied droit a été déchiqueté
. Elle a sauté sur la mine vers 8 heures du matin en passant dans
les parages.
Il aura fallu deux
heures de temps (incroyable mai vrai !) avant que la blessée ne soit
retirée du lieu de l'explosion. Et ce pour cause d'absence du poseur
de mines du camp !
Evacuée au
centre médico-social d'Obock, elle n'a pu être soignée
par le dynamique infirmier local, faute de moyens...
C'est finalement
sur un hélicoptère militaire français que la petite
Ifrah Ismaël Ladieh a été évacuée sur la
capitale Djibouti-ville.
REGIONALE
LA
SOMALIE
Le drame somalien
que le régime de Monsieur Guelleh semble soudain découvrir,
nous interpelle depuis une décennie. Sensible aux souffrances de
nos frères, nous avons toujours poussé un cri du cur
et de la raison. Cri toujours d'actualité. Lire en fin de journal
notre article intitulé " Et si l'on y regardait de près
? " publié dans l'édition de juillet 1994 du mensuel
Ensemble (fondé en 1994 par nous même Daher Ahmed Farah).
REPRISE
DE LA GUERRE ETHIO-ERYTHREENNE
Après huit
mois d'accalmie, la guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée voisines,
a repris voilà plusieurs jours. Elle a déjà provoqué
pertes humaines et dégâts matériels.
Il semble que les
troupes éthiopiennes, en position offensive, aient enregistré
des victoires, notamment près de la frontière avec le Soudan
et au front du centre dans la région de Salembesa. Mais la résistance
erythréenne paraît forte, ce qui n'augure point d'une issue
militaire prochaine quant au différend frontalier opposant les deux
pays.
De nouveau, le sang
coule donc abondamment entre peuples frères.
Le Parti du Renouveau
Démocratique (PRD) et l'Opposition Djiboutienne Unifiée (ODU)
dont il fait partie appellent au cessez-le-feu et à la reprise du
dialogue pour le règlement du problème frontalier.
Notre région
a trop souffert de la guerre pour en voir une autre perdurer.
Puisse la raison
l'emporter sur les passions.
LE
YEMEN FETE LE DIXIEME ANNIVERSAIRE DE SA REUNIFICATION
Le Yémen
a fêté lundi 22 mai 2000 le dixième anniversaire de
la réunification entre le Sud et le Nord.
L'événement
a donnée lieu à des festivités populaires au pays ainsi
qu'à une parade militaire des plus imposantes.
A Djibouti, l'ambassade
du Yémen a organisé à la résidence de l'ambassade
Al Wahabi une grande réception à laquelle elle a convié
du monde : résidents yémenites et étrangers mais aussi
Djiboutiens, responsables comme gens simples.
C'était très
sympathique.
Hydraulique
LA QUESTION VITALE
DE L'EAU par
N. S (suite et fin)
La question vitale
de l'eau est d'une brûlante actualité sous nos cieux. Des émeutes
se sont produites à Balbala pas plus tard qu'hier mercredi pour protester
contre la pénurie d'eau. Rappelons que Balbala et Djebel sont les
deux zones populeuses de la capitale les plus touchées par la pénurie
d'eau.
Sur ce sujet préoccupant
de l'eau, voici la dernière partie de notre dossier.
Il semble d'après les études préliminaires (à
confirmer), qu'il existe au sud-ouest de la capitale, à environ 200
km, à la plaine de Hanlé, une gigantesque nappe phréatique
d'eau douce et le débit supposé provenir des forages est fixé
au plus bas à 600 m3/h soit 15000m3/j, de quoi à fournir de
l'eau en abondance non seulement à la capitale mais arroser les deux
centres urbains du sud que sont Dikhil et Ali-Sabieh et pourquoi pas au
passage faire pousser des vergers aux Grand et Petit Bara. De toute façon,
cette idée de faire venir l'eau douce du Hanlé n'est pas innocente
dans la mesure où au forum mondial de l'eau de La Haye au mois de
mars 2000 on a prévu une augmentation substantielle des investissements
pour faire face aux besoins de l'ordre de 180 milliards de dollars par an,
au lieu de 75 aujourd'hui. Sur le besoin urgent d'une politique de gestion
et de la protection des ressources en eau, se greffe la politique institutionnelle
de l'eau. C'est pourquoi un recentrage de la politique de l'eau nous semble
impérative, si nous voulons éviter le pire scénario
pour le futur.
Pour l'heure à
Djibouti, les institutions intervenant dans le domaine de l'eau potable
sont :
Le Génie Rural, auquel reviennent la prospection et la mise en place
de la production (forage) sur tout le territoire national.
L'ONED gère la distribution de l'eau pour la ville de Djibouti et
les quatre centres urbains.
Ces deux organismes
sont sous la tutelle du même ministère qui est celui de l'Agriculture
de l'Elevage et des Pêches " chargé des Ressources hydrauliques
". Quant aux relations de ces deux directions, elles sont conflictuelles.
Et puis il y a l'ISERST
qui a compétence sur l'eau.
L'enchevêtrement
des compétences et la complexité des relations entre les organismes
chargés de l'eau, ont conduit probablement les bailleurs des fonds
à les contourner ces dernière années.
