LE RENOUVEAU 364
du Jeudi 22 Juin 2000
Organe d'information du PRD

Diffusion par l'ARDHD
Directeur de publication : Daher Ahmed Farah
Rédaction - Administration :
Edité par la Commission Communication du Parti
Avenue NASSER tel :35 14 74 B.P : 3570
Tirage : 1500 exemplaires . Dépôt Légal N°365

Retour au sommaire du Renouveau


LE RENOUVEAU

N° 364 du Jeudi 22 Juin 2000

ECONOMIE SOCIALE

LES BOULANGERS NE DECOLERENT PAS !


Les boulangeries du pays se trouvent confrontées, ainsi que nous en avons déjà rendu compte, à une situation sans précédent dans les annales de l'histoire nationale de cette activité éminemment sociale. Une situation directement liée à la mal-gouvernance que pratique le régime prédateur au pouvoir sur nos côtes.
Le coût de production des boulangers a en effet augmenté, et de beaucoup, depuis l'Indépendance. Tous les postes de coût, que ce soit au niveau des biens d'équipements ou des entrants, ont évolué à la hausse du fait du mouvement général des prix mondiaux puisque les biens utilisés pour la fabrication du pain sont pour l'essentiel importés. Sans compter l'impact de l'inflation locale et des mesures intempestives et impopulaires que prend le pouvoir en place, telle que le récente augmentation de 12 FD du prix du litre de gasoil, ou la hausse de certaines fournitures telles que l'électricité ou l'eau.
Or, le prix de la baguette de pain n'a pas changé pour tenir compte de cette hausse généralisée des postes de coût à la production. Il reste fixé à 20 FD, et pour cause puisque le pain est un produit pas comme les autres. C'est une denrée de première nécessité dont la moindre hausse touche directement les couches les plus déshéritées dans un pays déjà parmi les plus chers au monde.
Il est clair que ce déséquilibre grandissant entre le prix de revient et le prix de vente de la baguette affecte les marges des boulangers et entraîne à terme la faillite des entreprises concernées qui deviennent non viables.
Pire encore, loin de se pencher sur la situation des boulangeries et de prendre les mesures correctives qu'elle appelle, le régime fossoyeur aux affaires a purement et simplement supprimé le seul soutien dont bénéficiait l'activité, à savoir la farine subventionnée que leur vendait l'Office National d'Approvisionnement et de Commercialisation (ONAC). Cet organisme à la mission vitale, créé à l'Indépendance dans le cadre de la lutte contre la cherté de la vie en assurant un approvisionnement à bas prix en produits de première nécessité, allait d'ailleurs connaître des difficultés dès les années 1990 et y succomber, victime de la logique de prédation qui préside à la gestion des affaires publiques sous nos cieux.
Les boulangeries, sans aide aucune, voyaient ainsi leur coût de production croître davantage et le déséquilibre entre prix de revient et prix de vente s'aggraver. Abandonnées à leur sort, elles commençaient à mourir les unes après les autres. Des pans entiers de l'activité s'effondraient. Bien des noms familiers aux consommateurs ont disparu à jamais du paysage économique national. Ainsi des boulangeries du 8 Mai à Ambouli, de la rue Zeila (Ananoug), Abdillahi Said au Quartier 7 Sud, d'Einguela, Double Coin au Quartier 7, Cité Poudière, Quartier 1, etc. Celles qui n'ont pas encore rendu l'âme, agonisent.
Seuls quelques professionnels proches du pouvoir semblent s'en sortir et s'étendre même, moyennant, selon nos informations, des facilités douteuses.
Bien entendu, les boulangers ont réagi. Leur syndicat s'est battu, saisissant les prétendus pouvoirs publics : lire en fin de journal la lettre datée du 28 mars 2000 du syndicat des boulangers à Monsieur Ismaël Omar Guelleh. En vain. Au contraire, l'augmentation de 12 FD du litre de gasoil est venue les frapper comme pour les achever.
C'est alors que, emboîtant le pas aux bus et mini-bus, les boulangeries ont menacé de faire grève et de priver le pays de pain. Ce qui a fait peur au pouvoir prédateur de Monsieur Guelleh et leur a valu une réduction de 47 à 25 FD du prix du kilowattheure d'énergie électrique consommée, ainsi que et d'autres promesses de soutien à la production.
Seulement voilà, entre promettre et tenir sa promesse, il y a un grand pas que le régime se garde de franchir. Sous la pression, plus exactement sous la menace de la grève, il a vite fait de promettre. Mais une fois la tension quelque peu retombée, il s'est empressé d'oublier ses engagements.
En clair, les boulangers attendent toujours la mise en œuvre de la réduction de 47 à 25 FD du kilowattheure et la concrétisation des autres promesses.
D'où la colère qui les gagne de nouveau. Ils se sentent floués et rebrandissent la menace de la grève, avec cette fois, semble-t-il, la ferme intention de la mettre à exécution si leurs revendications n'aboutissent toujours pas.
A suivre





