LE
RENOUVEAU
N°
364 du Jeudi 22 Juin 2000
ECONOMIE
SOCIALE
LES
BOULANGERS NE DECOLERENT PAS !
Les boulangeries du pays se trouvent confrontées, ainsi que nous
en avons déjà rendu compte, à une situation sans précédent
dans les annales de l'histoire nationale de cette activité éminemment
sociale. Une situation directement liée à la mal-gouvernance
que pratique le régime prédateur au pouvoir sur nos côtes.
Le coût de production des boulangers a en effet augmenté, et
de beaucoup, depuis l'Indépendance. Tous les postes de coût,
que ce soit au niveau des biens d'équipements ou des entrants, ont
évolué à la hausse du fait du mouvement général
des prix mondiaux puisque les biens utilisés pour la fabrication
du pain sont pour l'essentiel importés. Sans compter l'impact de
l'inflation locale et des mesures intempestives et impopulaires que prend
le pouvoir en place, telle que le récente augmentation de 12 FD du
prix du litre de gasoil, ou la hausse de certaines fournitures telles que
l'électricité ou l'eau.
Or, le prix de la baguette de pain n'a pas changé pour tenir compte
de cette hausse généralisée des postes de coût
à la production. Il reste fixé à 20 FD, et pour cause
puisque le pain est un produit pas comme les autres. C'est une denrée
de première nécessité dont la moindre hausse touche
directement les couches les plus déshéritées dans un
pays déjà parmi les plus chers au monde.
Il est clair que ce déséquilibre grandissant entre le prix
de revient et le prix de vente de la baguette affecte les marges des boulangers
et entraîne à terme la faillite des entreprises concernées
qui deviennent non viables.
Pire encore, loin de se pencher sur la situation des boulangeries et de
prendre les mesures correctives qu'elle appelle, le régime fossoyeur
aux affaires a purement et simplement supprimé le seul soutien dont
bénéficiait l'activité, à savoir la farine subventionnée
que leur vendait l'Office National d'Approvisionnement et de Commercialisation
(ONAC). Cet organisme à la mission vitale, créé à
l'Indépendance dans le cadre de la lutte contre la cherté
de la vie en assurant un approvisionnement à bas prix en produits
de première nécessité, allait d'ailleurs connaître
des difficultés dès les années 1990 et y succomber,
victime de la logique de prédation qui préside à la
gestion des affaires publiques sous nos cieux.
Les boulangeries, sans aide aucune, voyaient ainsi leur coût de production
croître davantage et le déséquilibre entre prix de revient
et prix de vente s'aggraver. Abandonnées à leur sort, elles
commençaient à mourir les unes après les autres. Des
pans entiers de l'activité s'effondraient. Bien des noms familiers
aux consommateurs ont disparu à jamais du paysage économique
national. Ainsi des boulangeries du 8 Mai à Ambouli, de la rue Zeila
(Ananoug), Abdillahi Said au Quartier 7 Sud, d'Einguela, Double Coin au
Quartier 7, Cité Poudière, Quartier 1, etc. Celles qui n'ont
pas encore rendu l'âme, agonisent.
Seuls quelques professionnels proches du pouvoir semblent s'en sortir et
s'étendre même, moyennant, selon nos informations, des facilités
douteuses.
Bien entendu, les boulangers ont réagi. Leur syndicat s'est battu,
saisissant les prétendus pouvoirs publics : lire en fin de journal
la lettre datée du 28 mars 2000 du syndicat des boulangers à
Monsieur Ismaël Omar Guelleh. En vain. Au contraire, l'augmentation
de 12 FD du litre de gasoil est venue les frapper comme pour les achever.
C'est alors que, emboîtant le pas aux bus et mini-bus, les boulangeries
ont menacé de faire grève et de priver le pays de pain. Ce
qui a fait peur au pouvoir prédateur de Monsieur Guelleh et leur
a valu une réduction de 47 à 25 FD du prix du kilowattheure
d'énergie électrique consommée, ainsi que et d'autres
promesses de soutien à la production.
Seulement voilà, entre promettre et tenir sa promesse, il y a un
grand pas que le régime se garde de franchir. Sous la pression, plus
exactement sous la menace de la grève, il a vite fait de promettre.
Mais une fois la tension quelque peu retombée, il s'est empressé
d'oublier ses engagements.
En clair, les boulangers attendent toujours la mise en uvre de la
réduction de 47 à 25 FD du kilowattheure et la concrétisation
des autres promesses.
D'où la colère qui les gagne de nouveau. Ils se sentent floués
et rebrandissent la menace de la grève, avec cette fois, semble-t-il,
la ferme intention de la mettre à exécution si leurs revendications
n'aboutissent toujours pas.