Tel fut le cas notamment
pour les projets dit P K 20 Golfe de Tadjourah : dans la confusion, l'ensemble
des opérations, des forages aux équipements, a été
réalisé par des entreprises privées sans que le Génie
Rural ne soit impliqué, l'ISERST consulté. L'ONED, organisme
de distribution de l'eau potable a reçu les projets clé en
main.
Signe des temps,
les intervenants dans le domaine de l'Eau Potable prolifèrent et
le dernier à se théâtraliser est le P.N.U.D par le biais
d'une Commission Nationale de Réhabilitation.
Le temps est désormais
compté pour une autre approche de l'Eau Potable. Il est impératif
d'imaginer, d'inventer, de concevoir une instance supérieure qui
regroupe les différents intervenants dans le domaine de l'eau, cette
autorité dotée de pouvoirs propres au-dessus des directions
des ministères, dégagera des orientations vraiment nouvelles
et formulera la politique de l'eau.
Quant au statut de
cet organisme chargé de la recherche, de la mise en place et de la
distribution d'eau, il nous paraît que le modèle de gestion
semi-public (comme pour le modèle français) est plus approprié
pour Djibouti. Bien entendu, l'Etat aura sa place et son rôle à
jouer en introduisant la dimension sociale, par l'application d'un cahier
des charges, par la définition de l'élément compensateur
et d'un coefficient modérateur du prix de l'eau et en fixant le taux
de rentabilité (Le taux de rentabilité nette hors de la France
est de 15% à 25% contre seulement 3% à 6% dans l'Hexagone).
Dans le modèle
français, une relation de long terme se noue entre l'autorité
publique et un grand groupe opérateur, l'Etat négocie le prix
avec le groupe, lui délègue l'exécution du service
mais en demeure responsable.
En tout état
de cause, d'énormes investissements seront nécessaires étant
donné qu'à Djibouti, comme pour tous les pays du Sud, les
réseaux de distribution sont rarement aux normes de potabilité,
quand ils ne sont pas inexistants. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut
réduire l'eau uniquement à sa dimension économique
et d'ailleurs on estime que seulement 5% des ressources en eau sont aujourd'hui
gérées par le secteur privé dans le monde.
Au forum de La Haye
au mois de mars 2000, écologistes et syndicalistes sont d'accord
pour reconnaître que le prix de vente de l'eau doit intégrer
les frais de traitement de distribution et de dépollution dans son
coût total.
Le débat conceptuel
s'est focalisé aujourd'hui sur le rôle et la place de l'Etat,
il est encore au niveau du balbutiement. Le corollaire du dilemme, c'est
la définition de l'eau comme un " droit ", comme il est
proposé par plusieurs organisations non gouvernementales, parmi lesquelles
on retrouve des animateurs de la contestation anti-O.M.C. à Seattle
en novembre 1999, ou alors l'eau comme un " besoin", selon la
formule proposée par le Conseil Mondial, la querelle n'est pas que
sémantique.
Pour ce dernier,
l'approche a besoin de recadrage puisque selon Monsieur Ismaël Serageldin
qui est à la fois président de la commission mondiale de l'eau
(émanation du Conseil mondial de l'eau) et vice-président
de la Banque Mondiale : " Les Etats se retireront de leur rôle
de fournisseurs de service " avant de poursuivre " Par dessus
tout, ils seront responsables de la création d'un environnement dans
lequel les incitations aux innovateurs seront assurées et dans lesquelles
les intérêts du public seront sécurisés ".
Quant à la
question qui consiste à dire que " la corruption est un phénomène
économique étroitement lié aux puissantes tentations
qui sont créées par la privatisation ", Monsieur Ismaël
Serageldin répond : " nous ne plaidons pas seulement pour l'implication
du secteur privé, mais tout autant pour la participation des usagers
et des communautés locales ".
Beaucoup d'eau couleront
sous les ponts avant qu'on puisse résoudre l'équation suivante
: assurer la rentabilité de la gestion, mais garantir le droit des
pauvres à l'eau !
Parce que "
l'eau est une ressource unique, particulière, de nature différente
des autres ressources ".
MONDE ARABE
ISRAEL
SE RETIRE DU SUD-LIBAN
L'Armée de
l'Etat hébreux s'est retirée des positions qu'elle occupait
depuis vingt deux ans sous la pression de la communauté internationale
et de la résistance libanaise dont le Hezbo Allah est le fer de lance.
Ce retrait ne règle
pas pour autant le lourd contentieux opposant les deux pays en particulier
et le Monde arabe et l'Etat hébreux en général. En
effet, la machine de guerre israélienne n'a fait que se retirer des
positions occupées en 1978 alors que le Liban demande le respect
des frontières héritées du colonialisme ainsi que de
ses côtes maritimes et de son espace aérien. Sans compter le
règlement de la question des réparations des dégâts
causés durant l'occupation, la libération des prisonniers
libanais et arabes capturés au Sud-Liban. Tout comme celui du problème
des réfugiés palestiniens qui est à l'origine de l'invasion
israélienne.
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