JUSTICE


QUAND UNE VICTIME SE PLAINT

L'affaire dont nous rendons compte aujourd'hui est aussi grave que révélatrice. Grave parce qu'elle concerne un abus de confiance de la part d'un garage à l'encontre de l'un de ses clients, en l'occurrence un propriétaire de bus qui a confié son véhicule pour peinture à refaire et qui l'a retrouvé dépouillé de pièces mécaniques. L'affaire est également révélatrice dans la mesure où le patron de ce garage est, selon le plaignant, un certain Lieutenant Guelleh appartenant à la police, semble-t-il, et qui aurait abusé de ce que la victime appelle son pouvoir.
Dans un pays où la déliquescence de l'Etat est avancée et où le pouvoir d'Etat est personnalisé, dans un pays où la culture de la prédation des biens publics et même d'autrui est enracinée dans les sphères gouvernantes, cette affaire rappelle que personne n'est à l'abri de pareille mésaventure. Ne sommes-nous pas tous et toutes des victimes en sursis ? Lisez plutôt ce qui est arrivé à Monsieur Ali Mahamoud Hadi, propriétaire du bus immatriculé 462 D 24.
Dans une plainte déposée le 8 mars 2000 (lire en fin de journal) auprès du parquet de Djibouti où elle a été enregistrée sous le n° 805/00, Monsieur Ali Mahamoud Hadi, ressortissant djiboutien titulaire de la carte Nationale d'Identité n° 042 541/97, écrit :" J'ai l'honneur de porter à votre connaissance que mon véhicule bus n° 462 D 24, en stationnement au garage appartenant au Lieutenant Guelleh pour réparation de peinture a été dérobé. En effet, mon véhicule qui devait être réparé seulement à la peinture, a fait l'objet d'une réparation mécanique. De ce fait, à mon absence, et sur ordre du Lieutenant, certaines pièces détachées ont été enlevées, et que le Lieutenant Guelleh utilise actuellement à des fins personnelles. Il est à noter que je cours derrière lui depuis trois ans en vue d'une restitution de mes biens. Il m'a proféré des menaces, et c'est en raison de son pouvoir. En somme, le Lieutenant Guelleh ne veut plus me restituer. Je suis victime d'un abus de pouvoir. Je demande que justice soit faite ".
Il a également adressé une lettre de protestation à l'Etat-Major de la FNP le 23 mars 2000.
Sans commentaire, sinon que nous rappelons que la qualité de fonctionnaire (ce qu'est le Lieutenant Guelleh) est légalement incompatible avec l'exercice de toute activité privée à but lucratif. Espérons que justice soit rendue.



COMMUNICATION


AMIR ADAWEH ET SES COMPAGNONS LIBERES

Notre confrère Amir Adaweh (Rédacteur en chef de la République) et ses six compagnons d'infortune, qui ont été arrêtés en territoire éthiopien et incarcérés dans des conditions lamentables en mai 1999, ont été libérés. Ils ont été relâchés samedi 10 juin 2000 par la gendarmerie djiboutienne à laquelle les autorités éthiopiennes les avaient livrés, après les avoir détenus sans jugement à Dire-Dawa puis au Harar.
Amir Adweh a été grièvement blessé à la jambe gauche par balles réelles durant sa détention. Blessure qui, très mal soignée, a frôlé la gangrène. Il en garde de sérieuses séquelles et a besoin d'être soigné.
Il est épuisé. Ses compagnons aussi.
L'O.D.U ainsi que le PRD se félicitent de cette libération et appellent la solidarité humanitaire à leur venir en aide.


CULTURE

CONCERT DE JACQUES HIGELIN AU CCFAR: UN REGAL

Comme prévu, Jacques Higelin a fait vibrer la salle de trois cent places du Centre Culturel Français Arthur Rimbaud l'autre soir du 3 juin 2000.
Abordant des thèmes éminemment universels (la vie, l'amour, la mort, la foi et l'amitié), à l'instar du Menestrel en d'autres temps, mais avec des rythmes, des mélodies et des mots autres, Higelin captive et subjugue. Il le fait d'autant plus fort qu'il sait improviser et sentir son public.
Dans ce concert du 3 juin, il ne s'est pas contenté de chanter les morceaux de son nouvel album pour en assurer la promotion, il a repris de nombreux morceaux de son répertoire sur le mode blues. Laissant bouche bée nombre de spectateurs parmi lesquels il cherchait à reconnaître des visages djiboutiens qui, il est vrai, n'étaient pas venus en grand nombre et qu'il aurait souhaité voir beaucoup plus nombreux. Il les retiendra d'ailleurs, à la fin du concert, pour un verre amical. Amitié nouée donc avec Djibouti à qui il a promis de revenir.
Un vrai régal donc que ce concert de Jacques Higelin, venu presqu'à l'improviste sous nos cieux puisque c'est le chanteur Renaud qui était prévu, dans le cadre d'une série de concerts dans l'Est africain et qui a annulé au dernier moment sa tournée.
Bravo Higelin. A bientôt Jacques.