A suivre
JUSTICE
QUAND
UNE VICTIME SE PLAINT
L'affaire dont nous
rendons compte aujourd'hui est aussi grave que révélatrice.
Grave parce qu'elle concerne un abus de confiance de la part d'un garage
à l'encontre de l'un de ses clients, en l'occurrence un propriétaire
de bus qui a confié son véhicule pour peinture à refaire
et qui l'a retrouvé dépouillé de pièces mécaniques.
L'affaire est également révélatrice dans la mesure
où le patron de ce garage est, selon le plaignant, un certain Lieutenant
Guelleh appartenant à la police, semble-t-il, et qui aurait abusé
de ce que la victime appelle son pouvoir.
Dans un pays où la déliquescence de l'Etat est avancée
et où le pouvoir d'Etat est personnalisé, dans un pays où
la culture de la prédation des biens publics et même d'autrui
est enracinée dans les sphères gouvernantes, cette affaire
rappelle que personne n'est à l'abri de pareille mésaventure.
Ne sommes-nous pas tous et toutes des victimes en sursis ? Lisez plutôt
ce qui est arrivé à Monsieur Ali Mahamoud Hadi, propriétaire
du bus immatriculé 462 D 24.
Dans une plainte déposée le 8 mars 2000 (lire en fin de journal)
auprès du parquet de Djibouti où elle a été
enregistrée sous le n° 805/00, Monsieur Ali Mahamoud Hadi, ressortissant
djiboutien titulaire de la carte Nationale d'Identité n° 042
541/97, écrit :" J'ai l'honneur de porter à votre connaissance
que mon véhicule bus n° 462 D 24, en stationnement au garage
appartenant au Lieutenant Guelleh pour réparation de peinture a été
dérobé. En effet, mon véhicule qui devait être
réparé seulement à la peinture, a fait l'objet d'une
réparation mécanique. De ce fait, à mon absence, et
sur ordre du Lieutenant, certaines pièces détachées
ont été enlevées, et que le Lieutenant Guelleh utilise
actuellement à des fins personnelles. Il est à noter que je
cours derrière lui depuis trois ans en vue d'une restitution de mes
biens. Il m'a proféré des menaces, et c'est en raison de son
pouvoir. En somme, le Lieutenant Guelleh ne veut plus me restituer. Je suis
victime d'un abus de pouvoir. Je demande que justice soit faite ".
Il a également adressé une lettre de protestation à
l'Etat-Major de la FNP le 23 mars 2000.
Sans commentaire, sinon que nous rappelons que la qualité de fonctionnaire
(ce qu'est le Lieutenant Guelleh) est légalement incompatible avec
l'exercice de toute activité privée à but lucratif.
Espérons que justice soit rendue.
COMMUNICATION
AMIR
ADAWEH ET SES COMPAGNONS LIBERES
Notre confrère
Amir Adaweh (Rédacteur en chef de la République) et ses
six compagnons d'infortune, qui ont été arrêtés
en territoire éthiopien et incarcérés dans des
conditions lamentables en mai 1999, ont été libérés.
Ils ont été relâchés samedi 10 juin 2000
par la gendarmerie djiboutienne à laquelle les autorités
éthiopiennes les avaient livrés, après les avoir
détenus sans jugement à Dire-Dawa puis au Harar.
Amir Adweh a été grièvement blessé à
la jambe gauche par balles réelles durant sa détention.
Blessure qui, très mal soignée, a frôlé la
gangrène. Il en garde de sérieuses séquelles et
a besoin d'être soigné.
Il est épuisé. Ses compagnons aussi.
L'O.D.U ainsi que le PRD se félicitent de cette libération
et appellent la solidarité humanitaire à leur venir en
aide.
CULTURE
CONCERT
DE JACQUES HIGELIN AU CCFAR: UN REGAL
Comme prévu,
Jacques Higelin a fait vibrer la salle de trois cent places du Centre Culturel
Français Arthur Rimbaud l'autre soir du 3 juin 2000.
Abordant des thèmes éminemment universels (la vie, l'amour,
la mort, la foi et l'amitié), à l'instar du Menestrel en d'autres
temps, mais avec des rythmes, des mélodies et des mots autres, Higelin
captive et subjugue. Il le fait d'autant plus fort qu'il sait improviser
et sentir son public.
Dans ce concert du 3 juin, il ne s'est pas contenté de chanter les
morceaux de son nouvel album pour en assurer la promotion, il a repris de
nombreux morceaux de son répertoire sur le mode blues. Laissant bouche
bée nombre de spectateurs parmi lesquels il cherchait à reconnaître
des visages djiboutiens qui, il est vrai, n'étaient pas venus en
grand nombre et qu'il aurait souhaité voir beaucoup plus nombreux.