EN BREF - EN BREF

PERMIS DE CONDUIRE : UNE SITUATION ABSURDE

Un groupe de chauffeurs djiboutiens au chômage se plaint d'un problème inimaginable il y a quelques années encore. Candidats à l'embauche pour chauffeurs professionnels de camions poids lourds qu'offre une société de transport routier aux capitaux soudanais, ces chômeurs disent avoir demandé à passer l'examen du permis de conduire Poids Lourds avec remorque. " Après avoir satisfait à tous les test médicaux, racontent-ils, nous nous sommes présentés au service concerné qui, à notre grande surprise, nous a demandé de louer à nos frais un véhicule d'examen au Transit Roux si nous tenions à subir nos épreuves ".
Consternation parmi ces chômeurs. Où peuvent-ils trouver l'argent nécessaire à la location ? A quoi sert le service des mines s'il ne peut même pas faire passer le permis de conduire ? Comment donc... ? Pourquoi Ciel... ?
A suivre.

DETRESSE A L'HOPITAL " ITALIEN "

" Il n'y a plus rien à l'hôpital " italien " ! ", lâchent les Balbalois qui ont longtemps été assistés dans leur détresse par cette structure médico-sociale née de la Coopération italienne.
Pendant longtemps, en effet, cet hôpital situé au Quartier Tranche 3 de Balbala a fonctionné à merveille à la satisfaction des modestes habitants de Balbala. Aussi longtemps que la Coopération italienne, qui y avait dépêché une équipe médicale, le gérait. A l'époque, les médicaments abondaient et les départements essentiels marchaient bien.
Les difficultés ont débuté avec le passage de l'hôpital au secteur public, c'est-à-dire avec la rétrocession à l'Etat de Djibouti. Aussitôt, la mal-gouvernance a produit ses effets fossoyeurs, transformant l'unité hospitalière en un mouroir comme un autre.
Excédée, la population s'en est prise récemment au médecin-chef qui aurait échappé de peu au lynchage. Il a été remplacé depuis lors. Mais la misère hospitalière demeure et le nouveau médecin-chef travaille dans le stress permanent.
A suivre.

LA PLACE HARBI POLLUEE PAR UNE POUBELLE

La principale place commerçante de la capitale, qui porte le nom d'une illustre figure nationaliste Mahamoud Harbi Farah, est tout simplement polluée par la décharge publique qu'elle est devenue. La situation est si grave que de nombreux magasins, qui donnent sur la place, s'apprêtent à fermer. Pour fuir la pollution et ses effets négatifs sur leurs commerces où la clientèle ne vient plus, repoussée par les odeurs et autres détritus infects.
Tout a commencé quand un bac à ordures a été installé par la nouvelle administration du district de Djibouti, qui a cru bien faire. Le bac, peu servi par la Voirie défaillante de la capitale, a vite débordé pour se muer en un véritable océan d'ordures nauséabondes et polluantes au possible.
Alors, à quand une Place Harbi et une capitale propres, Monsieur Chideh ?
A suivre

PK 12 SE PLAINT DE SES CHEFS DE QUARTIER

Le misérable quartier populaire PK 12, rejeté au point kilométrique n° 12,presque sans eau et sans électricité, se plaint de ce que ses chefs de quartier ne sont pas des serviteurs publics. " Ce sont des agents zélés du parti au pouvoir, totalement inconscients des obligations de leur charge, s'indignent les habitants. Ils divisent la population, suscitent des tensions inutiles et subordonnent tout à l'appartenance au RPP. Pour eux, seuls les adhérents du RPP sont citoyens et méritent les services publics. Aussi organisent-ils la discrimination devant tout ce qui s'offre au PK 12 : aide alimentaire et autre, travail, soins médicaux, etc. "
La population se dit si excédée qu'elle s'apprête à descendre dans les rues contre ces chefs de quartier. " Nous sommes à bout de patience ", préviennent les habitants.
Sans commentaire.


------------------------------------------------- Sommaire 'Le Renouveau' ----------------------