Il les retiendra d'ailleurs, à la fin du concert, pour un verre amical.
Amitié nouée donc avec Djibouti à qui il a promis de
revenir.
Un vrai régal donc que ce concert de Jacques Higelin, venu presqu'à
l'improviste sous nos cieux puisque c'est le chanteur Renaud qui était
prévu, dans le cadre d'une série de concerts dans l'Est africain
et qui a annulé au dernier moment sa tournée.
Bravo Higelin. A bientôt Jacques.
EN
BREF - EN BREF
PERMIS
DE CONDUIRE : UNE SITUATION ABSURDE
Un groupe de
chauffeurs djiboutiens au chômage se plaint d'un problème
inimaginable il y a quelques années encore. Candidats à
l'embauche pour chauffeurs professionnels de camions poids lourds qu'offre
une société de transport routier aux capitaux soudanais,
ces chômeurs disent avoir demandé à passer l'examen
du permis de conduire Poids Lourds avec remorque. " Après
avoir satisfait à tous les test médicaux, racontent-ils,
nous nous sommes présentés au service concerné
qui, à notre grande surprise, nous a demandé de louer
à nos frais un véhicule d'examen au Transit Roux si nous
tenions à subir nos épreuves ".
Consternation parmi ces chômeurs. Où peuvent-ils trouver
l'argent nécessaire à la location ? A quoi sert le service
des mines s'il ne peut même pas faire passer le permis de conduire
? Comment donc... ? Pourquoi Ciel... ?
A suivre.
DETRESSE
A L'HOPITAL " ITALIEN "
" Il n'y
a plus rien à l'hôpital " italien " ! ",
lâchent les Balbalois qui ont longtemps été assistés
dans leur détresse par cette structure médico-sociale
née de la Coopération italienne.
Pendant longtemps, en effet, cet hôpital situé au Quartier
Tranche 3 de Balbala a fonctionné à merveille à
la satisfaction des modestes habitants de Balbala. Aussi longtemps que
la Coopération italienne, qui y avait dépêché
une équipe médicale, le gérait. A l'époque,
les médicaments abondaient et les départements essentiels
marchaient bien.
Les difficultés ont débuté avec le passage de l'hôpital
au secteur public, c'est-à-dire avec la rétrocession à
l'Etat de Djibouti. Aussitôt, la mal-gouvernance a produit ses
effets fossoyeurs, transformant l'unité hospitalière en
un mouroir comme un autre.
Excédée, la population s'en est prise récemment
au médecin-chef qui aurait échappé de peu au lynchage.
Il a été remplacé depuis lors. Mais la misère
hospitalière demeure et le nouveau médecin-chef travaille
dans le stress permanent.
A suivre.
LA
PLACE HARBI POLLUEE PAR UNE POUBELLE
La principale
place commerçante de la capitale, qui porte le nom d'une illustre
figure nationaliste Mahamoud Harbi Farah, est tout simplement polluée
par la décharge publique qu'elle est devenue. La situation est
si grave que de nombreux magasins, qui donnent sur la place, s'apprêtent
à fermer. Pour fuir la pollution et ses effets négatifs
sur leurs commerces où la clientèle ne vient plus, repoussée
par les odeurs et autres détritus infects.
Tout a commencé quand un bac à ordures a été
installé par la nouvelle administration du district de Djibouti,
qui a cru bien faire. Le bac, peu servi par la Voirie défaillante
de la capitale, a vite débordé pour se muer en un véritable
océan d'ordures nauséabondes et polluantes au possible.
Alors, à quand une Place Harbi et une capitale propres, Monsieur
Chideh ?
A suivre
PK
12 SE PLAINT DE SES CHEFS DE QUARTIER
Le misérable
quartier populaire PK 12, rejeté au point kilométrique n°
12,presque sans eau et sans électricité, se plaint de ce que
ses chefs de quartier ne sont pas des serviteurs publics. " Ce sont
des agents zélés du parti au pouvoir, totalement inconscients
des obligations de leur charge, s'indignent les habitants. Ils divisent
la population, suscitent des tensions inutiles et subordonnent tout à
l'appartenance au RPP. Pour eux, seuls les adhérents du RPP sont
citoyens et méritent les services publics. Aussi organisent-ils la
discrimination devant tout ce qui s'offre au PK 12 : aide alimentaire et
autre, travail, soins médicaux, etc. "
La population se dit si excédée qu'elle s'apprête à
descendre dans les rues contre ces chefs de quartier. " Nous sommes
à bout de patience ", préviennent les habitants.
Sans commentaire.
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